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Capitaine Kyris


Capitaine Kyris


Capitaine Kyris
Mélodie



Calendrier Arkyris : Année 11547

Sur le gaillard d'avant (milieu du galion), deux matelots échangeaient leurs souvenirs et remerciaient leur Capitaine d'être si bon avec son équipage.



- Depuis que notre Capitaine est montée à bord de ce vaisseau il y a de cela deux ans, nos aventures n'ont cessé d'être plus extravagantes les unes que les autres. - Te rappelles-tu comment elle est arrivée ?
- Comment oublier ! Le capitaine voulait la faire prisonnière mais elle l'a ridiculisé et jeté par dessus bord en deux en trois mouvements.
- Oh oui ! nous n'avons jamais été aussi bien traité qu'avec ce capitaine. D'ailleurs, où est-elle ?
- Boris m'a dit qu'elle prenait un bain de soleil comme à son habitude.
- Tu veux dire que c'est Boris qui prend un bain de soleil, si tu vois ce que je veux dire !
- Ahah ! Oui, tu as raison. Je me demande tout de même d'où vient notre Capitaine.
- C'est vrai que je n'avais encore jamais entendu parlé de personne comme elle. De l'énergie s'évapore de son corps et elle peut naviguer sans l'once d'une brise.
- Et son chapeau, et sa longue-vue. Rien de tout cela ne semble réel.
- Dire qu'elle a besoin de se revigorer au contact de la lumière du soleil, j'aimerais qu'il me soit possible de faire la même chose après avoir mangé le ragoût de Boris.
- Ah ! Ne me parle pas de son ragoût ! J'en ai encore l'estomac noué.

Un autre matelot s'approche d'eux.

- De quoi parlez-vous ?
- Nous parlons du Capitaine, lieutenant. Toujours en train de prendre un bain de soleil à ce qu'il paraît.
- Je vois. Il faut dire qu'elle nous a évité la tempête hier soir. Répond le second en chef.
- Quelle tempête ?
- Une tempête ? Firent les deux premiers.
- Ah ! Vous deviez dormir sur vos deux oreilles, rétorqua le lieutenant amusé. Le Capitaine a oeuvré toute la nuit durant, pour nous abriter de ce déluge. Imaginez un peu cette même mer calme que vous voyez là, alors que des vagues de vingt mètres de haut s'abattaient sur la barrière qu'elle avait dressé.
- Non d'un petit poisson ! Je n'ai pas sentis ne serait-ce qu'une seule secousse !
- Moi non plus. Je n'ai rien ressentis. Le Capitaine doit être exténuée.

- En effet, je pense qu'elle doit être à bout d'énergie. J'espère qu'elle réussira à s'en remettre rapidement. Cela fait déjà quatre heures qu'elle se tient debout à quai.
- Est-ce qu'il y a quelque chose que l'on puisse faire pour l'aider, lieutenant ?
- Ne vous en faites pas, il n'y a rien que nous puissions faire. Rappelez-vous, notre affrontement avec le corsaire de l'Empire a été une rude bataille et elle a dû prendre plus d'une journée pour s'en remettre.
- Oui, ça a été une rude bataille, pour le Capitaine et nos ennemis.
- Aucun boulet ne nous percuta tandis que les nôtres faisaient tous mouche. D'ailleurs, lieutenant, avez-vous une idée...
- Je vous interrompts, il ne sert à rien de poser cette question. Contentez-vous d'apprécier notre Capitaine pour qui elle est, le reste n'a pas d'importance.
- À vos ordres, lieutenant ! Eh Boris,s'écria le premier matelot, tu ne veux pas nous cuisiner un délicieux mêt afin que nous puissions festoyer en l'honneur du Capitaine ?
- Bonne idée ! Je vais préparer cela, fit Boris enjoyé. Nous fêterons le retour du Capitaine quand elle se sentira mieux.
- Allons pêcher dans ce cas ! Finit le deuxième.


Capitaine du Galion Kyris
Capitaine du Galion Kyris

06/12/2023

Capitaine Aramire


Mélodie


Un vaste vaisseau de guerre approche de l'emplacement où avait stationné quelques jours plus tôt le Galion Kyris. À son bord, le plus renommé des Capitaines de l'Empire, Aramire le Doré, comme il était surnommé par l'ensemble de la flotte de frégates, avait eu pour mission d'attraper l'un des bâteaux pirates les plus recherchés sur les mers, le Galion Kyris, qui avait jusqu'alors déjoué l'ensemble des offensives à son encontre.
Ayant reçu ses ordres de l'Empereur lui-même, Aramire avait eu à sa disposition l'équipage de son choix ainsi que les armes et le navire le plus redoutable de la flotte, une frégate de trois mats possédant pas moins de soixantes canons et une capacité de croisière de 15 noeuds, bien supérieure à l'ensemble des frégates de l'ancien monde à cette époque.


- Capitaine ! Terre en vue ! S'exclama le lieutenant.
- Jetez l'ancre ! Préparez le canot. Que le guêt reste en alerte. Fermez les écoutilles, protégez la poudre. Que Milo, Cris et Licra m'accompagnent.
- À vos ordres Capitaine !

La barque se dirigea jusqu'à la côte de l'île où un ponton de fortune avait été construit précédemment. La plage était d'un sable blanc et fin, et les cocotiers qui délimitait l'orée des bois contrastait avec la luminosité du lieu. Le Capitaine traversa la plateforme pour trouver des traces de passages tandis que ses matelots inspectaient les alentours.

Après quelques minutes de recherches, Milo, qui s'était aventuré un peu plus loin sur la plage, revint en courant vers le capitaine, brandissant quelque chose à la main et hurlant de joie qu'il avait trouvé quelque chose.
Arriver à hauteur du chef, essoufflé, il brandit vers l'homme ce qu'il tenait et affirma haletant, que ça devait appartenir à la cible. Rejoint par Cris et Licra, ils se mirent à rire devant leur Capitaine en observant l'objet.

- C'est ça que tu nous ramènes, Milo ! S'exclama Licra qui riait aux éclats.
- Tu n'as pas perdu le nord ! Voilà que la première chose que tu trouves sur une île déserte est un soutien-gorge ! Renchérit Cris.

Attrapant le tissu, le Capitaine l'inspecta avec plus de sérieux que ses acolytes puis dit à son équipage que c'était là une belle preuve. Malgré l'aspect intime de l'objet, l'écusson sur le dessus trahissait son appartenance. Ce qu'ils étaient venus chercher ne se trouvait pas loin d'ici. Le bout de tissu n'était pas totalement sec, et même si la marée avait pu le mouiller périodiquement, il y avait une chance pour que l'équipage recherché ne soit pas très loin de leur position actuelle.
Il ordonna à tous de remonter dans la barque et de recouvrer le navire pour se mettre aussitôt à leur poursuite. Même si la direction était approximative, la vitesse de la frégate et son mat le plus haut permettait de dominer les mers avec efficacité.

À bord du vaisseau, l'équipage remonta l'ancre et hissa l'ensemble des voiles afin le navire vogue à grande vitesse pour tenter de rattraper la cible. D'après l'observation du Capitaine, le Galion Kyris ne devrait pas être à plus d'une demi-journée d'avance sur eux, ce qu'il pourrait rapidement rattraper avec l'allure soutenu et la coque atypique du bateau.


Capitaine Aramire
Capitaine Aramire

07/12/2023

Galion Kyris


Galion Kyris
Mélodie



Tandis que le Kyris voguait sur la mer paisible depuis leur départ de l'île, la Capitaine avait reprit des forces et avait festoyé avec son équipage, trinquant avec chacun de ses matelots pour entretenir les liens sociaux qu'elle avait tissé avec chacun d'entre eux. Boris avait régalé l'équipage avec de délicieux mêts grâce à l'étendue de poissons que James et Nalek avaient pêché toute l'après-midi.
Le lieutenant, quant à lui, était tout en haut du mat, au poste d'observation, restant sur le qui-vive, scrutant l'horizon à la recherche de la moindre alerte. Leur destination n'était connue que de la Capitaine elle-même, mais il se faisait un devoir de rester prudent pour l'ensemble de l'équipage.


- Davon, n'as-tu pas festoyé avec les autres ?
- Capitaine, vous... Vous ne devriez pas utiliser votre énergie pour de si futile déplacement.
- Davon, ne t'en fais pas pour moi. Tu n'as pas à veiller pour tous, c'est mon rôle.
- Capitaine, depuis que vous avez pris notre commandement, j'ai vu toutes vos prouesses et je n'ai jamais souhaité en connaître ni la raison ni l'origine. Mais qu'importe que vous soyez la Capitaine de ce navire, ou quelqu'un d'autre, je ferais toujours passé la sécurité de mon équipage avant mon plaisir personnel.
- Je savais que tu dirais ça, Davon. Je suis heureuse de pouvoir compter sur mon lieutenant malgré les secrets qui me concernent.
- Puis-je connaître où nous nous rendons ? Voilà un mois que nous voguons à travers cette mer interminable. Je ne reconnais aucun des lieux que nous avons aperçu. La cartographie est toute nouvelle malgré que je suis sur les flots depuis ma naissance.
- Puisque tu me le demandes pour la première fois et que je peux ressentir ton dévouement à l'égard de l'équipage, laisse-moi te parler du port d'Arkyra.
- Ce port n'existe pas. Le Port d'Arkyra est un mythe qui se transmet de génération en génération auprès des matelots du monde entier pour donner espoir quand on se perd au milieu des mers.
- Je suis surprise que tu en ais entendu parlé. Mon lieutenant est vraiment savant, mais tu te trompes.
- Ne vous moquez pas, Capitaine. Mon père me racontait des histoires sur une cité du même nom où des merveilles y étaient stockées et où aucun corsaire d'aucun empire n'oserait jamais s'y aventuré. Mais cette île, d'aucun des matelos ou des capitaines que j'ai rencontré dans ma vie n'en a vu ne serait-ce que les côtes.
- Eh bien, Davon, nous déposerons une pierre sur ses côtes en mémoire de ton père quand nous y serons.
- Voulez-vous dire que... c'est là-bas que nous nous rendons ? Comment ?
- Je te demanderais simplement de me faire confiance, une fois de plus. Dit-elle en lui souriant.
- À vos ordres Capitaine.

Quelques heures plus tard, tandis que l'équipage se trouvait sur le pont, le guêteur munit de sa longue-vue alerta la présence d'un navire de guerre à quelques lieux de leur position. Nulle doute qu'à la vitesse, qu'au drapeau et qu'à la conception du vaisseau, il s'agissait-là de la frégate qui était à leur trousse.
Capitaine Kyris
Capitaine Kyris du même nom

Rencontre de 2 Capitaines


Mélodie


En moins d'une demi-journée, à voile maximale, la frégate rattrapa le galion. Il n'était pas encore à porter de tir d'intimidation mais ce n'était plus qu'une question de minutes. Le Capitaine Aramire devant la barre à roue restait concentré devant son équipage qui s'activait dans la zone de batterie, à préparer les canons. Tous se tenaient aux lèvres du lieutenant qui répèterait à tous les ordres du Capitaine.

- Capitaine, observa le lieutenant, nous nous plaçons derrière le navire. Nous ne pourrons pas le bombarder de la sorte.
- Je sais bien. Il n'est pas question de bombarder un tel adversaire. Abordons-le ! Je le veux vivant.
- À vos ordres Capitaine !

Quelques minutes suivantes, la frégate arriva à hauteur du galion qui faisait pâle figure à côté du navire fortifié. Toutefois, la marine de l'Empereur s'étonna de voir que l'équipage adverse était intégralement assis sur leur pont et les attendait sans aucune sorte d'hostilité. Ils étaient en position de prisonnier et discutaient entre-eux de cet abordage atypique.

Le Capitaine Aramire fut le premier à poser le pied sur le célèbre galion qui avait tant de fois déjoué son camp. Il n'eut le temps de demander où trouver leur capitaine qu'ils désignèrent tous du doigt la cabine qui lui était alloué. Et tandis qu'ils furent tous mis en joug par l'équipage du corsaire, Aramire entra dans la cabine du Capitaine.

Voyant son égal de dos, reconnaissant là le chapeau d'un capitaine, il s'adressa à lui en toute sympathie, tel un fier conquérant qui était prêt à faire preuve de respect:
- Je suis le Capitaine Aramire, en mission pour l'Empereur afin de vous arrêter et de vous ramener à la cour.
- C'est non. Dit-elle avec une voix grave et amusée.
- Votre équipage est en otage, ce n'était pas une requête. Veuillez vous tourner et me faire face. Je veux voir le visage du capitaine le plus recherché de l'Empire.

Il s'approcha du dos de son interlocuteur et s'apprêta à le retourner d'un geste de la main sur son épaule. Mais il recula de quelques pas lorsqu'elle se découvrit enfin à lui.
- Vous, vous êtes... une femme ?
- Oui, et vous êtes un homme. Renchérit-elle amusée.

Kyris devant Aramire
Kyris devant Aramire


Sur le pont, tandis que l'équipage abordé était sous le joug permanent de leur oppresseur, ils discutèrent à voix basse de ce qu'il pouvait se passer dans la cabine. Boris, qui était à côté de Davon et de Nalek commençait à avoir faim:
- J'espère que cet abordage est bientôt fini, j'ai une faim d'orque.
- Que tu es bête, répondit Nalek, tu ne vois pas que c'est un abordage impérial ? Notre vie de matelot s'achève aujourd'hui.
- N'en sois pas si sûr, rétorqua Davon. La Capitaine nous a sauvé de bien des difficultés.
- C'est ce qu'elle vous a dit, lieutenant ? Pourquoi la Capitaine nous a demandé d'être ainsi docile ?

- Je n'en sais pas davantage, mais connaissant son dévouement pour l'équipage, nous pourrions supposer qu'elle voulait éviter un bain de sang.
- Taisez-vous ! fit l'un des soldats qui les tenait en joug.
- Tout de même, lieutenant, nous sommes accostés par une frégate de l'Empire, et au vue de l'immensité de ce navire, nous sommes pris au piège.

Se glissant sur le sol trempé du pont, James rejoignit le petit groupe bien qu'on lui ordonna de ne pas bouger:
- Avez-vous des informations sur la décision de la Capitaine, fit-il en chuchotant auprès de ses camarades.
- Nous n'en savons pas plus, lui répondit Nalek, mais le lieutenant garde confiance.

C'est alors qu'ils entendirent un fracas qui surprit tout le monde sur le pont, puis un gémissement de douleur, et l'instant d'après, la porte de la cabine explosa vers l'extérieur, traversé par le Capitaine Aramire qui finit sa chute contre le mât.
L'armée se mit en joug en direction de la cabine tandis que la Capitaine Kyris en sortit mécontente et lui cria en fermant les poings qu'il n'était qu'un goujat méprisable.
L'équipage du galion se mit à rire en choeur, autant de joie que d'attendrissement en voyant la posture de leur cheffe.
- Vous n'êtes qu'un malotru, malélevé et arrogant ! Vous êtes bien un homme, tout comme l'Empereur.
- Capitaine ! S'exclama le second d'Aramire en se précipitant à ses côtés. Préparez-vous à...
- Non ! Ce ne sera pas nécessaire, fit Aramire en se relevant haletant et ricanant de la situation actuelle. Je ne l'avais pas vu venir celle-là. Je m'excuse de mon comportement, Capitaine Kyris.

Le Capitaine de la frégate se releva, s'appuyant sur l'épaule de son second sous le regard stupéfait de son équipage qui venait d'entendre le plus grand Capitaine de la flotte impériale, s'excuser devant la cible dont le corps frêle et la témérité féminine de cette dernière faisait rire son propre équipage.

- Pourrions-nous boire un verre de whisky dans votre cabine, le temps de vous présenter mes excuses comme il se doit.
- Hmpf! C'est la moindre des choses, s'impatienta la Capitaine en rentrant de nouveau dans la cabine faisant fi du reste.

Kyris agacée par Aramire
Kyris agacée par Aramire

Aramire repoussé
Aramire repoussé


De retour dans la cabine, Aramire présenta ses plates excuses pour son comportement offensant. Il n'avait jusqu'alors jamais croisé de femme capitaine, et encore moins celle qui devait être la cible prioritaire de l'Empire. Mais ses stéréotypes l'auront amené à lui manquer de respect, ce pourquoi il renouvelait encore ses excuses.
- Je vous pardonne, reprit Kyris à nouveau détendue et souriante.
- Ce que vous m'avez fait à l'instant... Que m'avez-vous fait au juste ?
- Si vous aviez été plus lourd, s'amusa-t-elle, vous n'auriez pas volé si loin.
- N'êtes-vous pas à votre tour en train de me manquer de respect ?
- Je dis juste, se retournant rougissant, que votre carrure est parfaite... pour ce genre de vol plané, finit-elle agacée.
- Vous m'en voyez ravis dans ce cas. Toutefois, j'espère que vous n'opposerez pas davantage de résistance. Votre arrestation n'est pas négociable. Si vous vous obstinez, votre équipage sera abattu pour l'exemple.
- Encore des menaces, monsieur Aramire ? Lequel de nos équipages pensez-vous qu'il soit l'otage de l'autre ?
- Le vôtre, évidemment. Nous sommes en surnombre, mieux armé et nous vous tenons déjà en joug. Au moindre soupçon de rebéllion, mon lieutenant ordonnera de faire feu. Alors, rendez-vous.
- Vous vous méprenez, comme tous ceux qui ont croisés ma route auparavant. Et ce n'est pas vos grandes épées ou vos fusils qui en changeront l'issue.
- Capitaine ! Réfléchissez bien à vos paroles. En sortant de cette cabine, la vie de votre équipage ne tiendra plus qu'à un fil.
- Terminez donc votre verre, mon équipage et moi-même ne sommes pas encore arrivés à destination.
- Puisque vous préférez m'ignorer, prenez donc vos responsabilités ! S'impatienta le capitaine Aramire en sortant de la cabine. Lieutenant ! Préparez-vous à... faire... feu ?

Sous le regard subjugué et troublé du chef de la marine impériale, l'équipage de son adversaire était sur le pont de la frégate tandis que le sien sur le galion. Contre la rembarde supérieure de ce dernier, la Capitaine Kyris, dont il venait pourtant à l'instant de quitter sa cabine, le saluait déjà aux commandes de la barre à roue du plus puissant vaisseau de l'Empire.
Son lieutenant, quant à lui accroché au mât du galion, murmura à son capitaine qu'il ne s'agissait pas là d'un équipage comme les autres. Que l'ensemble des matelots de l'Empire avaient perdu connaissance laissant le vaisseau à la seule direction de l'ennemi.
Plus étonnant encore, le Capitaine Aramire qui était persuadé qu'un équipage aussi réduit ne pourrait jamais s'organiser pour piloter une telle frégate, vit son navire à grandes voiles déployées, se déplacer comme par enchantement, tandis que les matelots du Capitaine Kyris les saluaient depuis le bastingage (rembarde située de chaque côté du pont d'un navire).

« Capitaine, s'approcha Davon inquiêt, comment vous sentez-vous ? Vous avez encore réalisé un miracle. Vos cheveux ont perdu leur éclat flamboyant. Arrêtons-nous dès que nous aurons suffisamment d'avance. »

Le nouveau lieutenant du vaisseau de guerre, Davon, observa silencieusement sa Capitaine lui répondre par son agréable et quotidien sourire.

Kyris aux commandes de la frégate impériale
Kyris aux commandes de la frégate impériale

08/12/2023


Un mois plus tard


Mélodie


Un mois plus tard, lorsque le Capitaine Aramire se présenta à la cour pour exprimer ses regrets et l'échec de sa mission auprès de l'Empereur, ce dernier, fou de rage, l'accusa d'avoir une fois de plus ridiculisé le royaume. S'il n'avait pas été un grand capitaine de la flotte impériale, il aurait fait de son exécution un exemple. Au lieu de cela, il lui retira son statut et lui imposa de rejoindre la flotte d'un corsaire qui s'était présenté à lui par appât du gain.

Sortant du palais impérial en direction du port, Aramire, démit de ses fonctions et de la reconnaissance dont il avait mis toute sa vie à bâtir, ne comptait pas en rester là. Il ferait partis de cet équipage, et reviendrait lui-même victorieux de cette mission coûte que coûte.

Sur le port, il trouva le quai où devait stationner le corsaire, mais il n'y trouvit qu'une embarcation de type caravelle, plus petite et moins armée que toute la panopelie de vaisseaux de guerre de l'Empire. Sur le ponton, une femme à l'allure de matelot taillait une figurine dans du bois. Il s'imposa pour demander s'il y avait un équipage de corsaire dans les environs, en mission pour l'Empereur. La femme le scruta alors de la tête aux pieds et soupira :

- Vous devez être le Capitaine Aramire... enfin, l'ex-capitaine. On nous a prévenu de votre présence à bord pour cette mission.
- Et vous êtes ?
- Appelez-moi Key, la pièce maîtresse de l'équipage. Répondit-elle fièrement.
- Vous êtes la Capitaine ?
- Non, je veux dire que je suis la pièce maîtresse après la Capitaine.
- Son lieutenant ?
- Non, enfin, après la lieutenante aussi. Peu importe. Nous n'attendions plus que vous. Voici notre bâteau.
- Encore une femme capitaine ? Et une lieutenante ? Et...
- Vous avez un problème contre les femmes, capitaine ? Quoique ça se comprend quand on sait par qui vous avez été volé.
- Vous ! Je ne vous permets pas. Et quel est ce rafiot, il n'y a pas un canon à babord. Quelle est cette mascarade ?

Key
Key, la pièce Maîtresse


Elle ricanna en l'invitant à monter à bord d'un geste de la main. L'équipage au complet, Key fait signe à tous de retirer les amarres et de lever les voiles. Aramire qui ne voyait ni capitaine ni lieutenante, s'inquiétait d'être monté à bord du bon navire.
- Où est votre Capitaine ?
- Capitaine Aramire ! s'écria une voix connue près de lui. Vous nous avez trouvé !
- Lieutenant Jam ! Que faites-vous ici ?
- Je me suis entretenu avec l'amiral de la flotte impériale. Je vous avais fait la promesse de vous suivre où que vous iriez. Après la décision de l'Empereur, je me devais de trouver un moyen de vous suivre.
- Je suis content de vous voir. Est-ce bien l'équipage corsaire au service de l'Empereur ?
- Tout à fait. Je n'ai jamais vu un tel équipage auparvant, il n'y a que des femmes à bord.
- Des femmes ? Est-ce une plaisanterie ? Comment allons-nous naviguer avec des femmes ?
- Je vous ai entendu, dit Key en cognant l'épaule d'Aramire de son poing serré en traversant le pont. Nous ne sommes pas n'importe quel équipage, matelot. Mais vous le verrez par vous même.
- Capitaine Aramire, je ne m'explique pas ce qu'il s'est passé avec le galion de la Capitaine Kyris le mois dernier, mais peut-être que ces gens ont quelque chose à offrir.
- Il n'y a même pas un canon, lieutenant. Qu'allons-nous bien pouvoir faire ? Et si des pirates nous attaquent ? Je ne vois aucun fusil sur leurs épaules non plus.
- Des canons, des fusils ? Laissez-moi rire, se moqua une matelot qui passait à côté. C'est vous le capitaine qui avait été ridiculisé par notre cible, une femme à l'allure frêle, n'est-ce pas ?
- Et vous êtes ? S'interposa le lieutenant Jam voyant Aramire bouillir.
- Je suis en charge du pont et des cuisines. Moi c'est Amie. Et pour votre gouverne, nous naviguerons bien plus vite et abilement sans canon dans cette caravèle, que vous ne l'auriez fait avec les vaisseaux de guerre de l'Empereur.

Aramire se sentit soudainement tout petit face à toutes ces femmes qui n'avaient guère peur de lui et ne le considéraient pas comme le Capitaine qu'il avait été, mais comme l'invité de l'Empire, ridiculisé par l'échec de sa mission.
Key s'approcha des deux hommes et leur recommanda de s'installer dans la cabine de la Capitaine en attendant son retour. Jam et Aramire déposèrent leurs épées et veston sur le bureau et réfléchissaient ensemble à ce qui avait pu justifier que l'Empereur fasse appel à leur service pour engager un tel équipage de corsaire. Mais se penchant sur la vitre à l'arrière de la cabine, Aramire observa que le navire quittait déjà le port. Se demandant si tout cela n'était pas un piège, il sortit aussitôt en trombe de la pièce et s'écria auprès de la première matelot qu'il attrapa, qu'il voulait voir tout de suite la Capitaine.

« Quand on parle du loup, répondit calmement Key qui tapotait l'épaule d'Aramire en lui montrant le ciel du doigt, il descend des cieux. »

L'instant d'après, un orage gronda au-dessus de leur tête et des éclairs jaillirent dans tous les sens tandis que la foudre frappa à quelques mètres d'eux, accompagné d'une pluie torrentielle soudaine et brève.

- Me voici, Capitaine Aramire, dit la femme qui se tenait devant tout l'équipage et dont l'énergie palpable de la foudre cliquetait autour d'elle. Je suis Elia, Capitaine de ce navire.

Capitaine Elia
Capitaine Elia du corsaire

09/12/2023


L'intrigante Key


Mélodie Atypique


Aramire, positionné sur la poupe du bateau, regardait vers l'horizon tandis que les flots défilaient à une allure plus soutenue que tout ce qu'il avait pu observer de toute sa vie. Il comprit que l'équipage de ce corsaire n'était pas de ceux que l'Empire peuvait aisément recruter. Certes il y voyait d'abord des femmes, mais l'étrangeté de la navigation et la position dans laquelle il était dorénavant le laissait penseur. Se pouvait-il que le Capitaine Kyris à qui il avait eu à faire puisse être de cette trempe-là ?

- Capitaine, dit Key qui s'était positionnée à quelques centimètres de son interlocutrice, vous sentez drôlement bon aujourd'hui.
- Qu'y a-t-il Key ? Ne veux-tu pas aller taquiner les hommes que nous avons à bord. Je dois me concentrer.
- Mais Capitaine, voilà une semaine que nous vogons. À cette allure, je n'aurais pas le temps de vous voir prendre un bain avant notre arrivée.
- Où allons-nous ? demanda Jam qui avait entendu la remarque.
- Là où des gens comme vous ne risquez pas de débarquer, répondit-elle sur le ton de la plaisanterie.
- Nous nous rendons au port d'Arkyra, répondit la Capitaine. D'après ce que votre capitaine a expliqué, la mission est de trouver une frégate de conception impériale. Il leur sera impossible d'amarrer à un quai du continent avec un navire de cette trempe. La seule possibilité est de se retrouver au port d'Arkyra.
- Mais... hésita Key, rares sont les matelots au courant de la localisation de cet endroit. Sans parler de sa localisation.
- C'est vrai, répondit Elia, mais c'est la seule destination logique. À naviguer pendant des semaines en mer, loin des côtes du continent, sur un galion qui plus est, et maintenant une frégate, il y a de très bonne chance pour que ce soit le cas.
- Elle a toujours raison, taquina Key auprès de Jam en montrant son Capitaine d'un pouce en arrière et d'un air de satisfaction et de fierté.

Jam s'amusa du comportement de Key mais se demandait encore bien des choses en se frottant le visage. Tandis que la Capitaine s'extirpa des griffes de Key, Jam tenta une approche :
- Excusez-moi, nous n'avons pas eu l'occasion de vraiment...
- Posez vos questions, matelot ! l'interrompit Key qui avait vu clair dans son jeu.

Il soupira et reprit en se tournant vers l'équipage en même temps :
- Nous n'avons pas aperçu de lieutenante, comme vous l'aviez mentionnée à mon capitaine.
- C'est que... Je suis Key, la pièce maîtresse de cet équipage ! À quoi bon une lieutenante ? Fit fièrement la femme.
- Veuillez m'excuser pour mon impolitesse, mais qu'est-ce que cela signifie ?
- Ah. Ce n'est plus si amusant si je dois rentrer dans les détails. Bon, eh bien, notre équipage ne compte pas de lieutenante. Ou plutôt, nous sommes toutes des lieutenantes. La hiérarchie s'arrête après la Capitaine, et selon ses besoins, nous serons chacune d'entre nous, à tour de rôle, la lieutenante qu'il lui faut.
- Pas de lieutenante ? Mais, comment faites-vous pour faire suivre les ordres du Capitaine ?
- Dites, lieutenant Jam, reprit-elle avec plus de sérieux, avez-vous vu que l'équipage avait besoin de quelconques directives pour faire voguer cette caravelle ?
- Je ne pense pas...
- La Capitaine nous permet de naviguer. Pour le reste, nous devons être prêtes à tous ses besoins. Et je réponds volontiers aussi à ses caprices.
- Je crois que je comprends. D'ailleurs, quel est ce port où nous nous rendons ? Questionna-t-il de plus bel. - Laissez-moi rire. Vous êtes marins et vous ignorez ne serait-ce que l'existence du port d'Arkyra ? Pour beaucoup il s'agit certes du conte de la Cité d'Arkyra, et pour d'autres, c'est le refuge des plus grands pirates et marins. Soyez honorés d'être à bord de ce rafiot. Mais tous en a entendu parler au moins une fois.

Tandis qu'ils discutèrent encore sur l'origine de cet équipage et la durée du trajet, il s'intérrogea également sur la raison pour laquelle cet équipage s'était présenté à l'Empire pour cette mission, et quelle en était la récompense promise ? À cela, Key changea radicalement de comportement, devenant froide et distante et lui rappelant qu'ils n'étaient tous deux que des invités.

Conversation Key et lieutenant Jam
Conversation Key et lieutenant Jam

11/12/2023


Le faux Capitaine


La Tempête se lève


Kyris s'était effondrée de fatigue après quelques heures à faire naviguer la frégate toute entière à sa seule force. Davon, son lieutenant, était bien incapable de faire avancer davantage un navire aussi grand et imposant, sans parler de la direction approximative qu'il risquerait d'emprunter à présent. Et pour ne pas arranger les choses, une tempête s'annonçait devant eux.

Davon ordonna de larguer les canons autant que faire se peut avant que la tempête ne leur arriva dessus. Les voiles remontées, le vent serait là d'un instant à l'autre et s'en défaire serait certainement la chose la plus dangereuse qu'ils aient eu à vivre depuis des semaines, sans l'aide de leur Capitaine.
Bien qu'une cinquantaine de batterie de canons furent éjectées dans les fonds marins avant que les premières vagues n'arrivèrent à la coque du navire, ce dernier n'en restait pas moins très haut et très large. Il serait sans aucun doute frappé de part et d'autre. Mais cette nuit-là, pour l'équipage, le seul objectif était de survivre.
Quand les orages furent au-dessus d'eux et que la tempête fit rage, Davon manqua presque de passer par dessus bord pour rattraper un noeud qu'un matelot avait oublié de fixer correctement. Quand il rejoignit le reste des marins en soute, il était méconnaissable, trempé jusqu'aux os et recouvert d'écumes et d'algues. C'était là une bonne nouvelle, s'ils arrivaient à passer le cape. Ils s'accrochèrent en fil indienne aux poutres intérieures de sorte qu'aucun ne puisse se retrouver seul, emporté, tandis que la capitaine inconsciente avait été ligotée.
Des heures durant, ils luttèrent, espérant que le vaisseau ne se retourna pas.

Quand les secousses cessèrent et que le grognement du tonnerre s'éloigna enfin, ils purent sortir sur le pont pour observer les dégâts. C'était là un étrange spectacle, car les mâts et les voiles avaient tous été arrachés, et à leur place, des tonnes d'algues avaient recouverts le pont.
Les dégâts du navire étaient tels, que Davon songea qu'il n'était désormais plus possible de naviguer avec. Quant aux algues, cela devait justifier qu'une côte avait été balayée de ses déchets non loin aux alentours. Toutefois, sans mât pour guêter l'horizon, c'était peine perdue de tenter de s'y rendre en canot.

Abattu, Davon rentra dans la cabine de la Capitaine, et s'approcha de sa cheffe qu'ils avaient réinstallé là.
« Capitaine, dit-il à voix basse et désespéré, qu'allons-nous devenir si vous ne vous réveillez pas ? Le navire n'est plus qu'une épave et nous ignorons où nous sommes et quelle direction suivre. »
Mais tandis qu'il désespérait de se retrouver seul et perdu, un matelot s'écria sur le pont, accusant que les problèmes n'étaient guère finis.

- Des pirates ! Des pirates lieutenant ! S'écriait-il. À babord ! Des pirates !
- Tous à vos postes ! Prenez les armes ! Se reprit Davon qui retourna chercher ses affaires en cabine.
- Lieutenant, nous n'avons plus de canons, tout est en mer !
- Ils doivent nous avoir observé depuis l'extérieur de la tempête. Sans mât, ils savent que nous sommes vulnérables. Que tout le monde se prépare à l'abordage !
- Nous aurions dû garder les armes de l'Empire. Fit un autre.
- Soyez prêts ! S'exclama Nalek brandissant son épée.

Davon se mit le plus haut possible du pont et s'adressant à son équipage, il leur demanda de ne pas trahir leur capitaine. Pour la protéger, comme elle les avait protégé auparavant, il leur demanda à tous de le désigner comme seul Capitaine à bord. Afin de protéger Kyris, Boris et James déplacèrent la Capitaine en soute et la cachèrent derrière des tonneaux.

Quand le navire ennemi fut à porter de grappin, les cordes fusèrent et les planches en bois furent disposées entre chaque passerelle. Les pirates étaient armés de fusils ce qui empêcha l'équipage de Davon de riposter et durent déposer les armes aussitôt.

Le capitaine de l'ennemi était un homme d'une longue barbe noir, il boîtait sur sa jambe de bois droite et son épée faisait grincé le bois sur lequel il la laissait traîner.
- Voici donc un navire impérial en piteux état. Dit-il en observant les dommages. Mais ce n'est pas là un équipage de l'Empire. Êtes-vous des pirates ? Demanda-t-il.
- Nous ne sommes pas des pirates, mais des pêcheurs. Nous avons été dépêchés par l'Empire mais nos pêches sont infructueuses, comme vous pouvez le voir.
- Ah ! Me prenez-vous pour un idiot ? Quel lepêche était-ce quand vous jetiez vos canons à la mer plus tôt ? Qui est votre Capitaine ?
- C'est moi-même, répondit Davon qui faisait face.
- Capitaine, dites-moi plutôt ce que vous faites sur un navire impérial sans autorisation ? Y a-t-il des richesses que vous essayez de nous cacher ?
- Je l'admets. Mon équipage et moi-même avons été fait prisonnier par l'Empire puis la mer nous a libéré de l'oppresseur. Vous avez dû voir comme la tempête a été féroce.
- C'est un fait. Et vous prétendez qu'aucun marin de l'empire n'aurait survécu, mais vous autres, oui ? Puisque vous me prenez pour un idiot, nous allons voir lequel de ces matelots serait prêt à donner sa vie pour s'excuser de vos bêtises. Alors ? Qui d'entre vous est prêt à sacrifier sa vie pour son Capitaine ?

Pirate et Davon
La vie de Davon entre les mains du Pirate


La fin du capitaine Davon


Comme le silence règnait, le pirate reformula sa question :
- Voici ce que je propose. Tout matelot qui rejoint mon équipage et me prête allégeance, se verra nourrit et traiter avec respect. Je n'ai que faire de votre honneur. Mieux vaut un homme solide et prêt à combattre, qu'une âme perdue en mer. Tous ceux qui refuseront de me rejoindre pourront couler en mer aux côtés de leur capitaine, une pierre à votre pied.
- Satané pirate ! Vous le paierez.
- C'est vous, capitaine de ce rafiot, qui allez payer. Allez chercher les trésors de ce navire, ordonna-t-il à quelques uns de ses matelots, tandis qu'il tenait en joug Davon de sa longue lame.
- Je vous l'interdis ! Si vous voulez piller ce navire, il faudra d'abord me tuer !
- En voilà un capitaine bien téméraire. Puisque c'est ainsi, vous montrerez l'exemple. Agus, appela-t-il, va me chercher mon canon !
- Votre canon ?
- Donnez-moi votre nom. Il y a un code, mon garçon, et pirate ou pêcheur, personne n'échappe au code sur les mers.
- Je suis le Capitaine Davon. Vous pouvez mettre votre code où je pense.
- Ce code, Capitaine Davon, va aller droit dans votre tête. En parlant de ce code, je me nomme Erfarin, Capitaine Erfarin. Voici le nom de l'homme qui va vous ôter la vie.

Agus revint avec une boîte ornée d'or, dans laquelle se trouvait un revolver d'or, une balle ronde et de la poudre à canon. Le matelot l'assembla pour son capitaine tandis que ce dernier demanda à Davon de reculer de quelques pas et d'affronter fièrement la mort, donnant l'exemple à son équipage.

« Auriez-vous une dernière parole, jeune homme ? »

L'équipage s'effrayait de voir la scène prendre cette tournure si vite. En quelques instants, leur lieutenant s'était positionné en cible prioritaire pour défendre la Capitaine. C'était une scène belle mais triste qu'aucun n'osait contredire.

« Puisque c'est ainsi, le silence vous accompagnera dans les profondeurs de la mer. »

La bougie se mit à fumer, se consummant jusqu'au compartiment de la poudre à canon, où le coup de feu partit. La déflagration projeta le bras de l'attaquant vers le ciel, tandis que la bille d'acier pourfendit l'air, brûlant le veston du lieutenant et perforant sa poitrine droite de part et d'autre avant de finir sa course sur le sol. Davon, quant à lui, s'effondra, face contre sol, baignant dans une marre de sang qui grandissait de seconde en seconde.

« Il est toujours aussi difficile de viser juste avec cette arme, s'étonna le pirate. Range-moi ça Agus. »

Les cris d'effrois et les pleurs de l'équipage retentirent et méprisant l'assassin, ils s'agitèrent de colère prêts à se battre. Et tandis qu'Erfarin se retourna pour regarder l'agitation et donner l'ordre de se taire, la porte de la soute s'ouvrit.
Kyris, qui pénait à marcher correctement regarda la scène devant elle de son regard attendrissant, quand elle vit soudainement Davon au sol, dans une marre de sang.
« Qu'est-ce que... »
Elle leva les yeux vers l'équipage qui pleurait et s'agitait, puis vers Davon et enfin les étrangers tout autour d'eux. En un instant, son regard se changea, elle comprit la situation et la détonation qui l'avait sortit de son repos. Son humeur changea, ses larmes se mirent à couler et son énergie s'échappa de tout son corps. Sa tristesse et sa colère prirent l'avantage sur sa gentillesse, et dans un excès de peine, elle libéra une partie de sa puissance.
Ses pieds se mirent à brûler la surface du sol tandis qu'elle s'avança pas à pas vers l'assassin.
Kyris en pleur
Kyris en pleur


Le Pirate s'empressa de recharger l'arme qu'il avait remis dans la boîte en voyant l'aura meurtrière s'échapper de la femme. Il ignorait ce qu'elle était, mais du plus profond de ses entrailles, il n'avait jamais ressentis une pareille peur. S'il n'avait pas été aussi vieux et expérimenté, il n'aurait jamais pu avoir la force mentale de bouger le petit doigt. Tremblant de terreur, il réussit à insérer une autre bille dans le canon, mais l'engin brûlait si fort qu'il se mettait à fondre sur ses membres. Bien que la douleur fut intense et que la ferraille s'unit à sa chaire, il restait terrifié à l'avancée de cette femme vers lui tandis que ses pas en fusion faisaient fondre le bois à son contact.

Une lumière aveuglante et orangée émanait de ce corps vengeur et les larmes qui s'échappaient de ses yeux finissaient par s'évaporer. Elle resserra le poing fermement, s'apprêtant à abattre sa justice sur ce monde. Dans le ciel, on pouvait voir que les cieux s'embrasaient comme si une divinité allait raser l'océan de la carte. Mais quand son pied frôla le corps de Davon, ce dernier attrapa sa cheville comme un dernier effort de rédemption.

Elle s'arrêta aussitôt, ses yeux reprirent des couleurs et son corps cessa de luir. Elle s'empressa de s'agenouiller aux côtés de Davon et vit la balle à ses côtés. Elle lui était passée au travers. La poigne de l'homme ne se desserrait pas de la cheville de sa Capitaine, alors Kyris y vit encore l'espoir de le sauver. Elle fit fi de tout ce qui l'entourait, de son équipage comme celui de l'ennemi, et se pencha vers Davon, apposant ses mains sur la blessure, insufflant toute l'énergie nécessaire pour cautériser la plaie des deux côtés.

Kyris soigne Davon
Kyris soigne Davon


En même temps, Erfarin ordonna à son équipage de revenir sur leur bâteau pour fuir, mais aucun n'osait plus bouger depuis qu'ils avaient été traversés par la vague d'énergie meurtrière de Kyris. Le temps semblait s'être arrêté tandis que des larmes de sang coulaient des yeux de Kyris jusqu'à ce que ce soit finit.

Ce fut un miracle, Davon toussota avec difficulté et reprit connaissance. L'équipage s'attroupa autour de lui et pleurait de culpabilité et de pardon. Ils remercièrent leur Capitaine d'être revenue à elle et pièrent qu'elle leur pardonnerait. Mais Kyris n'avait que faire d'une telle culpabilité, seul le pirate en était la cause. Elle se releva et tendit sa main vers sa cabine d'où son épée vola. Au contact de la poigne, l'épée toute entière se mit à flamber. Elle n'en avait pas finit avec lui.
Bien que les autres la virent s'éloigner, ils aidèrent Davon à se redresser et le supplier à son tour de les pardonner. Mais Erfarin, épée tendue d'une main, tandis que l'autre n'était plus qu'un composite d'or, de poudre et de chaire, savait qu'il ne pourrait rien contre une telle force de la nature.

« Qu'est-ce que vous êtes ! » S'écria-t-il à l'approche de la femme. « Je... Je ne voulais pas le blesser. Juste l'intimidé. J'ai visé son épaule exprès. Écoutez-moi ! Écoutez-moi ! »

Mais Kyris était sourde de toutes ces excuses. : « Je suis... la Capitaine de cet équipage. Nul ne restera impunis d'avoir blessé mon... Davon. »

Elle brandit son épée au-dessus de sa tête, ci-bien que toute l'énergie qui l'entourait jusqu'alors s'émancipa en une ombre rougeoyante et divine qui brûlait les cieux.

« Capitaine ! S'écria Davon de toute ses forces, arrêtez... Vous n'êtes pas cette personne là. Vous êtes notre chaleureuse et attendrissante... Capitaine. » Lança Davon entre deux toussotements ensanglantés. « Revenez parmi nous... Capitaine. »

Des larmes au feu qui s'étaient emparés de l'esprit de Kyris, seule la voix de Davon l'atteignit. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle s'arrêta là, rabaissant son bras vengeur et se destituant de sa combustion. Elle ferma les yeux et tandis que le ciel se mit à pleuvoir, elle recouvra son sang froid.

- Votre bâteau est maintenant le mien. Que je ne croise plus jamais votre chemin. Dit-elle aux pirates.
- J'invoque le Code des marins. Répondit Erfarin voyant la frégate en piteux état. Nous nous faisons prisonniers.
- Ainsi soit-il. Répondit-elle sèchement.

Kyris Vengeresse
Kyris Vengeresse

11/12/2023


Une rencontre inattendue


Mélodie Atypique


Quelques heures plus tôt, tandis que la caravelle de l'équipage d'Elia battait son plein vers le port d'Arkyra, une tempête se leva au loin. Elles purent la contourner du fait de la distance qui les en séparait, mais furent tout de même intriguées par l'étrange atmosphère qui apparue après que le temps se soit adoucis. L'horizon rougeoyant et les cieux qui semblèrent prendre feu intriga la Capitaine qui songea à ce qui avait pu arriver. Et c'est ainsi que le transport d'Aramire prit la direction, sans le savoir, du nouveau navire de la Capitaine Kyris, ayant sauvée de justesse son lieutenant.

Tandis que le navire pirate de type brick vogait à pleine poussée, Davon descendit en soute pour faire face à leurs prisonniers et leur servir le repas du jour. Le capitaine Erfarin ainsi que ses matelots étaient tous enchaînés et pieds et poings liés. Même s'il n'était pas en condition de savourer un reste de ragoût, cela leur suffisait tout de même d'ici qu'ils arrivent au port.

- Mon garçon, dit Erfarin en le voyant servir les écuelles, vous semblez vous en êtes remis rapidement. Dites-moi quelle est la chose que vous servez en temps que capitaine ? Avec la lumière qu'elle a dégagé plus tôt, c'est sûr que tous les pirates des alentours vont venir réclamer leurs trésors.
- Ne vous inquiétez pas pour ça. Quand nous arriverons au port d'Arkyra, nous en aurons fini avec vous.
- Arkyra ? Ah ! Hahaha ! C'est là que nous nous rendons ? Ah !
- Qu'est-ce qui vous fait rire ? Répondit Davon qui commençait à s'impatienter de la désinvolture du vieil homme.
- Le code des marins, mon garçon. La cité d'Arkyra respecte le code. Une fois que vous aurez amarré, mon équipage et moi-même serons libres. Nul ne peut être fait prisonnier à Arkyra.
- Balivernes.
- Oh, vous verrez bien. Et alors je reviendrais m'occuper personnellement de votre capitaine. Peu importe ce qu'elle est, nous viendrons d'abord savourer son corps de délice, puis, je lui ferais subir ce qu'elle a fait à ma main droite. Se rejouit le pirate en déglutinant bestialement, se délectant déjà de son projet.

Mais pour Davon, tout cela ne devait pas arriver. Il déposa la dernière soupe et remonta jusque dans la cabine de la Capitaine, entendant encore les rires incessants du prisonnier. Nalek et James qui étaient sur le pont, virent de nouveau Davon se rendre dans la soute, cette fois-ci munit de son épée personnelle. Ils le suivirent discrètement et écoutèrent du haut des escaliers.

- Vieux pervers. dit Davon d'une voix grave en fixant son interlocuteur.
- Le code, mon garçon ! Il me tarde de festoyer de nos retrouvailles, de palper la chaire de cette bête aux cheveux de rouille. Ahahah !

Brandissant son épée vers chacune des têtes de l'équipage pirate, Davon arrête son mouvement devant celle de leur capitaine.

- Si quelqu'un d'autre n'émet ne serait-ce qu'un bruit, il rejoindra son capitaine, est-ce que c'est clair ?
- Que fais-tu mon garçon ? Le code interdit de s'en prendre aux prisonniers. Repose donc cette épée, tu risques de te blesser avec.
- Je vais vous dire une chose, capitaine Erfarin. Votre nom sombrera dans l'oublis, votre existence sera effacée de la mémoire de tous, et... vous ne toucherez jamais le sol de cette cité de votre vivant.
- Gamin, reposez votre épée immédiatement.
- Je ne suis pas ce gamin, je suis le lieutenant Davon, responsable de cet équipage, et je me moque bien de votre code. Un code créé pour des raclures dans votre genre sans doute. J'en ai assez de vous entendre geindre des horreurs que vous comptez perpétrer. Et si ce que vous dites est vrai, il est hors de question que je vous laisse en vie. Alors je vous le dis, à vous, et à tous ceux ici qui m'écoutez, si vous voulez la vie sauve, taisez-vous. Quant à vous, capitaine à la noix, vous ne méritez pas de vivre en présence de la nôtre.
- Gam...

Erfarin ne put finir sa phrase car la lame tranchante de Davon s'enfonçait centimètre après centimètre dans sa gorge. Le sang jaillissait à flot mais aucun des pirates ne broncha. Tous pouvaient voir la terreur dans les yeux du capitaine qui cherchait refuge dans le regard des siens mais qui n'y trouva que leur mépris et peut-être, leur soulagement. Quand il retira son épée du corps inerte du vieil homme, Davon trancha l'air d'un coup sec, retirant le sang chaud du marin de sa lame.

« Quiconque élèvera la voix subira le même sort. »

En remontant, il croisa le regard de James et Nalek qui avaient écouté et regardé la scène. Leur lieutenant soupira mais il trouva malgré tout leur réconfort quand ils posèrent tour à tour leur main sur ses épaules. Aucun mot ne s'échangea mais leurs regards complices portèrent ensemble cette responsabilité. Au nom du lieutenant qui donna sa vie pour l'équipage, et de la Capitaine qui sauva ce dernier, tout l'équipage était prêt à garder sous silence ce qu'il considérait comme une décision juste et protectrice.

La fin d'Erfarin
La fin d'Erfarin


11/12/2023
Quand ils arrivèrent enfin devant les côtes de l'archipel où se trouvait le port d'Arkyra, les matelots s'émerveillèrent que cet endroit exista bel et bien et que des hammeaux existaient déjà tout autour de la grande cité. On pouvait y voir de nombreux ports ça-et-là et des cascades qui les surplombaient, abritant dans les hauteurs les différents lieux de vies qui s'y étaient érigés. Mais au-delà de ces premiers contacts visuels, l'on discernait une gigantesque statue d'un homme et d'une épée qui surplombaient l'archipel à des kilomètres à la ronde. Il était évident pour tout l'équipage que c'était là-bas que leur Capitaine les amenait.
Mais si près de but, Kyris remarqua qu'une caravelle se rapprochait précisément sur sa position. Même si elle ne reconnut pas le drapeau qui flottait sur le mât principal de cette dernière, elle reconnut toutefois le visage du capitaine Aramire sur la proue du navire. Encore une fois, il était évident qu'une confrontation aurait lieu.

La Cité d'Arkyra
La Cité d'Arkyra

Le lieutenant Davon ordonna à l'équipage de se préparer au combat cette fois-ci, tandis que la Capitaine s'habilla en conséquence, enfila ce qu'elle avait de plus personnel, notamment un long chale bleu violacé, une ceinture, un bracelet orné de glyphes et de pierres précieuses et s'arma de son épée qu'elle n'avait plus touché depuis qu'elle était devenue Capitaine de ces hommes.

« Lieutenant, venez dans ma cabine. » Ordonna Kyris de sa douce voix.

Quand il entra, elle le fit s'asseoir sur la chaise devant le bureau fixés au sol, et observa ses bandages.
- Je vais vous les changer avant que nous n'ayons plus le temps.
- Ce n'est pas à vous de faire cela, Capitaine. Et puis...
- C'est ma faute si vous êtes dans cet état là. Laissez-moi faire, c'est un ordre.
- Très bien, Capitaine.

Tandis qu'il resta silencieux pendant qu'elle changeait les tissus, Kyris chuchota qu'elle le remerciait d'avoir pris autant de risques pour la protéger. Elle se sentait intimidé par Davon, qui n'était pas revenu sur le sujet depuis l'incident.
- Vous n'avez pas besoin de me remercier Capitaine. Si c'était à refaire, je n'hésiterai pas.
- Tu es stupide. Je ne veux pas que tu te sacrifies. Cette-fois donc, je t'interdis de sortir d'ici.
- Comment ! Capitaine ! Si nous devons affronter l'Empire de nouveau, j'en serais !
- Non... Cette fois, c'est à moi de régler ça. Par ma faute, vous auriez pu tous finir au fond de l'océan. Je dois prendre mes responsabilités. Puisque l'Empire ne souhaite pas me laisser tranquille, je me battrais.
- Puis-je parler librement, Capitaine ?
- Je t'en prie.
- Vous vous apprêtez à sortir affronter l'ennemi comme si vous sortiez vous ressourcer... Et cette grande épée, je ne vous ai jamais vu la manier.
- Qu'insinues-tu, Davon ?
- Ce que je veux dire, c'est que vous avez des capacités hors norme, c'est certain, vous nous avez montré vos prouesses par le passé, mais rien qui puisse justifier que vous sauriez vous battre.

Kyris se mit à rire chaleureusement, et les larmes aux yeux, elle se jeta autour du cou de Davon soudainement :
- Tu es si gentil. Si tu avais été capitaine quand je vous ai tous rencontré, je n'aurais pas cherché à l'être à ta place. Ta gentillesse et ton côté protecteur me touche sincèrement.
- Que... voulez-vous dire, Capitaine ?
- Je suis sincèrement émue que tu souhaites me protéger. Mais cette fois-ci, ordre du Capitaine, tu n'en feras rien. Je m'occupe du reste. Dit-elle alors en déposant sa main sur la poitrine de l'homme et en se décollant de son cou.

L'énergie qui le traversa alors le fit s'évanouir aussitôt. Elle le rattrapa et l'allongea sur son lit, condamnant la porte de sa cabine derrière elle.

« Nul ne risquera sa vie aujourd'hui, mes amis ! » s'écrie-t-elle sur le pont alors que tous la regarde surpris.
Ils arrêtèrent leurs tâches pour la rjeoindre et lui jurer qu'ils donneront leur vie pour la protéger. Mais leur Capitaine n'en démortis pas et leur ordonna de ne rien tenter. « Cette fois-ci, dit-elle en prenant le fourreau de son épée en main, je me battrais pour vous. »

Lorsque le navire s'échoua sur la plage la plus proche, l'équipage se réfugia à l'orée des bois tandis que la Capitaine Kyris attendit patiemment qu'on vienne jusqu'à elle sur le sable fin.


Sur la caravelle qui s'approchait, la Capitaine Elia prépara son équipage à rester en alerte, et nomma Key lieutenant en son absence. Quant aux invités, Aramire et Jam, aucun des d'eux n'étaient autorisés à quitter le navire. En s'approchant de son amie, Key demanda à sa Capitaine de promettre qu'elle reviendrait saine et sauve de ce conflit.

- Que se passe-t-il ? Demanda Jam à la lieutenante.
- Il semblerait que la Capitaine Kyris nous attende sur le rivage. Puisqu'elle est seule, notre Capitaine a décidé de lui faire front de sa seule présence. Une marque de respect et d'honneur. À l'oré de la cité d'Arkyra, mieux vaut-il faire les choses correctement.
- Foutaises ! S'énerva Aramire, nous devrions tous descendre et en finir avec elle et son équipage.
- Si vous n'osez, ne serait-ce que plongé hors du navire, je m'occuperai personnellement de vous mettre une balle entre vos deux yeux, capitaine Aramire. Fit Key sèchement.
- Ts ! Si c'est ainsi, j'espère que votre Capitaine saura au moins se battre. Cette femme était anormale. Lança-t-il agacé de sa situation.
- Je l'espère aussi. Soupira la lieutenante en invitant tout l'équipage à l'arrière du bateau après que l'ancre ait été jetée et que la coque ait tourné autour de celle-ci.
Que ce soit depuis la cabine de la Capitaine Kyris où Davon reprenait ses esprits, ou des navires où se trouvaient chacun des deux équipages, nul ne pouvait entendre ce qu'il se passait sur cette plage, où Kyris et Elia se faisaient front.

Confrontation d'Elia et Kyris
Confrontation d'Elia et Kyris

Confrontation de Kyris et Elia
Confrontation de Kyris et Elia


L'Épée Fondatrice


La Vérité


Elia sortit de l'eau, comme s'il s'agissait d'une sireine qui prenait forme humaine au contact du sable blanc, tandis que Kyris, souriante comme à son habitude, la regardait s'approcher calmement.

- Vous devez être la célèbre Capitaine Kyris, dont tout l'Empire parle ?
- Je suis bien Capitaine, et mon nom est bien Kyris. J'aurais souhaité ne pas être le sujet de l'Empire cela dit. Répondit-elle en se grattant le crâne de gêne. Et vous êtes ?
- Je suis la Capitaine Eila. Je suis ravis de faire enfin votre connaissance.
- Enfin ma connaissance ? Répéta-t-elle surprise.
- C'est vrai... J'oubliais. Vous ne me connaissez pas, mais je vous cherche depuis de nombreuses années maintenant.

Amusée, Kyris lui sourit de son plus grand sourire et reprit avec curiosité :
- Je suis désolée, je crois que vous faites erreur. Je ne suis pas si âgée. S'amusa-t-elle. De plus, n'êtes-vous pas là pour l'Empereur ? Pour me ramener et pour me juger ?
- L'Empereur ? Que cet homme aille au diable. Je sais pour quelles raisons vous êtes enfin rentrée.
- Qui êtes-vous ? Interrogea-t-elle en s'approchant d'Elia avec étonnement et curiosité. Que savez-vous ?
- Je connais votre histoire, Kyris. Ou devrais-je dire, amirale de la flotte de la cité d'Arkyra. Vous êtes partis à la recherche de l'Épée Fondatrice de cette cité lorsqu'elle a été volée. C'était pour vous, le symbole de la puissance et de l'émancipation de cet endroit.
- Vous... Vous êtes aussi d'Arkyra ? - En effet. Et votre départ, bien que respectable, n'était pas souhaité de tous. - Je crois que je suis démasquée. Mais ça ne fait rien, je suis de retour, et avec l'épée.
- Mon équipage et moi-même sommes partis à votre recherche après que le Conseil ait décidé que cette épée ne devait pas être retrouvée. Le Fondateur avait lui-même orchestré sa disparition de sorte que personne ne puisse un jour diriger la cité en son nom. Mais pour vous, amirale, cette épée représentait tout ce pourquoi vous protégiez si ardamment cet archipel, et vous ignoriez ce détail.
- Si ce que vous dites est vrai, ni l'épée, ni l'amirale Kyris n'est attendue au Conseil. Soupira-t-elle en parlant de son statut comme une relique oubliée.

Kyris dégaina alors l'épée de son fourreau. Les runes qui y étaient gravées se mirent à briller et l'énergie de la lame s'émancipa de seconde en seconde, enveloppant la main de la Capitaine, puis le bras, jusqu'à l'envelopper toute entière.
- Je peux sentir la présence de notre Fondateur en elle. Je comprends pourquoi il l'a fait disparaître jadis avant de disparaître à son tour. Avec cette énergie, il me serait facile de raser la cité, ou de l'asservir. Mais, au fond, songea-t-elle à voix haute, j'ai vécu de belles années en mer et... J'aime les compagnons que je me suis fait. Croyez-vous que l'on puisse oublier mon passé ? Vous et moi ?
- Voulez-vous dire que vous ne comptez pas utiliser l'Épée Fondatrice ? Vous préfèreriez abandonner votre poste et vivre une vie de marin, Capitaine ?
- Le pourrais-je ? S'inquiéta Kyris en se laissant tomber sur ses genoux.

C'est alors qu'elle entendit son nom haut et fort, puis remarqua que Davon s'était jeté à l'eau, sautant depuis la fenêtre de la cabine, et nageant non sans peine jusqu'à la plage.
- Capitaine ! N'abandonnez pas ! S'écriait-il en voyant sa supérieure à genoux devant Elia.
- Davon ? Que fais-tu là ?
- Davon ? Se questionna Elia qui voyait l'homme avancer vers Kyris. En voilà un homme déterminé.

Il se jeta sur l'épée que tenait Kyris au sol, et la brandit de ses deux mains pour la tendre vers l'ennemi. La puissance de la lame propulsa un souffle titanesque à son contact et le ciel se mit à gronder comme si la foudre allait s'abattre sur le lieutenant. Elia se recula de quelques pas tandis que Kyris récupéra in extremis l'arme, absorbant toute la puissance qui venait d'être libérée.

- Davon ! Est-ce que ça va ? Paniqua-t-elle en le voyant au sol, endolori.
- Toute cette puissance, et vous l'avez maîtrisée si vite... Amirale...
- Appelez-moi Kyris. Je sens que vous et moi, nous ne sommes pas si différentes. Répondit-elle avec douceur.
- Kyris... Nul ne pourrait s'opposer à ce que vous dirigiez notre cité. Toutefois, si ce n'est pas votre souhait, alors je serais honorée de vous compter comme une alliée au-delà les mers.
- Capitaine Elia, veuillez aider mon... lieutenant. Et je vous promets que nous serons amies.

Aussitôt proposé, Elia et Kyris se rendirent sur la caravelle pour soigner Davon de toute la puissance qu'il venait de recevoir et qu'aucun humain n'était censé toucher. Épée Fondatrice de l'Amirale Kyris
Épée Fondatrice


Mais en arrivant sur le bâteau, Aramire vit là l'opportunité de se débarasser une bonne fois pour toute de celle qu'il s'était juré de battre. Il s'avança vers les deux capitaines et l'équipage sous le regard surpris de Jam qui compris rapidement ses intentions. Il tenta de le rattraper et de s'interposer mais Aramire était bien décidé et lui fit comprendre que personne ne l'arrêterai.
Au moment d'arriver à hauteur de l'attroupement dans la cabine d'Elia, où Davon avait été allongé, Jam sauta sur son capitaine pour le faire trébucher mais en vain. Aramire qui était un homme grand et robuste, se sépara de l'étreinte et lui laissa un coup de poignard dans le ventre. C'est alors que Key se retourna et vit Aramire armé et décidé, s'avancer vers elles. Mais Key n'eut que le temps de prévenir Elia et Kyris, qu'au moment de se retourner, Aramire était déjà au-dessus de sa cible, prêt à frapper.


L'espace d'un instant, le temps s'arrêta, et sous le regard surpris de Kyris, puis agacé d'Aramire, Elia venait de se déchaîner.
Seuls Kyris, Aramire et elle-même n'étaient pas figés par le temps, et tandis qu'elles se levèrent ensemble, Elia brandit son bras vers l'homme qui se trouvait à quelques pas d'elle, tandis que l'énergie qu'elle dégagea pris la forme de sa main et entourra puis serra la gorge de l'ex-capitaine impérial. Il lâcha rapidement sa dague et tenta de se défaire de l'emprise qui lui coupait le souffle.
Pendant qu'Elia transportait l'assassin par la seule force de son énergie jusqu'à l'extérieur de la cabine, Kyris les suivait, une main sur la poigne de l'Épée Fondatrice, prête à dégainer.
- Célérat ! Vous n'êtes qu'un moins que rien. Tentez de vous en prendre à nous, c'est une chose, mais poignardé votre propre lieutenant, c'est impardonnable. S'insurgea Elia.
- Vous... vous deux... Vous êtes... des monstres. S'exprima avec peine Aramire qui respirait faiblement sous l'étreinte.
- Elia, vous êtes aussi une...
- Oui, Kyris, je n'ai pas été toute à fait honnête avec vous. Répondit Elia en tenant fermement l'étreinte énergétique autour du cou de l'homme. Vous et moi, venons du même monde. Mais votre départ de cette cité m'a poussée à vous chercher. Vous étiez la seule des nôtres dont je connaissais le nom et le visage.
- Mais bon sang... Qu'est-ce que vous êtes ! S'écria Aramire qui ne supportait pas son humiliation.
- Kyris, nous devons nous rendre au port de la cité au plus vite si nous voulons sauver votre Davon ainsi que ce Jam. Mais vous devrez attendre ici, sans quoi l'Épée pourrait créer un conflit d'intérpet.
- Je comprends. Et que comptez-vous faire de cet homme ?
- Je me vois mal tuer un capitaine de l'Empire. Répondit Elia concentrée.

Elles finirent par l'attacher au mât et préparèrent des barques avec leur équipage pour qu'ils se rendent tous à la cité d'Arkyra pour demander de l'aide, promettant bientôt leur retour. Kyris, quant à elle, accepta de rester en secret sur la caravelle et à veiller à ce que personne ne découvre qu'elle était en possession de l'Épée Fondatrice, et de garder un oeil sur Aramire.
Tandis que les heures passèrent et qu'Aramire reprit connaissance attaché au mât, il se mit à rire frénétiquement, d'un rire moqueur qui finit par intriguer la jeune femme:
- Avez-vous perdu la tête ? L'oxygène vous a manqué ?
- Vous êtes des abominations. Mais peu importe, se résigna-t-il, car tout cela sera bientôt fini.
- Devrais-je mettre fin à votre démence ? Proposa Kyris amusée.
- Que vous me tuiez ou pas, dit-il lentement, vous allez mourir ici. Croyez-vous que l'Empereur aurait mis ses espoirs dans un équipage de femmes ?
- Que voulez-vous dire ?
- L'armada de l'Empereur va venir jusqu'ici, traquand ce navire. Ce n'est qu'une question de temps... et vous périrez, tous, et vous la première.

Inquiète, Kyris s'avança sur la proue pour observer l'horizon mais ne voyait rien. Elle décida alors de monter sur le haut du mât pour y voir plus loin grâce à sa longue vue. C'est en commençant à grimper sur l'échelle que des cloches retentirent les unes après les autres, de parts et d'autres de l'archipel.

« Les voilà ! ricanna fièrement Aramire. »

La puissance d'Elia
La puissance d'Elia



18/12/2023


1 contre 1000


Une contre 1000


Kyris avait compris au son des cloches de tout l'archipel que la flotte de l'Empire était là et, que contre toute attente, elle serait le seul rempart véritable avant la précieuse cité qu'elle avait jadis promis de défendre en temps qu'amirale de la flotte.

« Qu'allez-vous donc faire, capitaine Kyris ? » Se moqua Aramire qui la voyait regarder à babord et à tribord la flotte adverse qui apparaissait peu et à peu et dont la quantité de voiles justifiaient d'une flotte titanesque et destructrice. « Même si vous demandiez de l'aide à votre congénère, reprit-il, vous ne pourriez rien y faire, votre fin a été annoncée dès que l'Empereur a voulu votre disparition. »

Kyris réfléchissait à la décision à prendre. Elle pouvait tenter de s'enfuir en espérant alors que la flotte la suivrait, mais face au trésor que représentait cet archipel, il y avait fort à parier qu'une partie de l'armada resterait pour piller les îles. Mais essayant de réfléchir, elle entendait Aramire jacasser à ses côtés comme s'il était victorieux d'un combat qu'il ne menait pas, quand lui vint alors une idée :
- Capitaine Aramire, dit-elle inquiète, nous pourrions passer un accord.
- Je ne marchande pas avec des bêtes démoniaques, ou peu importe ce que vous êtes.
- Vous préféreriez mourir qu'avoir la vie sauve et être le héros de cette chasse à l'homme ?

Aramire soupira et réfléchis un instant :
- Continuez.
- Si je suis la cible prioritaire de cette flotte, alors si je ne me rends pas, ce navire va couler, et vous à bord, attacher à ce mât. Je ne partirais donc pas seule.
- C'est une bonne remarque. Que proposez-vous ?

- Si vous êtes capable de cesser cette attaque et de protéger cet archipel d'un pillage, je me rends sans opposer de résistance et vous serez sans doute récompensé à la hauteur de ma capture, par l'Empereur.
- Détachez-moi, que j'y réfléchisse. Si vous déposez les armes, alors je ferais le nécessaire.
- N'avez-vous qu'une parole, capitaine Aramire ?
- Avez-vous vraiment le choix ? Me faire confiance, ou périr ensemble, que préférez-vous ? Questionna-t-il excité par la situation qui tournait à son avantage.

Kyris accepta le marché, détacha Aramire et se laissa ligoter à son tour contre le mât du bâteau. Aramire quant à lui jubilait de la position qu'il venait d'acquérir, changeant le drapeau du bâteau en y hissant un drapeau blanc, signe d'un cessez le feu afin que la flotte s'en approcha. L'Épée Fondatrice de la capitaine était ceintrée au dos de l'homme qui attendait que le premier navire les accostes. C'était là une grande frégate, certainement l'éclaireur impérial.
Quand les premiers matelots montèrent à bord de la caravelle, ils virent Aramire et Kyris face à face. Aramire qui portait un uniforme de l'Empire se réjouissait de présenter l'ennemi, capturée vive.

- C'est du très bon travail, Capitaine Aramire. L'Empereur sera fier de vous. Le félicita le capitaine qui venait de monter à bord.
- Quels sont les ordres ? Répondit Aramire avec joie.
- Puisque la mission de capturer morte ou vive la dénommée capitaine Kyris, est un franc succès, profitons de ce voyage pour ne pas revenir les soutes vides, qu'en pensez-vous ?
- Que diriez-vous, reprit Aramire avec un sourire mesquin devant la femme, de piller cet archipel ? Il y a une grande cité remplie de richesses au centre de celle-ci.
- Non ! Aramire ! Vous m'aviez promis ! S'exclama Kyris.
- Ne faites pas attention à elle. Ne vous en approchez pas non plus. Elle ne paraît pas comme ça, mais c'est une dangereuse criminelle, et qui plus est, qui a du sang de démon. Ajouta-t-il en giflant la femme pour qu'elle se tut.

Tandis que l'autre capitaine renvoya ses matelots pour faire suivre les ordres dans l'attention de piller les îles, Aramire se pencha au creux de l'oreille de la femme et lui chuchota qu'il reviendrait bientôt pour elle, après s'être débarassé de ses amis qui sont allés au port.

Le Réveil de Kyris, l'Arkyris


« Les humains ne changeront-ils jamais ? » Murmura-t-elle tandis qu'Aramire se redressait.
- Qu'avez-vous dit ?
« À quoi bon tenter de vous protéger, de vous épargner ? Pourquoi avons-nous renoncé au pouvoir si des hommes comme vous gouverne dorénavant les mers ? »
- Vous délirez ? Devrais-je utiliser votre propre épée pour vous faire taire ?
« À quoi bon. Puisque l'Empereur n'est autre que votre reflet, il est temps de briser ce miroir. »

Attrapant le visage de la jeune femme, Aramire remonta le menton pour qu'elle cesse de murmurer des inepties, mais ce qu'il vit alors le fit reculer aussitôt. Les pupilles de Kyris luisaient d'une couleur vive et le regard qu'elle avait toujours porté en sa présence avait totalement disparu. Il n'était plus question d'une femme à l'apparence fragile qu'on aurait pu briser, mais au contraire du pire ennemi qu'il était possible d'affronter.

En penchant sa tête vers son épaule, il vit l'Épée Fondatrice qu'il avait confisqué sortir d'elle-même du fourreau, et d'un coup sec, trancha les liens de la jeune femme. La seconde d'après, entourée d'une puissance que les humains appelaient magie, Kyris se mit à flotter dans les airs.
Aramire se pencha pour observer sa cible. Il vit des larmes couler de ses yeux luisants, mais l'expression de son visage, impassible, semblait être l'éveil d'une personalité profondément enfouis en elle.

L'autre capitaine, voyant ce qu'il se passait, se dépêcha de recouvrer sa frégate et de faire sonner les cloches d'alertes, justifiant par cette alerte un intérêt tout particulier de la flotte pour cette caravelle. En quelques minutes, la premières lignes de gallions impériaux s'étaient positionné de profil, batteries sorties, et prêt à faire feu.


Kyris vs 1000
Kyris vs 1000


Kyris vs 1000
Kyris vs 1000



Tandis qu'Aramire tenta de sauter par-dessus bord pour s'échapper, il s'arrêta in extremis en voyant que la mer avait quitté le rivage, comme repoussé par la force inexplicable qu'émettait la jeune femme qui venait de poser les pieds au sol. La frégate venue en renfort était également échouée ci-bien que les matelots, armés de fusils, lui tirèrent dessus, déchargeant toute la poudre et les balles de férailles qu'ils avaient en réserve.

Mais comme Elia auparavant, Kyris figea le temps autour d'elle, interrompant la course de tout projectile qui entrait dans sa zone d'effet. Son regard fixe, l'épée levée à hauteur de poitrine, la lame brillait d'une lumière bleuté et violacé, et l'air ambiant se mettait à se consumer, brûlant l'atmosphère dans un spectacle de lumières et de souffles dont personne ne savait qu'elle en serait la conséquence.

Quand une première batterie de canon fit retentir un tir vers la côte, une centaine d'autres suivirent sur toute la rangée de gallions qui leur faisait front. C'est alors que Kyris, profondément attristé par le déchaînement de violence et de douleur dont faisait preuve l'humanité, qu'elle ne put s'empêcher d'hurler de tristesse et de condamner définitivement cette action pour protéger les innocents et ses amis dans l'archipel.

Aramire savait, au fond de lui, que ce qui se déchaînait sous ses yeux ne serait pas sans conséquence. Il avait pu goûter à une légère frappe d'un mécontenement de la femme quand il la rencontra la première fois, l'envoyant valdinguer à travers le pont. Mais cette fois-ci, cette jeune capitaine venait de révéler quelque chose d'immensément plus ravageur. Il se précipita sur l'échelle à babord pour descendre à pieds jusqu'à la plage où la mer s'était retiré tandis que les premiers boulets sifflaient dans le ciel et s'écrasaient sur le sable, puis le pavillon de la caravel, de la frégate et bientôt, le ciel se noircirait de ces obus sphériques dont les retentissements des batteries au loin ne cessaient plus d'assourdir l'océan.
Il courrut le plus loin possible, soutenu par l'adrénaline et la peur de la mort qui semblait le poursuivre à chaque impact de boulet sur la plage. Même les arbres qui bordaient cette dernière recevait de temps à autres des fracas de fer et d'acier faisant exploser les tronc des palmiers. Courant encore vers les hauteurs de ce premier rivage, il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre un premier point de vue, au-dessus des plus hauts angles de tirs de la flotte.
En contre-bas, sur la plage, il remarqua qu'aucun obus n'avait encore touché leur cible, tandis que la caravelle et la frégate n'était plus que des épaves de gruyères, troués de parts et d'autres, et la plage ressemblait à un champ de mine où il était possible de voir l'emplacement de celles-ci.

Le calme revint enfin, mais ce fut de courte durée, car à son tour, Kyris, qui avait pu observer de ses propres yeux la puissance de feu d'une infime partie de la flotte impériale, n'était plus à excuser ni à pardonner. Elle savait à présent que le seul moyen de protéger cet archipel de ce conflit, était d'y mettre fin. Et le choix qu'elle avait décidé jadis de ne pas faire, s'était dorénavant révélé comme inévitable.

« Notre cité devait être un lieu de rédemption où quiconque trouverait refuge loin des empires du monde. Les mers devaient protéger chacun et chacune de ceux qui souhaitaient vivre en marge des terres conquises. Mais dans l'ombre, l'avidité humaine corrompit jusqu'aux derniers rivages libres, et la voilà prête à détruire le peu de paix qui reste. Puisque je ne suis plus amirale et que les préceptes du Fondateur ont été oubliés comme son Épée, j'érigerai moi-même le mur qui séparera ce monde libre de cette corruption. »

Le ciel s'embrasa et Kyris chargea son épée d'une puissance phénoménale ci-bien qu'elle n'eut que l'air à frapper devant-elle pour qu'une onde titanesque pourfendit l'armada impériale. L'onde de choc fut si violente que la mer se souleva d'une trentaine de mètres à la suite de la frappe et renversa les navires les uns après les autres. Tranchant l'air de part et d'autres, Kyris enchaîna des coups plus violents les uns que les autres, ci-bien que la mer elle même disparue, comme vaporisée sur des kilomètres à la ronde, ne laissant qu'un vaste cimetière d'épaves et de cadavres à perte de vue.

« Ce territoire ne sera jamais plus un archipel d'îles oubliées, mais le commencement d'un nouveau royaume que j'étendrais jusqu'au confin du monde. Quant aux armées d'infanteries que les empires m'enverront, je les décimerais jusqu'aux dernières pour que règne enfin la paix. »

Aramire songea que, peut-être, fut-ce t-elle la représentation même d'une divinité dont il baffoua et le corps et l'esprit à plusieurs reprises. En quelques instants, elle avait décimé des centaines de navires et détruit la vie de milliers de marins. S'il ne s'était pas montré si fier, songea-t-il, n'aurait-il pas pu éviter un tel massacre ? Il ne lui restait plus qu'à prier qu'elle ait pitié de son existance et qu'elle ne le pourchasse pas comme elle fut pourchassée des années durant, évitant tout conflit qui aurait pu ôter la vie d'autrui.

Kyris Fondatrice du nouveau Royaume
Kyris Fondatrice du nouveau Royaume



19/12/2023

Fin