Ressentiments
« Même si nous sommes deux, même s'il n'en reste plus qu'un, si nous devons périr en ce jour, alors nous emporterons avec nous tous ceux qui oseront s'approcher ! »
Ils se tenaient tous deux, vétérans soldats de l'armée du Cador, guerriers respectés des deux nations pour leur vaillance, leur combativité et leur technique, face aux dizaines, aux centaines même d'ennemis armés qui leur faisaient face sur ce champ de bataille, sous le tonnerre qui gronde, sous les faisceaux de lumières de la foudre qui les révèle, qui révèle leur regard décidé et leurs armes ensanglantés.
« Nos bras arracheront vos têtes et nos armes trancheront vos bras ! Approchez, et mourrez sous notre couroux ! »
Leur réputation les précède et impose autant de respect que de peur. Les rumeurs content déjà leurs exploits, qu'à eux seuls, avec un unique bouclier, ils se protégèrent tour à tour des frappes adverses, des centaines d'âmes qui s'osèrent à les affronter avant de se disperser dans la mort. Nul n'avait jamais vaincu les deux combattants. Et ce jour, même encerclé, leur témérité et leur vigueur assombrissait la victoire d'un camp en surnombre.
« Que le sang coule ! Votre sang pour abreuver ce champ qui est le nôtre ! »
Parmi les forces qui hésitaient à s'avancer vers les deux braves, d'autres dires naquirent aussi rapide que l'éclair touche le sol. Des histoires de sorcellerie entourèrent rapidement deux hommes contre mille, un bouclier maudit, des haches, des épées, des masses et tout ce qu'ils touchaient pouvaient devenir le bras armé de la Mort. Qui oserait bientôt affronter l'étendard vivant de l'ennemi, seul rempart de la victoire ?
« Qui osera ! »
Et si des arcs tendus tiraient des flèches perdues, nulles ne sauraient jamais traverser le bouclier protecteur. Comment se pouvait-il, qu'à deux, qu'à eux seuls, nul ne put jamais les vaincre ? Le divin était-il auprès d'eux ? Ils inspirèrent les légendes qu'en ce jour, béni par les cieux, ces deux âmes vainquèrent un milier d'autres.