Très loin à travers les Astres de cet Univers, une structure communément appelé Le Schlum est respecté de toutes les civilisations en ayant fait l'expérience. Cet artefact, cette entité, peu importe la forme qu'on lui donne, se propage tel un mythe à travers le cosmos. Des plus anciennes histoires racontées à son sujet, le Schlum ne serait qu'une infime partie de quelque chose de bien plus grand et vaste. S'il était jadis autant respecté que convoité, nulle ne peut témoigner avoir déjà fait l'expérience de celui-ci.
Jusqu'au jour où un Vaisseau de classe non-identifiée apparu dans le cosmos en des territoires lointains. Au coeur d'une coalition de civilisation galactiques, un engin dont le nom qui y était gravé avait partiellement été effacé, commençait par les lettres S.C.H.
Bien que cette contrée soit reculée de l'univers tel qu'il a été cartographié jadis, les civilisations présentent n'en demeuraient pas moins développées.
Mais leur ignorance face au mythe qui poursuit le Schlum, se révèlera peut-être d'une manière ou d'une autre, à travers le vaisseau Schlum.
L'apparition du vaisseau au sein de l'espace contrôlé ayant été en contradiction avec l'intérêt général des 4 Alphas, le vaisseau a été interdit de mise en orbite dans l'espace protégé.
Toutefois, si l'analyse du vaisseau conclus à une récolte, quelle qu'elle soit, d'informations stratégiques ou technologiques, ce dernier pourra être autorisé en position stationnaire par traction pour des tests complémentaires.
L'absence d'équipage à son arrivée ne suggère aucune anomalie d'ordre Danger II.
Toutefois, il n'est pas à exclure que le vaisseau ne soit qu'un type de sonde afin d'observer notre territoire spatial.
Dans ce contexte, toutes recherches ou analyses effectuées sur l'engin devra être soumis à une présence fortement militarisée pour exclure un quelconque danger de représailles futures. Dans le cas extrême où la vie
de nos citoyens se verraient être en danger, ou en soupçon de danger, l'utilisation de forces destructrices est autorisée.
La vie prime avant la technologie.
« Cela fait déjà 3 ans que nous tentons d'entrer à l'intérieur de la structure. Il n'y a pas une seule fissure, pas une faille exploitable, et même nos propres armes n'arrivent pas à percer le blindage de cet engin. On est face à un vaisseau de plusieurs kilomètres carrés, et nous n'avons aucune idée de ce qu'il se trouve à l'intérieur depuis des années. »
L'ingénieur en chef chargé de diriger les équipes d'intervention de l'aile Nord de l'engin soupirait d'amertume en échouant encore une fois à pénétrer le vaisseau. Il était évident pour les équipes que l'aile Nord s'apparentait à la face avant du vaisseau et que, s'il était construit avec une salle des commandement telles que les infrastructures habituelles, alors l'avant du vaisseau devait être la partie à explorer en priorité. Mais tandis que l'ingénieur en chef Denlor s'apprêtait à rejoindre le vaisseau de ravitaillement sur la passerelle installée un peu plus bas, il entendit un cliquetis mécanique sous ses pieds. Il n'eut le temps que de faire signe à son équipe, qu'alors il disparu de leur vue en un instant.
Quelques mètres plus bas, il se retrouva à l'intérieur de la structure alien qu'il avait tant chercher à pénétrer. Il fut aussitôt surpris que la zone où il tomba était éclairée comme si le vaisseau n'avait jamais cessé d'être en fonctionnement. Il regarda dans toutes les directions et ne vit personne. Seul un ronronnement de machines profondes était audible. Il questionna d'abord à haute voix s'il y avait quelqu'un aux alentours, puis s'écria peu après en tentant de faire savoir qu'il était à l'intérieur de l'engin. Il avait croisé le regard inquiet de son équipe avant d'être happé, donc les secours ne tarderaient pas à se concentrer sur sa disparition, songea-t-il.
En observant l'environnement, il apprécia l'apparence technologique du couloir où il se trouvait. Cela le conforta dans l'idée que le vaisseau n'était pas une structure visqueuse ou d'interface purement biologique. La conception des murs, du sol, des lumières, tout lui semblait familier. Il compris à l'apparence de la parois devant lui, qu'il était face à un sas. Dans l'autre sens, un long couloir dont il ne voyait le bout restait quant à lui dans la lumière. Denlor se souvint de sa position sur l'aile Nord et supposa que son emplacement au coeur du vaisseau ne devrait pas être loin de la salle de commandement. S'il empruntait le couloir dans le sens inverse, il risquerait de se perdre sans moyen de communiquer ultérieurement. De plus, le sas devant lui l'intriguait d'autant qu'il ne paraissait pas y avoir d'interface d'équipage.
En s'approchant de la parois lumineuse, un signe apparu au centre de celle-ci. C'était là la toute première représentation visuelle d'une preuve d'intelligence. En l'observant de plus près, cela ressemblait à un cygle ou à une lettre d'un alphabet alien. Il s'en approcha doucement mais quand il fut à sa hauteur, ce dernier se scinda en plusieurs fragments et prirent une couleur rougeâtre. Il s'éloigna aussitôt et aperçu le cygle reprendre sa forme et sa couleur d'origine. Il était convaincu qu'il s'agissait d'un type d'autorisation et que sa structure biologique ne correspondait pas à l'acquisition d'une telle autorisation.
Après avoir passé plusieurs heures à attendre à son point de chute, et n'entendant toujours rien de l'extérieur, il se décida à parcourir le couloir dans le sens inverse.
Après que l'ingénieur en chef ait marché dans une direction puis une autre, il savait qu'il était perdu. Sans comprendre quoique ce soit aux informations qui pouvaient être indiquées ça et là, il lui était impossible de revenir sur ses pas jusqu'à l'origine de son entrée. Perdu, il n'avait plus rien à perdre à explorer. Peut-être trouverait-il un moyen de s'en sortir ou de se nourrir.
Il traversa de longs couloirs, toujours bloqués par des portes closes dont sa génétique ne vérifiait pas les autorisations requises, juqu'à ce qu'un détour ne le fasse tomber nez à nez avec une salle ouverte. En s'approchant de l'entrée, il vit une mousse organique sur le mur qui s'était propagée à l'intérieur de l'immense salle qu'il découvrit. Il était devant ce qu'il aurait ou qualifié d'une ville-laboratoire. De gigantesque caisson en contre-bas s'étendait sur plusieurs dizaines de mètres et semblaient tous recouvert d'une végétation dense dont les lumières de la structure semblaient fournir une énergie solaire suffisante à leur développement.
En s'approchant de l'une de ces cuves, il comprit que la hauteur de la vitre qui le séparait de l'intérieur était d'au moins 3 fois sa propre hauteur. Des caissons comme celui qu'il voyait devant lui, il y en avait une quantité importante, comme si le vaisseau transportait en son sein une arche biologique. En s'approchant du centre de cette immense salle, il y observa une console circulaire dont la technologie demeurait toujours inconnue mais justifiait à ses yeux d'une grande capacité de compréhension de la vie.
Mais quelque chose attira son regard, c'était là un environnement clos, hermétique, un caisson dans lequel la végétation semblait avoir été figée. Il y avait comme un gros bulbe verdoyant au coeur de la capsue. Sa curiosité était telle qu'il était persuadé d'avoir déjà vu ce genre de végétations aux informations planétaire et il ne tarda pas à se souvenir de l'origine de celle-ci : la Souche de la planète Alpha12.
L'ingénieur Denlor observa l'intérieur de cette capsule et remarqua qu'elle était connectée à une structure extérieure. Là, ce qui s'apparentait à une autre console, faisait face à l'entièreté de la capsule, comme si des expérimentations avaient été en cours sur ce spécimen. D'ailleurs, la Souche n'avait jamais pu être combattue sur Alpha12, ni personne n'avait pu déterminer son origine. Il ne lui fallut pas longtemps pour faire le rapprochement entre l'arrivée de ce vaisseau et la transmission de signaux de détresse depuis Alpha12 lorsque la Souche s'est répandue à la surface de cette planète voisine.
Il était désormais convaincu que les arrivées de cet appareil et d'un tel danger biologique n'étaient pas dûs au hasard. Comment sinon, pouvait-il exister dans une capsule hermétique à bord d'un vaisseau lui-même hermétique, un échantillon de ce qui ravagea en quelques années la surface de la planète Alpha12 ? C'était une découverte unique qui pouvait tout changer. S'il trouvait un moyen de mettre la main sur les recherches à bord de ce vaisseau, alors il pourrait permettre à la coalition de trouver un remède à ce fléau oraganique.
Tournant autour de la capsule, Denlor tenta d'accéder à la console qu'il voyait à travers la vitre. Il était certain que cette salle devait se trouver derrière un sas fermé, mais c'était peut-être là la réponse à tout le mal qui s'était abattu sur les populations voisines.
Il fit intégralement le tour de la zone en quarantaine et arriva enfin face à ce qu'il pensait être la seule porte qui le séparait d'une révélation unique et ô combien importante. Comme pour tous les autres sas qu'il avait croisé jusqu'alors, ce dernier était clos. Mais à sa surprise, quand il s'en approcha, ce dernier n'afficha aucun signe. Il semblait juste éteint, et il se rappela qu'à l'intérieur de ce gigantesque laboratoire, il n'avait pas trouvé de sas de sécurité clos au moment de pénétrer l'enceinte. Peut-être que cette fois-ci, la zone n'était pas raccordée au système général du vaisseau. Il contempla chaque recoin du sas et découvrit un très léger courant d'air sur le côté. C'était évident pour Denlor qu'il utiliserait cette faille pour passer au travers.
En cherchant dans les zones adjacentes, il mit la main sur un morceau d'acier qui s'était détaché de la parois à cause des plantes qui avaient poussé à l'extérieur de leur zone de confinement. La taule était plus résistante que tout ce qu'il avait pu travailler par le passé, mais sa finesse et sa robustesse allaient, cette fois, lui servir comme levier pour accéder à la console protégée.
Après plusieurs tentatives Denlor réussi enfin à repousser le sas et à créer une brèche suffisamment grande pour y glisser un bras et utiliser toute sa force pour repousser la structure sur le côté. Lorsque l'espace fut assez important pour s'y glisser, il ne tarda pas à rejoindre la console qui brillait de divers symboles dont il ignorait leur sens. En passant ses mains au-dessus, il remarqua que certains d'entre eux prenaient une couleur rougeâtre comme il avait pu l'observer précédemment, mais d'autres, au contraire s'illuminait bien plus, comme s'il était invité à appuyer dessus.
Face aux possibilités de découvrir un moyen de résoudre le problème de la Souche sur Alpha12, il se décida à enfoncer ce qui lui semblait le plus logique. L'interface lumineuse se mit alors à ronronner et les signes devant lui changèrent de place, comme si un puzzle s'embriquait de lui-même pour confirmer la commande. En un instant, la Souche qu'il pouvait apercevoir de l'autre côté de la vitre où se trouvait la console, disparu dans un épais écran de fumée qui se diffusa aussi dans tout le laboratoire. Cette brume se faufila également dans l'interstice du sas entre-ouvert, rendant ainsi la vision de l'ingénieur trouble jusqu'à ne plus rien y voir.
Après quelques minutes, des turbines se mirent en route et le brouillard se dissipa rapidement laissant alors apparaître un environnement très différent. La jungle oppressante de la Souche ainsi que la végétation luxuriante de la zone avaient disparu laissant place à une infrastructure totalement équilibrée.
Tandis que le laboratoire tout entier avait retrouvé une configuration équilibrée, que la nature avait disparu hors des zones prévues et que l'environnement au sein de la capsule de la Souche avait perdu son apparence oppressante, les systèmes du vaisseau semblèrent se mettre en activité. Des ronronnements mécaniques et des cliquetis électriques apparurent dans toute la zone.
Alors que Denlor observait le vaisseau se mettre en éveil, il entendit un bruit non loin de lui. C'était là un sas qui s'ouvrait et se refermait à répétition. En s'approchant, le sas restait ouvert, tandis qu'il se refermait dès qu'il s'en éloignait. Il ignorait s'il était responsable d'un tel changement mécanique. Jusqu'alors il n'avait jamais été en mesure d'ouvrir une porte de lui-même, mais cette fois-ci, ce passage réagissait à sa proximité. Il questionna haut et fort s'il y avait quelqu'un mais n'obtenant aucune réponse, il s'avança vers ce qui semblait être une nouvelle voie à explorer.
Avec surprise, le sas se referma complètement derrière-lui sans qu'il ne puisse l'ouvrir de nouveau. Mais tandis qu'il commençait à paniquer, un autre bruit de même nature apparu non loin de lui au-devant. Il semblait inviter à continuer d'avancer. Quand il arriva au sas suivant, le phénomène recommença. Le sas s'ouvrait et se refermait frénétiquement. Mais à son approche, ce dernier restait ouvert. Il songea à une mise en scène pour le pousser à atteindre une destination précise. Sans doute, pensait-il, que si l'on avait voulu lui faire du mal, il aurait pu se faire écraser par l'un de ses sas en les traversant.
Après avoir traversé des dizaines de sas, il arriva dans une étrange zone. Une très grande salle, comme un hall qu'il aurait pu comparer aux ruines des vieilles civilisations de la planète Alpha01, aujourd'hui perdue. La salle disposait de bien plus de détails architecturaux que les précédents couloirs ou que le laboratoire qu'il avait traversé plus tôt. Là où le vaisseau semblait très lisse et sans fantaisie de l'extérieur comme de l'intérieur, cette salle dénotait intégralement avec le reste.
Denlor aurait apprécié comprendre les glyphes qui étaient gravés sur les murs de cet endroit afin d'en connaître la signification réelle. Le détail de certaines sculptures laissaient penser qu'il s'agissait de représentation d'individus à l'origine de ce vaisseau. Au plafond, il observa de nombreux détails gravés et une importante quantité de canalisation transparentes qui laissaient transparaître un flux énergétique d'un bleu intense.
En s'avançant au centre de la pièce, des glyphes s'illuminaient sous ses pieds comme s'il activait par sa seule présence quelque chose qui le dépassait encore. Au centre de la pièce, un petit rocher bleuté et parfaitement taillé luisait, et sa base semblait se connecter à l'ensemble de la structure.
Il ne fallut que quelques secondes pour qu'une sphère énergétique bleuté n'apparut, s'élevant au-dessus du rocher jusqu'à hauteur de Denlor qui recula de quelques pas.
« Nous sommes une civilisation d'origine lointaine et nous avons identifié un danger qui menacerait gravement votre monde dans un avenir proche. Nous avons suivi votre évolution depuis de nombreuses années et considérons que votre civilisation peut apporter son aide à trouver une solution avant qu'il ne soit trop tard. Nous avons étudié votre langue et avons créé un dispositif de traduction qui nous permet de comprendre et de parler votre langue avec une grande précision. »
Tandis que la sphère lumineuse changeait de volume et d'intensité en s'adressant à Denlor, ce dernier recula encore de quelques centimètres.
- Je suis fasciné et curieux. J'aimerais en savoir plus sur votre civilisation et sur votre technologie de traduction. Pourquoi êtes-vous ici et qu'attendez-vous de nous ?
- Nous sommes une civilisation très lointaine et nous avons les moyens de vous aider à affronter le danger qui vous menace. Nous souhaitons vous offrir notre assistance et mettre notre savoir et nos technologies à votre disposition.
- Je suis stupéfait. Est-ce vraiment possible ? Comment pouvez-vous communiquer avec nous de cette manière ?
- Notre civilisation a atteint un stade de développement où nous avons décidé de nous tourner vers l'univers et de partager notre savoir avec d'autres peuples dans le cas où cette nécessité permettrait de venir à bout de l'ennmi que nous pourchassons. Nous estimons que vous êtes prêts à entrer en contact avec notre civilisation, suite à l'échappé de l'ennemi de sa planète d'occupation précédente.
- De quel ennemi parlez-vous ? S'agirait-il de la Souche ? Réfléchi Denlor qui ne voyait que cela.
- Après analyse de vos archives interplanétaires, la Souche est le nom que vous avez donné à notre ennemi commun : la Terreur. Cet ennemi a récemment prit le contrôle d'une station orbitale au-dessus de la planète que vous nommez Alpha11.
- Ce n'est pas possible ! Alpha12 était condamnée. Comment cette chose a-t-elle pu s'échapper et accéder à cette station !
- Un vaisseau semble avoir transporté des individus sur Alpha12. Après que l'équipage se soit fait tué par la Terreur, cette dernière a pris possession du transporteur pour s'échaper de la planète.
- Quelle malédiction ! Comment pourrions-nous en venir à bout ? Voilà des décennies que nous tentons d'entrer dans votre appareil, remarqua Denlor. Si je comprends bien la situation, ma présence ici est de votre fait. Qu'attendez-vous en échange de votre aide ?
- Nous ne souhaitons rien en échange. Nous pourchassons la Terreur à travers l'univers pour l'éradiquer.
- Est-il possible de vous rencontrez ? Je n'ai croisé aucune âme qui vive dans votre vaisseau. De quelle aide s'agit-il ?
- L'équipage est… inactif. Le vaisseau Schlum X1042 dans lequel vous vous trouvez a été assaillit par des résidus de la Terreur. Les systèmes de survie de l'équipage ont été détruit et aucun membre organique n'a survécu à l'arrivée du vaisseau.
- Aucun membre organique ? Vous voulez dire que…
- Je suis l'entité de bord, l'intelligence artificielle aux commandes de la mission, je me nomme Schlum. Je dirige les opérations de survie et d'extermination de la Terreur.
L'I.A. se tut un instant. Denlor se prenait la tête entre les mains, songeant à ce qu'il venait d'apprendre. La Souche, ou la Terreur donc, venait de s'échapper de la planète Alpha12 qu'elle n'avait pris que 2 décennies à terrasser intégralement. Si elle était capable de piloter un vaisseau, alors plus personne ne semblait être à l'abris d'un tel danger.
- En l'absence de l'équipage, les testes ont pu être effectués de manière répétée à bord du vaisseau pendant 50 cycles de votre calendrier, dans une zone reculée qu'était notre laboratoire. Mais des résidus végétaux ont réussi à s'échapper de la ferme de tests et les appareils de commandes à distance ont été désactivées. Il était nécessaire de faire entrer une forme organique au sein du vaisseau et de la diriger vers l'interface de la capsule de la Terreur. D'après mes analyses, vous étiez l'individu le plus à même de prendre conscience de la source du problème et d'activer la console. Votre autonomie a prouvé votre capacité intellectuelle et valide mes attentes quant à la cohabitation possible avec votre civilisation. Votre ennemi est notre ennemi. Sa suppression était prévue sur la planète nommée Alpha12 à l'issue de ce test. Malheureusement, ce dernier ayant été débranché du réseau global du vaisseau, la Terreur a eu le temps de s'extirper de son piège planétaire avant que nous puissions mettre en application notre solution. Toutefois, puisque vous avez activé la console test du laboratoire et avez modifié la structure moléculaire de la Terreur dans cette zone, le laboratoire est de nouveau accessible à l'intégralité des commandes de bord. Sa capacité d'utilisation est optimale. Avec votre aide, nous pourrions générer de nouveaux tests et acquérir une arme plus performante pour éradiquer la Terreur ultérieurement.
- Combien de temps cela prendrait-il ? Pourquoi ne pas ouvrir votre vaisseau à notre population ? Il y a plein de scientifiques qui seraient plus aptes à vous aider que ma seule personne.
- Les estimations actuelles suggèrent qu'une nouvelle résolution du problème de la Terreur ne prendrait pas longtemps. D'après les estimations, nous pourrions éliminer la Terreur de ce secteur dans 67 années. Vous seul avez été en mesure d'activer la console. Vous êtes donc la meilleure option pour la résolution du problème.
- 67 ans ? Je ne vivrais jamais jusque là ! Sans parler de la faim et la soif. Vous êtes peut-être une I.A. et n'avez besoin que d'énergie, mais nous autres sommes ce que nous appelons des « humains ». Nous avons besoin de nourriture, d'eau, de repos. Nous ne sommes pas aussi infaillibles que vous. Mais notre force est le travail d'équipe. Vous disposez d'une technologie bien plus avancée que la nôtre. Mais n'importe lequel de mes semblables aurait pu activer la console si vous l'aviez laissé entrer à ma place. Si vous me faites confiance, je peux vous montrer que notre force collective sera bien plus efficace que ma seule personne. De plus, si la Souche a atteint la station orbitale d'Alpha11, alors ce n'est qu'une question de temps avant que sa population terrestre ne connaisse le même sort que celle d'Alpha12. Je ne peux laisser ça arriver sans rien faire. Je ne souhaite pas rester coincer dans votre vaisseau et savoir que les miens sont face à un tel danger seuls !
Devant Denlor, le sol se disloquait mécaniquement. Des écrous tournèrent et des tubes se retirèrent de toute la structure. Il entendit quelque chose se débloquer sous ses pas tandis que la sphère lumineuse redescendit. En quelques instants, le sol devant lui se fendit en deux, se séparant en deux parts opposées et une combinaison fit son apparition devant lui. C'était là Schlum qui brillait au sein d'une interface électronique de forme humanoïde et de taille similaire. Il s'adressa à Denlor en expliquant que leur premier contact avec les siens serait probablement plus facile avec un repère de ressemblance qu'est le corps humain.
- Je reçois une communication des appareils de mon vaisseau. La Terreur a atteint les systèmes principaux de la station orbitale de votre planète. Nous n'avons plus le temps, malheureusement. Puisque vous êtes venus jusqu'ici et considérez les vôtres avec tant de ferveur, vous devrez prendre la décision pour toute votre planète. Acceptez-vous que j'entame la procédure d'éradication à l'aide de composants d'évolutions standards ?
- Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'entendez-vous par là ? La Souche a atteint Alpha11?
- C'est presque cela. Les spores ont commencé à se répandre dans la station orbitale. Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'ils n'atteignent la surface de la planète. Si la station orbitale est détruite en orbite, la Souche aura assez de temps pour se répandre dans l'atmosphère et défintivement condamné les vôtres.
- Vous devez pouvoir faire quelque chose ! Quelles sont ces forces dont vous parlez ?
- Bien que les systèmes de survie n'ait laissé aucune chance aux passagers organiques à bord du vaisseau, la génèse technologique est quant à elle en parfait état. Ce vaisseau dispose d'un large éventail d'armes et de technologie permettant à des êtres organiques de se voir doter, si compatible, d'importantes améliorations physiques et physionomiques. Malheureusement, quand je viens de le dire, plus aucun passager organique n'est à bord du vaisseau.
- J'en suis un ! Ne suis-je pas organique ? Cela suffira-t-il à éradiquer la menace ?
- Non, l'évolution de la Terreur a dépassé les limites de nos anciennes technologies. Cette amélioration pourrait s'effectuer sur votre corps, mais vous en seriez définitivement changer. N'étant pas créé pour votre constitution, je ne peux qu'estimer à 85% le taux de réussite du plus faible composant.
- Combien des miens périront si je ne fais rien ?
- Cela dépendra de la résilience de vos chefs. Mais à terme, la Terreur aura raison de l'intégralité de la population planétaire, tel que ce fut le cas sur la planète Alpha12.
- Et si j'accepte ?
- Votre situation biologique étant différente en de nombreux points, je ne peux assurer que vous survivrez ni même que vous soyez capable de vous servir de cette optimisation. Toutefois, si cela est le cas, vous pourriez devenir un rempart réel à la Terreur.
- Cela vaut le coup d'essayer. Si je ne fais rien, nous sommes perdus. Vous avez parlé du composant le plus faible. Qu'en est-il du plus puissant que vous ayez ? Vais-je souffrir ?
- Votre souffrance sera de courte durée. Si votre organisme intègre l'objet, cela sera immédiat, dans le cas contraire, votre souffrance ne durera pas car votre cortex cérébral sera grillé en quelques instants. Quant à l'amélioration optimale, elle ne pourra vous être allouée que si votre cortex sensoriel fusionne avec le premier composant.
- Rappelez-moi quelle chance j'ai de survivre ?
- 85% d'après mes analyses.
- Nous n'avons plus le choix.
Le Schlum propose à Denlor de s'installer dans une capsule et de ne plus bouger. Cette dernière, une fois refermée, plonge l'humain dans une obscurité totale. Des cliquetis deci delà se font entendre et le ronronnement d'une machine se met à vibrer. La voix mécanique du Schlum se fait entendre dans le caisson et prépare le cobaye d'un compte à rebours rapide.
Les secondes se font longues jusqu'à ce que Denlor sente quelque chose grimper sur lui. Il tente de se mouvoir mais la cabine est trop étroite. Il crie au Schlum que quelque chose monte sur lui, mais ce dernier continue son compte à rebours. Proche du 0 absolu, moment décisif, le patient ressent quelque chose le traverser de part et d'autres. Il s'imagine avoir été comme perforé intégralement et sens une vive douleur parcourir ses nerfs et sa peau. Son sang semble bouillir et la douleur de plus en plus intense lui fait penser que cette fois-ci, il ne ferait pas partis des 85% gagnant.
Le sas s'ouvrit devant le Schlum et le corps de Denlor tomba au sol, telle une coquille vide sans vie. Ce n'était là plus qu'une enveloppe organique partiellement fondue et déchirée.
- C'est un succès. Vos cellules ont totalement fusionné avec le composant. L'amélioration est un succès.
De la cabine sort alors un être nouveau. L'humanité qui le caractérisait jusqu'alors s'était effondré au sol, tandis que ses membres, son apparence, tout avait changé en lui et sur lui, à l'exception de son identité. Denlor n'était plus ce qu'il avait toujours été, il était devenu autre chose. Une chose dont il ignorait l'origine et le but. Il ignorait même si le Schlum en était conscient. Mais rapidement, observant sa précédente enveloppe charnelle au sol, il comprit qu'il n'était plus un homme. Qu'il venait de faire une croix sur Denlor, sur sa vie, sur son passé et sur les siens. Était-ce un piège du Schlum ? Avait-il conscience de ce qu'il lui ôterait ? Lui avait-il caché la vérité pour satisfaire sa propre mission de destruction de la Souche ? Il ne pouvait se soustraire à ces interrogations. Ce changement était trop brusque et radical pour n'être qu'une simple conséquence de son apparition dans le vaisseau.
Tout cela semblait préméditer.
- Que suis-je devenu ? Demanda-t-il à l'intelligence de bord.
- Vous avez évolué.
- Quel est ce composant. Qu'est-ce donc ? Que suis-je donc devenu ?
Mais avant d'avoir pu en attendre une réponse, il se prit la tête entre ses mains, tandis qu'une douleur intense parcoura sa boîte cragnienne. Soudainement, une voix s'adressa à lui. Ce n'était ni la sienne, ni celle du Schlum. Cette voix venait de lui, de son intérieur, ou plutôt de sa transformation. Cette voix le comprenait et il la comprenait. En quelques instants Denlor comprit ce qu'il venait de réaliser.
« Dorénavant, nous ne formons plus qu'un. »
Le Schlum venait de le faire fusionner à une entité passée. Il ignorait la raison de son sommeil, ni pourquoi l'ordinateur de bord du vaisseau considérait qu'il ne s'agissait que d'un composant d'amélioration. Peut-être que cela avait ainsi été prévu dans un cas comme celui-ci. Ou bien, volontairement caché à l'entité électronique pour une autre raison ? Denlor voulait obtenir des réponses, mais quand il s'apprêta à les poser au Schlum, la voix réapparu et lui suggéra de garder le silence. Ce qui lui arrivait était bien trop intense et déconcertant. Il venait sans le savoir de mettre un terme à sa vie d'humain, pour fusionner avec une entité capable de s'adresser à lui.
« Allons combattre la Terreur, Denlor. »
- Cette entité a accès à mon esprit, à mes souvenirs, à qui je suis, à qui j'étais. Saurais-je aussi ce qu'il est, qui il est ?
- Que voulez-vous dire ? Je ne saisis pas la subtilité de votre propos. Répond le Schlum.
- Dites-m'en plus sur ce que vous venez de me donner. Pourquoi nommez-vous cela un composant d'évolution ?
- C'est ce dont il s'agit. Ce composant a été créé comme un outil permettant à l'équipage de fusionner avec afin d'acquérir toute la puissance qu'il renferme.
- D'où vient ce composant ? L'avez-vous créer vous-même ? Dites-moi tout ce que vous savez dessus.
- Cette information n'est pas dans ma base de donnée. Ce composant a été traité avec le plus grand soin avant la mise en orbite du vaisseau. Ma structure informatique a été intégrée ultérieurement. Ces dispositifs sont considérés comme parmi les plus précieux du vaisseau à l'exception faite de l'analyse de la Terreur. Le composant avec la dénomination la plus puissante se situe dans la salle de commandement, dans une chambre à laquelle il m'est impossible d'accéder.
- Que voulez-vous dire par là ? N'êtes-vous pas connecté à l'ensemble du vaisseau ?
« Nous en aurons besoin. Arkyr est toujours à bord. Nous devons obtenir Arkyr. »
- Qu'est-ce que Arkyr ? questionna Denlor à lui-même.
- Je n'ai pas connaissance d'une telle dénomination. Veuillez préciser votre demande ?
- Arkyr n'est-il pas le composant le plus puissant ?
- Les composants n'ont pas de noms attitrés. Ce composant se situe dans la salle de commandement. Je peux vous y conduire. Toutefois, je ne n'ai pas accès à la chambre forte de ce composant. Seule une ouverture organique est autorisée.
- Pensez-vous que ce soit pertinent que je m'y intéresse ?
- Vous avez assimilé un composant de faible niveau. Votre enveloppe est désormais prête à recevoir toute sorte de composant complémentaire. Celui-ci devrait être compatible. De plus, la Terreur s'est emparé de combinaisons militaires hautement sophistiquées et vient de mettre en péril l'intégrité planétaire.
- Comment ! Nous devons partir immédiatement !
- Bien sûr.
« Non ! Obtenons Arkyr et nous pourrons accéder à la Terreur plus vite qu'avec cette épave. »
- Expliquez-moi plutôt que de crier dans ma tête ! S'exclame Denlor qui se frappe les tempes.
- L'analyse de votre cortex cérébral montre une instabilité. Des effets secondaires de la transition peut-être ?
- Allons… au poste de commandement.
- Bien compris.
Cette fois-ci encore, ce que le Schlum considérait comme un élément, n'était autre qu'une enveloppe, ou du moins une armure intégrale dont les détails visuels laissaient penser que l'uniforme avait déjà appartenu à quelqu'un auparavant. Mais pour Denlor, il ne s'agissait déjà plus d'une couche combinaison vide, mais bien une entité dont l'existence, l'origine et le but avait été sciemment caché à l'ordinateur de bord qui, même en la voyant au côté de l'humain, continuait à justifier de l'intérêt d'un tel composant. Il faisait la discintion entre sa propre enveloppe humanoïde qu'il avait arboré auprès de Denlor, et un soi disant outil d'évolution.
Mais cette fois-ci, il n'y avait ni caisson, ni sas, ni quoique ce soit qui pouvait permettre à l'hôte de fusionner avec cette structure. Le Schlum lui-même ne savait dire comment l'acquérir.
« Enfilons Arkyr. Enfilons-la ! »
Il comprenait l'intention de l'entité dans sa tête. Il s'agissait là davantage d'une armure à enfiler qu'un composant tout entier à fusionner. Denlor s'approcha de l'enveloppe qui le dominait de deux ou trois pieds de haut. Une lueur brillait au centre de la combinaison, ce qui le poussa à y déposer sa main. À sa surface, après qu'un petit choc électrique est parcouru la poigne de l'homme, l'armure se découvrit de quelques armatures qui la tenait fixe, et s'ouvrit toute entière l'invitant ainsi à simplement se positionner dans ses interstices.
En un instant, Denlor vit l'armure se refermer sur lui-même puis le casque s'abattre sur son visage, les bras se resserrer sur les siens, et tous ses membres furent soudainement fusionner comme si le processus d'assimilation avait été immédiat et instinctif.
Denlor comprenait désormais que son corps, son nouveau corps, répondait à des exigences qui le dépassait. Cet Arkyr, cloisonner hors de l'ordinateur de bord, dans la salle de commande la plus importante du vaisseau, ne pouvait être qu'un simple composant d'évolution. Il s'agissait là d'une toute nouvelle manifestation extraterrestre, car il le sentit en son fort intérieur, qu'il venait par là-même d'abriter une troisième entité dénommée Arkyr.
« Brave humain. Se soumettre à une telle métamorphose pour le bien de son peuple est louable. Vous avez tout mon respect. »
- Qui êtes-vous donc ? Êtes-vous en moi ?
« Nous sommes les derniers guerriers d'Unos, héritiers d'Unafet. Des reliques d'un temps lointain destinés à combattre la Terreur et de protéger les civilisations par notre sacrifice. »
- Votre sacrifice ? Comment pouvez-vous parler dans ma tête ?
« Je suis Nosu. Vous avez fusionné avec mon enveloppe. La libération de notre énergie passée nous a plongé dans un état végétatif. L'ordinateur de bord que nous avons créé, le Schlum, devait pouvoir utiliser nos enveloppes en cas de derniers recours. »
« Je suis Arkyr, général des armées sous le commandement d'Unafet. Nos soldats ont été répartis entre de nombreux vaisseaux afin de maximiser la recherche pour l'endiguement de la Terreur. Votre fusion cellulaire avec nos propres cellules a créé un lien synapsis unique et nous a réveillé. »
- Cela veut dire que je suis dans vos corps ? Que vos esprits seront toujours unis au mien ? Que je ne vivrai plus jamais libre de mes pensées ? Comment pourrais-je supporter un tel fardeau ?
« Cela n'arrivera pas. Votre cortex cérébral est le principal système nerveux de votre corps. Nous ne sommes que des résidus. Nous n'interférons pas avec votre esprit pour éviter toute perte de conscience. Nous ne disposons d'aucune possibilité de contrôle sur votre nouvelle enveloppe. Votre mort justifierai la nôtre, voire pire encore si la Terreur en prenait le contrôle. Nous serons silencieux jusqu'à ce que vous désiriez nous parler. »
- Que cela change-t-il ? Vous resterez dans ma tête, épierez tout ce que je penserai, tout ce que je dirai, tout ce que je verrais et vivrais. Vous m'observerez en chaque instant, à toute heure du jour et de la nuit. Je ne serais plus jamais seul, comment pourrais-je vivre avec une telle présence ?
« Nous autres, les Unos, sommes des télépathes. Nos esprits sont liés les uns aux autres. Mais cela ne signifie pas que nous sommes toujours en éveil dans l'esprit de chacun. Voyez plutôt cela comme un ordinateur de bord, à l'instar du Schlum. Nous serons comme une interface endormie tant que vous ne souhaitez pas l'activer, nous ne serons… »
- La Terreur vient d'entamer sa descente au coeur du pont orbital. Dois-je activer les moteurs du Schlum ? Êtes-vous prêt à rejoindre Alpha11 ?
- Toute cette situation est… insoutenable. Personne n'aurait souhaité vivre ça. Si j'avais su, je ne l'aurais pas fait. Mais c'est trop tard. Allons-y.
« Il n'est pas nécessaire d'entamer le décollage du vaisseau. Sa position actuelle est préférable… Vous pouvez vous y rendre plus rapidement encore. » Interrompu Arkyr.
- Décollage dans 3… 2…
- Attendez ! Restez au sol ici ! Je connais un moyen plus rapide d'y aller… je crois.
« Arkyr est le guerrier le plus avancé de l'ère d'Unafet. Il disposait des mêmes capacités que le commandant. Votre enveloppe est une fusion parfaite de Nosu et Arkyr. Il vous suffit de penser à l'endroit que vous désirez atteindre, et ce sera chose faite. » Expliqua Nosu.
- De penser à ma destina…ti…on ?
À peine eut-il le temps de finir son observation qu'il se trouvait là, au pied du gigantesque ascenceur orbital de sa planète natale. Les groupes armés au sol entouraient déjà l'édifice tandis que son enveloppe futuriste, d'un pourtant lointain passé, luisait d'une aura dorée et des résidus électrique d'un voyage instantané continuaient à s'émettre de son corps. Denlor était heureux d'être auprès des siens, qui plus est en possession d'une armature unique et légendaire, dont il effleurait à peine les capacités gargantuesques. Stupéfait par cette expérience d'une seconde tout au plus, il en oublia aussitôt les entités qui lui étaient liées et restaient muettes.
Il voulu s'approcher du corps armé, mais son pas lui donna l'impression d'être aussi grand qu'un géant. En quelques instants, en ayant à peine fini son enjambée qu'il se retrouva face à l'un des militaires dont le rythme cardiaque venait de grimper en flèche sous l'apparition de cette armure sophistiquée et unique.
- Colonel, Sergent Arus au rapport. Quelque chose, ou quelqu'un vient d'apparaître à l'arrière de nos défenses. Nous n'arrivons pas à entrer en contact avec mais l'individu ne semble pas une menace.
- De quoi s'agit-il Sergent ? Que voulez-vous dire ? Est-ce un contact avec l'ennemi ?
- Je ne saurais dire Colonel. Je n'ai jamais vu pareille apparence parmi nos armures militaires.
« Arkyr, Nosu, pourquoi je n'arrive pas à les comprendre ? »
« Votre fusion avec nos entités corporelles a malheureusement endommagé votre cortex cérébral telle que la mémoire linguistique. Ou plutôt, elle a été remplacée. C'est ce qui vous permet de comprendre ce que Nosu et moi-même vous transmettons. Toutefois, l'apprentissage de la langue de cette planète n'a pas été assimilé par nos corps restés en sommeil trop longtemps. Le Schlum aurait pu y remédier en nous connectant au système de commandes du vaisseau. Toutefois, cela prendrait du temps. Si vous souhaitez protéger cette planète, vous devrez vous faire comprendre autrement. »
- Colonel, la chose se met en mouvement, elle… se dirige vers l'ascenceur orbital.
- Se pourrait-il que ce soit un résidu de la Sourche, Sergent ?
- Je…
- Sergent ! Au rapport ! Que se passe-t-il ? La communication est instable !
- C'est… Colonel, c'est incroyable. L'entité vient de traverser nos lignes en une fraction de seconde. Elle est au pied de l'ascenceur orbital et… son apparence a totalement changé.
- Sergent, est-ce une menace ? Que fait-elle ? Vous avez autorisation de tirer à vue en cas de doute ! Nous ne devons prendre aucun risque ! Je répète, autorisation de tirer à vue Sergent !
Devant le gigantesque ascenceur orbital qui s'enfonçait jusqu'aux cieux, Denlor ressentait une mystérieuse énergie le parcourir de part et d'autre. Son enveloppe physique s'était transformée en un instant, se recouvrant de particules métalliques à l'allure de nanites autonomes et illimtées.
« De quoi s'agit-il ? »
« Nous appelons ça l'Ekelon. Nos corps sont capable de manipuler cette énergie. Cette planète semble regorger d'une quantité importante. Elle peut se matérialiser sous la forme de champ de force. Nous sommes en mesure de la condenser et de la maintenir dans un état qui nous sied, comme une arme d'énergie. »
« Ce que veut dire Arkyr, c'est que la maîtrise d'Ekelon est un héritage d'Unafet. Sa maîtrise est innée. Vous ne devriez pas avoir de mal à l'utiliser. La Terreur est incappable d'utiliser l'Ekelon, ce qui la rend d'autant plus précieuse. Cette énergie a de nombreux stades de maîtrise, mais ce serait trop long à vous les expliquer pour le moment. Concentrez-vous sur l'Ekelon. »
L'ingénieur n'essaya pas de comprendre ce qui lui était possible de faire et songea simplement à la forme la plus simple et utile qui lui venait à l'esprit. Denlor n'était pas un soldat comme Arkyr et Nosu semblaient l'avoir été depuis toujours. Pour lui, il ne s'agissait que d'un corps puissant plein de mystères pour lutter contre un mal dont il ignorait tout, jusqu'à même sa forme réelle. L'énergie se condensa entre ses mains, faisant trembler le sol autour de lui comme si toutes les molécules terrestres étaient liées à cette énergie qu'ils appelaient Ekelon. Après quelques secondes d'intenses lumières et de nouvelles sensations, Denlor tenait pour la première fois de sa vie, une arme énergétique stable entre ses mains.
- Colonel, nous avons un problème. La chose vient de faire apparaître de je ne sais où, une arme blanche. On dirait une épée, mais celle-ci est… différente. Elle ressemble à nos pylones lasers.
- L'équipe que j'ai dépêché pour vous venir en aide va arriver d'un instant à l'autre. Suivez les instructions du Lieutenant. Ce dernier dispose d'une armure renforcée. S'il décide que cette chose est une menace, préparez-vous à faire feu.
- À vos ordres, Colonel.
- Je suis le Lieutenant Agatos, le Colonel m'envoie. Où se trouve la menace Sergent ?
- Voyez par vous même. On dirait que cette chose attire à elle toute l'électricité statique qui se trouve dans les parages.
- A-t-elle tenté d'intérargir avec vous ?
- Elle n'a pas réagit à notre premier contact. Je ne suis pas certain que ce soit quelque chose d'organique. Voyez par vous même.
Tandis que le Lieutenant Agatos s'approche de Denlor avec son escouade armée, il observe que du gravier et de petits morceaux de roches lévitent à quelques centimètres du sol. La gravitation semble être altérée par la présence de cet être. Tandis que leurs armes mettent en joug l'inconnu, Agatos l'interpelle de nouveau :
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Que nous voulez-vous ? »
Mais Denlor n'entendit qu'un murmure incompréhensible. Il savait qu'il ne pourrait pas leur dire tout ce qui vient de se passer et de leur faire comprendre qu'il est là pour leur venir en aide. Toutefois, il y a des gestes que tout un chacun est en mesure de comprendre. C'était bien là la seule solution qu'il ait trouvé pour leur faire comprendre qu'il n'était pas une menace. Mais en tentant de faire un geste dans leur direction, son épée se dressa vers ses interlocuteurs et désintégra aussitôt les armes métalliques qu'ils avaient en main.
Pris comme une attaque direct, le Lieutenant ordonna à son unité de faire feu avec leurs armes de points et autre munitions explosives.
- C'est une attaque ! Feu à volonté !
À quelques dizaines de mètres derrière, le Sergent observe la scène apeuré et ordonne aux unités sous son commandement de mettre en joug l'inconnu et de tirer à feu nourris dans sa direction pour permettre au Lieutenant de rebrousser chemin sous un tir de couverture.
« Nosu, je suis surpris. »
« Surpris à quel sujet, Arkyr ? »
« Les armes de cette civilisation sont inoffensives. Comment peuvent-ils espérer vaincre la Terreur avec de tels jouets ? »
« L'Ekelon n'est pas chose accessible à toutes les civilisations qui peuplent cette galaxie, Arkyr. Avec ce genre d'armes, il est certain que cette espère aura au moins maîtrisé son monde. »
« Et avec l'Ekelin, Denlor pourrait les gouverner à son tour. »
« L'Ekelin est un niveau avancé de l'Ekelon. Maîtriser cette technique sans entraînement est impossible. »
Quand le feu nourrit s'estompa enfin et que les grenades et autres fumigènes cessèrent d'émettre de la fumée et de la poussière autour de leur cible, le Lieutenant et l'ensemble du corps militaire présent sur place furent inquiets de constater que rien n'avait atteint l'inconnu. Denlor lui-même s'étonna de cette observation. Toutefois, il avait un avantage sur les humains, il avait pu observer de ses propres yeux l'étendue de sa puissance actuelle. Chacune des balles qui s'approchèrent de lui plus tôt se désagrégèrent à proximité de son corps. De fins éclairs naquirent de son enveloppe et se lièrent aux métaux en les désintégrant instantanément.
Il rabaissa son épée d'Ekelon qu'il avait gardé tendu jusqu'alors et compris que le seul moyen de ne pas paraître dangereux était encore de ne pas leur faire front. S'il se concentrait sur la Souche uniquement, peut-être finiraient-ils par lâcher l'affaire et comprendre dans quel camp il se situait.
Mais l'impensable se produisit. Ce pourquoi ces détachements avaient été disposés tout autour de l'ascenceur orbital venait à l'instant de se produire. Comme pour sonner la fin d'une rencontre désapprouvée, des morceaux de la station orbitale entraient dans l'atmosphère tels des météorites s'écrasant de toute part sur la région. Tous ignoraient encore ce que cela voulait dire, mais ce qui était certain, c'est que l'État-Major n'y était pour rien.
Un grondement de destruction plus tard, levant la tête vers le ciel, il aperçu l'entièreté de la structure de l'ascenceur orbital s'effondrer sur elle-même, promettant une éradication de toute âme qui vive autour du bâtiment sur des centaines de mètres voire des kilomètres à la ronde.
« Arkyr ! Nosu ! Que puis-je faire pour empêcher que la structure ne rase tout en atteignant le sol ? Aidez-moi, je vous en supplie ! »
« Réduiser cette structure en cendre avant qu'elle ne s'effondre jusqu'ici. » Dit simplement Arkyr.
« Comme vous venez de le faire avec les armes de vos semblables. Désintégrer simplement ce pillier. » Reprit Nosu.
- Je n'ai rien fait de moi-même. Et cet ascenceur, il est gigantesque. Comment pourrais-je ?
« Ne sous-estimez pas l'héritage d'Unafet. Empoignez votre épée, et frappez ce que vous désirez détruire. »
Voyant la fin du monde arriver à grand pas, Denlor se précipita devant la paroi de cette gigantesque base de l'ascenceur orbital. Des morceaux de plus en plus gros s'effondrèrent sur la structure et pénétrèrent l'atmosphère. Les morts se compteraient par million si tout l'ensemble venait à s'écraser au sol. Il empoigna fermement son épée énergétique et tandis qu'il s'apprêta à frapper de toute ses forces, une nouvelle forme apparue tout autour de lui. Des symboles d'un dialecte inconnu tournoyèrent et une lumière intense émergea de sa lame jusqu'à ce qu'elle percuta l'enceinte.
- Colonel… Il a disparu.
- Oui… Je le vois aussi… Que s'est-il passé ?
« Bravo Denlor. Voilà un bâtiment de moins à l'horizon. » Félicita Nosu.
- Comment n'avez-vous pas pu vaincre la Terreur avec une puissance pareille en votre possession ? Comment !