C’était là un jour d’automne, les feuilles des arbres se mirent à jaunirent, virant parfois à l’orange ou au brun et commençant tout juste à s’échapper des branchages pour recouvrir le sol d’un tapis de feuillage. Ils montèrent jusqu’au haut de la colline avant que le vent ne se leva et que les nuages ne les rattrapèrent et les entourèrent. Ils avaient acheté ce beau chalet dont le bois de sapin sur les murs sentait un parfum unique, les laissant rêver d’être seuls dans la forêt, dans ce coin de paradis.
Quand la porte s’ouvrit, que le grincement du bois et des verrous leur rappelait que c’était bien là un chalet, ils déposèrent leurs affaires et aussitôt, se découvrant de leur manteau, ils s'assîmes sur le canapé, devant la cheminée.
La route les avait épuisés jusqu’ici et un repos au bord d’un feu de cheminée semblait propice à leurs sens. Tandis qu’elle rabattait ses jambes sur le canapé en tissus et que ses pieds frôlaient le bord, il déposait quelques buches de l’hiver dernier et allumait le feu de quelques vieux papiers journaux avec des allumettes.
La flamme brandit soudainement puis se resserra au fond du foyer qui commençait à caresser le bois sec et à le faire crépiter. La chaleur émana rapidement jusqu’aux pieds du sofa et déjà on pouvait sentir que l’air froid d’au-dehors laissait place à une ambiance chaleureuse et lumineuse.
Et tandis qu'il s'asseyait à ses côtés, qu’elle étendit ses jambes au-dessus des siennes et qu'il pouvait sentir la fraîcheur de ses chevilles jusqu’à ses orteils entre ses mains, ses caresses et le crépitement du feu les réchauffaient déjà.
Elle le regarda avec passion, et l’on pouvait voir le reflet des flammes au creux de son iris, tandis que ses mains glissaient le long de son corps, l’invitant à les suivre du regard. Quand elles arrivèrent à ses genoux, elle se retira de ses jambes, se tournant complètement face à lui et s’appuyant sur son épaule, elle se hissa jusqu’à sa joue qu’elle embrassa tendrement.
Ses mains attrapèrent les siennes et sans le lâcher du regard, il sentit la chaleur de son corps l’envelopper tout entier.
Et pendant que le vent se levait au-dehors et que la baie vitrée derrière eux donnait sur la colline en contre-bas, d’épais nuages de brume se levèrent, recouvrant peu à peu la cime des arbres jusqu’à ce que, dans un moment féérique, il leur sembla qu'ils vivaient au-dessus du monde.
Leurs paupières se reposèrent et leur esprit vagabondèrent pendant un temps, tandis qu’une brise fraîche les réveilla plus tard, leur rappelant de nourrir à nouveau le feu et de raviver la flamme qui les gardait loin du froid.
Sous une couverture de laine, ils s'installaient dos au feu, tournant le canapé face au monde sous leurs pieds, et laissâmes leur âme se mêler l’une à l’autre. Il s’asseyait à sa gauche, et tandis que la longue couverture les recouvrait entièrement, il pouvait sentir sa main glisser le long de sa cuisse et la sienne la rejoindre. Sa tête était posée contre son épaule et ils écoutaient ensemble la respiration de l’autre qui devenait peu à peu plus profonde.
Il la regardait tandis qu’elle releva son visage le regardant en retour, et fermant les yeux, leurs lèvres se touchèrent, leur nez se croisèrent et sans un autre mot, sans un autre son, leurs mains retirèrent peu à peu les verrous des tissus qui les gardaient loin l’un de l’autre.
La brume gagnait les hauteurs et bientôt, ne sachant si d’elle ou d'eux, la vitre devint opaque, la vue du monde s’effaça tandis qu'ils se retrouvaient face à face, défaient par la grâce et l’agilité de leurs mains, et plus rien que le feu ni le vent ne saurait séparer.