6 pieds sous terre
6 pieds sous terre
« Inspire lentement, concentre ton souffle au rythme de tes pulsations cardiaques. Appréhende la marche synthétique et périodique de l'ennemi. Concentre-toi et oublie ce que tu vois. Oublie ce que tu entends. Oublie qui tu es, oublie ton vécu, tes souvenirs. Oublie ton humanité et ne te laisse pas berner.
Je suis l'espoir, je suis l'arme, je suis la balle. Tu n'es pas humaine. Ma visière sur ton visage, je m'apprête à percer ta boîte crânienne. Non, ta machinerie. Je ne faillirai pas. Tu n'es que machine. Ton apparence n'est que tromperie.
Je vais le faire, je vais te détruire, je le dois, il le faut, toi qui t'ai emparé de son corps, de son apparence. Toi qui défais les miens par la corruption de nos esprits, toi qui baffoue sa mémoire. Que cette balle, dont la conception ne sert qu'à te défaire, efface ton sourire mécanique, la trace de ce souvenir heureux, de ma fille dont tu as ôté la vie.
Nulle autre effusion n'entâchera cette terre fertile. Que ton cortex destructeur ressente la peine de toutes tes victimes. Que tes circuits jonchent sur le sol imbibé du sang de nos aînés, de nos enfants.
Qu'à trois, la déchéance de notre monde cesse. Qu'à deux, mes larmes cessent. Qu'à un, ma fille… »
Une tâche de sang se répand.
Son sourire.
Sa fille…
Deux trous béants.