Lire la 1ère partie...
30 ans se sont écoulés depuis le dernier signal de détresse de la surface de la Planète Alpha12. Les rapports relatifs à l'évolution de la Souche à la surface remontent au tout premier signal de détresse émis par une navette de survie en orbite de la planète. Cette dernière n'ayant malheureusement pas réussi à s'extirper du ver géant qui l'attrapa en vol.
La base XKERA du groupe du même nom a également tenté d'envoyer un signal jadis, lorsque leur tentative de destruction de la menace a échoué. L'infrastructure a été submergée par une force biologique inconnue et rapidement, la surface d'Alpha12 a été en proie à une expension violente d'une substance étrangère appelée la Souche.
L'atmosphère a quant à elle été tellement affectée par la métamorphose de la flore et la faune ambiante, qu'il n'est désormais plus possible de respirer ou de vivre sur place sans un équipement de survie spécifique adapté. Les dernières expéditions envoyées sur Alpha12 se sont solvées par des échecs consécutifs, mettant ainsi en péril la vie de tous les explorateurs y ayant participés.
Une nouvelle expédition est en préparation depuis que la localisation précise des ruines de la base XKERA a été repérée.
À la différence de toutes les expéditions précédentes, le transport blindé A1-7 a été spécialement conçu pour résister à des pressions extrêmes ainsi qu'à un crash prématuré. Son noyau surpuissant permet d'alimenter les toutes nouvelles combinaisons de survie et de combats embarquées afin de protéger l'équipage. À son bord, le capitaine Derrer Noman, ancien pilote de flotte spatiale d'Alpha11 et le lieutenant Ao Xi ayant servis de nombreuses années dans la force terrestre, seront présents pour assurer une protection armée aux chercheurs.
Ces derniers, Eléa Oxe, Bill Daxos et Narati Diviti, reconnus tous les trois pour leurs recherches sur l'évolution biologiques en environnement hostile, sont également des explorateurs spatiaux ayant plusieurs dizaines de missions d'observations et de recherches en zone inconnue aux limites du système planétaire.
Arrivée prévue dans H-4.
« Accrochez-vous, on entre dans l'atmosphère d'Alpha12 ! La résistance atmosphérique est plus dense que prévue, ça va secouer ! » S'exclama le capitaine.
Les cinq passagers, déjà protégés par leur combinaisons, serraient fermement leurs points sur les rampes de maintien.
- Le pilote automatique nous conduit tout droit à la base XKERA ! On devrait atteindre la zone d'atterissage dans quelques minutes ! Expliqua Noman à son équipage, malgré les tremblements de l'appareil et les tensions sur le métal.
- C'est votre première mission en territoire inconnu terrestre ? Questionna le Lieutenant Xi qui avait gardé son calme pendant tout le voyage.
- Oui ! J'ai le mal des transports terrestres. Admit le chercheur Diviti.
- Non, j'ai déjà traversé des territoires occupés par une faune agressive sur les satellites de Scorpion7. La planète porte d'ailleurs très bien son nom. Ces secousses ne me font pas peur. Rétorqua la chercheuse Oxe.
- Même si c'est une première au niveau mission terrestre, la technologie dans laquelle on a embarqué nous protège à 200%. Je ne crains même pas qu'on ait à se crasher en catastrophe ! Affirma en plaisantant le chercheur Daxos.
Après quelques minutes de vol, l'appareil A1-7 se posa aux abords de l'ancienne structure XKERA, encore visible de l'extérieur malgré l'importante végétation qui gagna ces terres pendant près d'un demi-siècle.
« Restez sur vos gardes, et garder un oeil à vos détecteurs de signes vitaux. » Ordonna Noman.
Les cinq explorateurs entrèrent dans l'enceinte XKERA, avançant prudemment malgré que des débris jonchaient le sol. Sur les murs de l'entrée, on pouvait lire « Aile Ouest », comme une indication de la position où ils se trouvaient. L'équipe recherchait activement tout ce qui pouvait ressembler à des données, tel qu'un serveur, un ordinateur, des dossiers papiers s'ils étaient encore en état.
- Mais que faisaient-ils comme recherche dans ce centre ? Toutes ces salles de tests semblent loin d'une simple expérimentation sur la Souche. Et la quantité de cadavre à l'entrée du complexe suggère que quelque chose d'atroce est arrivée ici. Fit remarqué Diviti.
- Ce qui est étonnant c'est que le sang ne semble pas sécher. Il est encore d'un rouge très vif. C'est comme si quelque chose le maintenait actif. Observa Daxos.
- Ne le touchez pas ! Ordonna Xi qui aperçu le chercheur s'accroupir à côté d'une flaque. On ne sait pas ce qu'il y a ici, ni sous quelle forme la Souche a pu prospérer. Il est hors de question que nous risquions de ramener ne serait-ce qu'une goutte de sang infectée à bord du vaisseau.
- Xi a raison, renchérit le capitaine, restez à l'écart de tout ce qui semble organique.
- Si je peux me permettre, je suis inquiète quant à la disposition des cadavres. Une boucherie animale aurait dû laisser des corps ça et là. Or ils semblent tous avoir été déplacés sur cette aile du bâtiment.
- Qu'est-ce que vous sous-entendez, professeure Oxe ? Questionna de plus bel le capitaine.
- Seul un être doté d'une forme d'intelligence complexe, comme la nôtre, a pu faire cela.
- La Souche ne serait donc pas seulement une espèce du type des eumycètes. Réfléchit Daxos à voix haute.
- Comme je l'ai dit, quoiqu'il s'agisse, champignon, arbre ou animal, ne touchez à rien. Nous sommes venus chercher des réponses purement logiciel ou documents. Aucun échantillon de quelle que sorte que ce soit ne devra monter à bord du A1-7. Rappela le capitaine.
Tandis qu'ils avançaient tous en groupe, les profondeurs du complexe semblaient être plongées dans l'obscurité la plus totale. Les capteurs des combinaisons ne détectant aucun cortex cérébral complémentaire à ceux des membres de l'équipe, ils décidèrent de descendre dans les niveaux inférieurs grâce aux leds embarquées des combinaisons. L'idée de rentrer de cette expédition sans l'once d'une explication n'était pas admissible. Les indications murales suggéraient que les bureaux de la Direction se trouvaient au niveau -4.
Quand ils y arrivèrent, une anotation écrite avec du sang les mis en garde d'avancer : « Sujet N°0 évadé. N'ouvrez pas les sas de sécurité ».
- Je suggère de suivre cette indication à la lettre. Je ne sais pas ce qu'est le sujet N°0, mais pour qu'on ait pris le temps d'écrire cela plutôt que de fuir, c'est que ça devait en valoir la peine. Remarqua le capitaine Noman qui dégaina son arme.
- Tentons de contourner les sas de sécurité. Si nous ne pouvons pas atteindre les bureaux de la Direction, alors je suggère que nous entrions de force. Ajouta le lieutenant Xi qui détacha du dos de sa combinaison, l'arme automatique.
- Vous avez entendu ? On passe devant et on ouvre la voie. Restez derrière nous et activez le mode combat sur vos combinaisons. Ordonna Noman en s'adressant aux chercheurs.
Le mode combat leur permettait de faire transiter des nano-robots sur toute la surface de leur combinaison. Ces derniers intéragissaient avec l'environnement extérieur, et se mettaient en travers de toute substance extérieure qui viendrait entrer en contact avec l'intégrité de l'armure, à l'exception de la surface plane des bottes.
Les armures des deux militaires étaient quant à elles équipées d'armes à feu de pointes, chargées à l'énergie plasma qui était stockée dans des capsules à l'arrière. L'utilisation de telle munition pouvait percer des blindages d'un mètre d'acier d'épaisseur.
Après avoir emprunté des escaliers et accédé aux principales allées du complexe de ce niveau, un sas de haute sécurité leur barrait désormais la route.
- Il semblerait que les bureaux de la Direction se trouvent de l'autre côté. Fit remarquer Eléa Oxe qui montrait du doigt l'intitulé sur le mur voisin.
- C'est donc notre ultime destination. Puisque le complexe n'a pas été atomisé, c'est le seul endroit où nous serons certain de trouver des informations. Confesse Diviti.
- Vous n'avez quand même pas oublié la mise en garde à l'entrée ? Aucun sas ne doit être ouvert. Reprit Daxos qui se tenait à l'arrière du groupe.
- Capitaine, c'est à vous de décider. Nous sommes entraînés et armés. Si vous décidez d'entrer, nous aurons de quoi nous défendre. Expliqua Ao Xi l'arme en main.
Ils décidèrent d'entrer, faisant fondre les joints du sas blindé avec leurs armes. Il ne fallut que quelques secondes pour que le blindage céda et que la voie soit dégagée. De l'autre côté, un environnement sain. Pas de sang, pas de corps à l'exception d'un squelette homme, certainement le directeur, et une interface bureautique.
Les chercheurs apprécièrent avoir trouvé la boîte de pandore; c'était là tout ce dont ils rêvaient. Une interface connectée à l'intégralité des systèmes du complexe, à l'abris des dangers extérieurs. Les deux soldats guettaient l'entrée pour ne pas risquer d'être pris à revers, tandis que les combinaisons des trois autres se connectèrent aux serveurs. L'énergie à disposition dans chacune des armures permit de relancer toute la structure de XKERA pendant le temps d'acquisition. Les lumières se rallumèrent et l'ordinateur central, une I.A., démarra à son tour. Un instant plus tard, les données furent transférées en 5 copies, au sein de chacune des armures à proximité.
« Démarrage... Bienvenue au complexe XKERA pour l'avenir de la planète Alpha12. »
- Nous avons fini ici. Nous pouvons y aller. Affirma la chercheuse.
- Attendez, capitaine. Si nous pouvions utiliser l'ordinateur principal, il serait possible d'obtenir des informations de registre. Remarqua Daxos.
- Combien de temps cela va-t-il prendre ? Quel est le niveau d'énergie de vos combinaisons ? S'inquiéta Noman.
- Plus de 70% d'énergie en stock. La maintenance du système devrait prendre 10%, peut-être moins. Expliqua Daxos.
- C'est acceptable, faites ce que vous pouvez. Ordonna le capitaine.
« Acquisition des données du registre... Journal de bord du Directeur... Corrompu. Demande de puissance annexe en attente. »
- Que se passe-t-il Daxos ? Questionna le capitaine.
- Il semblerait que j'ai à activer les générateurs annexes pour redémarrer le complexe et accéder au registre.
- C'est votre dernière chance, après, on y va.
- À vos ordres capitaine !
« Redémarrage en cours... Générateur 1, 3, 5 et 7 activés. Accès au registre... Enregistrement du signal par le Directeur Aamon :
Ceci est un signal de détresse. Ceci est un signal de détresse de la base XKERA sur la planète Alpha12. Échec de la mission. L'auto-destruction a été annulée par le sujet N°0. Détruisez la base depuis l'orbite. La Souche est libre. Je répète, la Souche est libre. Sujet N°0 est libre et intelligent. Je répète, détruisez la base depuis l'orbite. La Souche est libre. Sujet N°0 est libre et intelligent. Ne posez pas un pied au sol. La Souche se propage. La Souche est incontrôlable.
Fin du signal.
Alerte, brèche de sécurité dans le périmètre du niveau -4. Sujet N°0 détecté. »
Ne sachant pas à quel danger faisait référence ce sujet N°0, le capitaine demanda aux autres s'ils étaient capable d'accéder à l'auto-destruction de la base de sorte d'achever ce qui n'avait pas été fait par le directeur jadis. L'un deux, Diviti, suggéra d'accéder à la console numérique et de lancer un compte un rebours suffisamment important pour leur permettre de sortir de là et d'atteindre l'orbite avant l'explosion. Mais quelques instants après, la cheurcheuse Oxe analysa les systèmes et affirma que l'engin nucléaire n'était plus connecté au réseau. En cherchant dans la base de données de l'ordinateur du complexe, ils trouvèrent la localisation de la bombe. L'engin se trouvait au dernier niveau inférieur, là-bas même où les serveurs et générateurs se trouvaient.
Si le sujet N°0 était capable de comprendre l'importance de débrancher la bombe du réseau pour sa survie, alors l'équipe supposa qu'il avait volontairement laisser le reste des machines intactes afin de tendre un piège à quiconque souhaiterait parvenir à ces données. Données qu'il pouvait d'ailleurs avoir analysé lui-même.
- Écoutez, la mission est un succès. Nous avons les données que nous venions chercher. Se rendre dans un étage inférieur pour activer la bombe est trop risqué. Rejoignons la surface et demandons une frappe de destruction massive une fois en orbite.
- Que faisons-nous pour le sujet N°0, capitaine ? Questionna le lieutenant.
- Les chercheurs, vous restez derrière, un oeil sur votre détecteur. Si quoique ce soit d'anormal apparaît à l'écran, prévenez-nous. Quant à Xi et moi, nous ouvrirons la marche.
L'équipe se remit en route afin d'atteindre la surface. Ils ne croisèrent personne jusqu'à l'entrée de la ruine. Daxos se félicita même que la mission soit une telle réussite sans embuche, et supposa que le sujet N°0 était peut-être tout simplement coincé dans l'un des niveaux inférieurs, proche de l'engin nucléaire.
Arrivés à la navette, le capitaine ouvrit le sas de l'A1-7 afin que l'équipe entra à l'intérieur et s'apprêta à faire de même quand quelque chose l'attrapa au sol. En regardant vers le bas, il observa comme une épaisse liane s'être aggripée à sa jambe droite et que toute la zone se fissurait. Le lieutenant qui était à ses côtés se retourna et compris que la Souche était en toute chose visible et qu'elle ne comptait pas les laisser s'en sortir, ou du moins, pas sans elle.
- Lieutenant ! Montez à bord et décoller ! Ordonna son supérieur.
- Pas sans vous, capitaine ! Lui répondit-il en détruisant la liane d'un coup de fusil.
L'armure de l'officier s'ouvrit intégralement, laissant s'échapper le chef d'équipe qui se précipita à l'intérieur de l'habitacle, protéger par Xi.
« Capitaine, reprit Daxos, une nouvelle entité est apparue sur le radar et s'approche à toute vitesse de l'engin ! »
Un bruit sourd fit déplacer l'A1-7 de quelques centimètres. C'était le sujet N°0 qui s'était élancé sur la carlingue du vaisseau et tentait par tous les moyens de pénétrer l'engin. Le lieutenant, qui voyait son supérieur reprendre son souffle sans l'armure de protection, se mit aux commandes de l'appareil et activa le retour à la base. Il se rapprocha ensuite du capitaine pour lui laisser sa propre combinaison.
- Que le choses soient claires, fit le capitaine d'un ton grave, si jamais quoique ce soit de là-dehors arrive à entrer à l'intérieur de l'engin, je ferais sauter l'appareil. Si la Souche est encore à ce jour prise au piège de cette seule planète, c'est qu'elle est incapable de voyager d'elle-même au travers du vide sidéral. Notre vaisseau est son seul moyen de sortie. Nous devons atteindre au moins 10 000 pieds d'altitude pour envoyer la sonde qui contient l'ensemble des données. Si notre intégrité à ce moment là n'est pas sûre à 100%, alors faites vos prières ! Ai-je été clair ?
- Nous ne risquerons pas de mettre en danger nos familles et nos citoyens. Nous avons tous prêté serment avant d'embarquer. Nous n'en sortirons pas vivant si cela devait impliquer un risque de rapporter la Souche. Confirmèrent les chercheurs.
Tandis que l'A1-7 se mettait à décoller, les secousses se faisaient de plus en plus violentes mais le blindage de l'engin résista à toutes les tentatives de l'ennemi. L'équipe pouvait même entendre les cris féroces de la bête à l'extérieur. Au-delà d'une certaine hauteur, le capitaine ne tarda pas à envoyer la sonde orbitale dans laquelle avait été stockée toutes les données recueillies, puis il fit le point sur l'intégrité du vaisseau. Les scanners ne suggéraient que de très légères déformations de la coque, mais aucune brèche n'était détectée.
C'est alors que le capitaine tomba sur sa jambe droite, celle-là même qui avait été agrippée plus tôt et qui l'avait poussé à sortir de l'armure l'espace d'un instant. Il respira profondément et fit rapidement une analyse interne de sa nouvelle combinaison, diagnosticant qu'un corps étranger siégeait désormais en lui. En un instant, il accéda à la configuration de sa protection, entrit le code d'activation de l'auto-destruction du transport A1-7 et mit ses dernières forces à appuyer sur la confirmation d'explosion sans qu'aucun membre de l'équipage ne comprenne ce qu'il se passait.
- Vous allez bien capitaine ? Questionna Ao Xi devant son ancienne armure immobile.
- Désolé, je crois que j'ai trop donné. J'ai besoin de repos. Répondit le capitaine d'une voix légère.
Ce dernier se dirigea alors vers l'arrière du transport, dégaina la mitrailleuse de son armure, et anihila le reste de l'équipage qui n'eut guère le temps de réagir à la décharge massive de munitions, à l'exception du chercheur Daxos. Lorsqu'il ne resta plus que des membres indéfinissables à l'intérieur de l'engin et que la terreur se lisait sur les tremblements répétés de la combinaison du chercheur épargné, le casque du capitaine s'ouvrit en laissant s'échapper une quantité importante de spores, par tous les orifices que la Souche avait pu trouver. L'instant d'après, le corps du capitaine, à l'intérieur d'une armure militaire renforcée, retira le casque de son ancien coéquipier et lui arracha la tête avant qu'il n'ait pu le supplier d'arrêter.
La navette, sous la direction du cortex cérébral du capitaine contrôlé par la Source, revint à la surface de la planète où le sujet N°0 attendait. Ce dernier engloutit le reste encore chaud du chercheur Daxos et se fondit à l'intérieur de l'armure encore en état de marche, abandonnant sa forme humanoïde pour n'être plus qu'une masse informe remplissant chaque interstice de la combinaison.
La Souche était désormais au commande d'un transport blindé de l'Alliance et libre de se déplacer vers les planètes voisines. Au moment de quitter Alpha12, le sujet N°0 avait mis en oeuvre son évasion en activant de lui-même l'engin nucléaire de la base afin que l'explosion justifia son éradication comme preuve d'une mission réussie.