Norderlands

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Histoire de Nele


La Transformation de Nele
Elen entendit un bruit au confin du cosmos
La déchéance d'Yzen
Nyzel devient le Déséquilibre
Nele appréhende ce qu'il est
Elen s'approche
L'arrivée de Zynel
Nyzel découvre l'Impensable
Le Conflit d'Yzen
Le Prequel de Nele
Institut de Recherche des Nations Réunies
Lenzy pour un temps

La Transformation de Nele


Nele

Il avait été frappé par l’onde de choc d’un impact de météorite et avait développer des pouvoirs de destructions si puissants qu’il était devenu l’être le plus dangereux de la planète.
Malheureusement, cet individu n’était qu’une victime de ses capacités et était devenu coupable de plusieurs meurtres, dont le premier fut son jeune neveu de 4 ans, avec lequel il voulut taper dans sa main. Ce dernier fut alors désintégré instantanément.

Dans la colère et la tristesse de sa famille, il ne put s’empêcher de se recroqueviller sur lui, frappé par les siens, battus à mort jusqu’à ce que son instinct de survie ne le rattrape et désintègre l’intégralité de la zone, soit cinq cents kilomètres à la ronde. Perdant fois dans sa propre humanité, culpabilisant d’avoir tué autant de monde sans n’avoir jamais eu l’intention de faire du mal, il a été condamné à l’emprisonnement à vie, dans la prison PHSE, la Prison de Haute Sécurité et d’Expérimentation où il consentit à être le sujet de test d’expérience.
Un simple geste de la main, un simple coup de poing vers l’avant et c’était une onde de choc de plus de cent kilomètres de longueur qui pouvait détruire en un instant autant de béton armé d’épaisseur. Ses gestes étaient à eux—seuls plus puissants qu’une dizaine de bombes nucléaires au point d’impact.

De nombreuses expériences furent faites et déterminèrent que ce sur—homme était capable de détruire l’intégrité physique de la planète entière s’il venait à s’y essayer. Dans cette optique, il fut décidé par les Etats du monde entier, ne pouvant se résigner à tuer une telle évolution, d’envoyer le condamné en orbite lunaire, dans la Prison Lunaire Secrète, construite pour l’expérimentation illégale et la détention de personnalité trop dangereuses ou que l’on souhaitait voir disparaître sans laisser de traces.
Aucun scientifique ne put jamais expliquer de quelle origine la météorite qui l’avait frappé pouvait venir, mais ils retrouvèrent dans ses gênes modifiées, une trace minime d’une radioactivité extrêmement condensée, étrangère à tout ce qui avait pu être analyser dans le système solaire.

Ses cellules se reconstituaient et évoluaient à chaque piqure, à chaque entaille, à chaque année passée, ci-bien qu’il détînt en plus de la surpuissance, la longévité tant rêvée par l’humanité. Suite à des guerres terrestres, les relais orbitaux cessèrent de ramener à la PLS les vivres nécessaires à l’entretien, et rapidement le personnel disparu, laissant mourir les quelques sujets humains, donnant lieu à une prison fantôme où le seul résident était le surhomme qui survivait malgré lui à la fin, tant son évolution l’avait poussé à se passer de nourriture ou de boisson pour vivre.
2 siècles plus tard, tandis que les guerres avaient ravagé la surface de la Terre et que les dernières civilisations reconstruisirent leur monde, bâtissant et érigeant à nouveau les grattes ciels, installant de nouveaux les satellites orbitaux et intégrant à leur nouveau système humanitaire les technologies qui avaient fait l’apogée de l’ancienne humanité, le signal de la PLS qui n’avait alors jamais cessé d’être émis, fut capté par les derniers radars terrestres.
Ce qui se trouvait là-haut était loin de ressembler à l’homme qui avait malencontreusement éliminé sa famille. Il était devenu une entité, une évolution de l’homme qui ne pouvait plus être définit par le terme d’humanité. Il était devenu le seul représentant d’une espèce à la force et la longévité des mythes de l’antiquité.

Ce jour-là, lorsque les premiers cosmonautes de ce nouvel ère accédèrent au sas de la Prison Lunaire Secrète, ils y découvrirent un endroit totalement sain, dont quelques amas de poussière de vieux squelettes flottaient dans l’air, et la gravitation qui avait été supprimé par manque d’énergie dans le réacteur laissait flotter tous les ustensiles qui n’avaient pas connus de dégradation temporel.
C’est alors qu’ils arrivèrent devant une chambre forte, celle qui n’avait ni de poignée, ni de clenche, ni quoique ce soit qui permettait d’ouvrir la pièce et d’accéder à son intérieur.
Ils décidèrent tout de même d’employer la force pour créer une brèche et accéder à ce qui avait pu être laissé de l’autre côté de ce mur. Après plusieurs tentatives, échouant à ébrécher cette paroi, ils rentrèrent sur leur station spatiale et rendirent des comptes à leur supérieur, mentionnant qu’une pièce de la PLS avait été optimisée pour qu’aucun explosif ne puisse fracturer cette chambre. Pourtant, les plans retrouvés sur place justifiaient de l’existence de cette zone, comme étant une chambre, une détention ou peut être un stock de ressources diverses.

Une fusée fut envoyée plus tard pour apporter les vivres nécessaires à bord de la station ainsi que la dernière arme de destruction qui était censée démolir le mur indestructible de la prison lunaire. A leur arrivée, ils furent obligés de condamner l’intégrité de la Prison Lunaire Secrète pour que les conditions d’explosions de leur nouvelle bombe puissent être respectée.
Le souffle de la détonation pulvérisa toute la coque externe de la structure, et réduisit au néant le mur d’enceinte qui avait jusqu’alors résister à tout. Quand ils revinrent observer le résultat et découvrir ce qui se cachait de l’autre côté du mur, ils furent surpris de découvrir le vide absolu. Il n’y avait rien, et peut être plus rien depuis longtemps. Mais quand ils se résignèrent enfin à abandonner ces vaines recherches, un phénomène impensable eu lieu.

Dans le vide sidéral qui abritait dorénavant la PLS, un bruit fut émis, un bruit très aigu, strident, se propagea à travers du vide, chose qui n’avait pas d’explications, jusqu’aux oreilles des astronautes. Ce bruit les effraya autant que ce qu’il vit. Dans ce qui semblait être un vide total, une forme humanoïde apparut. C’était comme si elle avait toujours été là, mais qu’elle se décidait seulement à sortir de l’obscurité, de l’invisible.

C’était là le portrait craché d’un être humain. A s’y méprendre, il n’avait de différence, que le manque cruel d’organes faciaux, tels que les yeux, la bouche ou encore le nez. Non, c’était bien là une tête, mais sans la moindre structure visuelle. Cette chose qu’il nommèrent ONI, pour Objet Non Identifié, restait immobile. Les analyses radioactives ou organiques restèrent au seuil le plus bas, et rien n’expliquait qu’une chose pareille ait pu résister à la déflagration de leur bombe.
Malgré tout, ils ramenèrent ONI à la surface de la planète, pour être analysé. C’était là une part de l’héritage de l’ancien monde.

En posant le pied au sol, les terriens virent un étrange phénomène se produire. Le visage de ONI se formait, et de la forme de la tête se dessina un nez, une bouche et des yeux. Les oreilles suivirent rapidement, puis des cheveux poussèrent de sur le crâne et une pilosité apparue sur les membres principaux. Dans un second temps, l’organe reproducteur humain apparu entre les jambes, d’abord les boules, puis la verge poussa au travers comme une plante ou une poterie qui se modelait elle-même. Sous la surprise des scientifiques, l’armée prit des mesures défensives strictes.
Ils commencèrent à l’emprisonner dans une cellule d’isolement et à tenter de communiquer avec lui.
Les premières tentatives échouèrent jusqu’à ce qu’une femme s’approchait de la fenêtre qui la séparait d’ONI. Ce dernier se leva et s’approcha de la paroi transparente.
Il articula quelques mots.

« Mon nom est Nele. »

La langue dans laquelle il s’exprima était un dialecte de l’ancien monde, disparu définitivement aux alentours d’une cinquante d’années après la fin de la guerre. Mais la science ayant rattrapé les lacunes du passé, la traduction fut rapide et les humains curieux autant qu’envieux de telles capacités se décidèrent rapidement à agir contre l’intégrité de cet être afin d’en apprendre plus sur son métabolisme.

ONI, ou bien Nele, commençait à regarder autour de lui, comprenant qu’il était enfermé. Il ne se souvenait plus de son ancienne vie. L’humain qu’il était avait disparu autant que ses souvenirs, mais cette évolution qu’il représentait était quant à elle curieuse et intelligente. Dotée de conscience qu’elle avait hérité de l’humanité qu’elle était jadis, se mit à réagir à son environnement.
Sous les soldats postés là pour garder la chambre forte, Nele utilisa son index et dessina un drôle de dessin sur la vitre. Ce dernier représentait une porte, autour de laquelle se trouvait deux fleurs. Quand il eut fini, ONI claqua des mains très doucement.
Le dessin prit forme, la vitre se désintégra littéralement au niveau du dessin et des deux gardes il ne restait plus qu’un tas de poussière qui, au sol, formèrent de belles rosaces. L’alerte fut lancer, et les premières balles fusèrent dans la direction de l’étranger.
Comme rien ne l’atteignait, un missile, puis un autre. L’armée s’abattit de toute sa force militaire contre cet être surpuissant. Mais rien n’y faisant, ils décidèrent d’envoyer la même bombe que celle qui avait permis d’ouvrir la PLS. Quand cette dernière explosa, elle balaya tout ce qu’il y avait autour d’elle sur des dizaines de kilomètres à la ronde.
C’est alors que Nele répliqua. La déflagration ne l’avait qu’à peine effleurée, et la destruction qu’elle engrangea n’était rien en comparaison de ce qu’il s’apprêtait à faire.
C’était là de la colère, ou peut-être, de l’imprudence. Les quelques témoins qui purent l’observer de très très loin auraient pu témoigner de ce qu’ils avaient vu avant qu’il ne termine son geste.

« ONI devint d’un bleu brûlant les yeux, L’air autour de lui flambait et s’échappait vers les cieux. Le sol, quant à lui, se brisait à ses pieds et s’élèverait à hauteur de ses genoux, tournoyant autour de son être. Ses mains, à l’opposée l’une de l’autre, se rapprochèrent doucement vers l’avant. Entre elle, quelque chose d’inexprimable se formait et plus les mains se rapprochaient, plus il était évident que ce qu’il se passait devant ONI était la raison qui nous conduirait tous dans l’autre monde. »

Un autre aurait pu ajouter s’il eut le temps de s’exprimer.

« Si divin il y eut en cet univers, sa toute-puissance se trouvait là, dans le corps de cet être. Ou bien peut-être était-ce le mal ? Quelque chose d’opposer à ce en quoi d’autres croyaient ? Il m’a été donné le temps de voir ce qu’il y a de plus dangereux dans l’univers. Oui, je ne pourrais jamais imaginer qu’il y ait plus grande puissance que ce qui fendit mon cœur et aveugla mon regard à ce moment. »

L’instant fut bref, et l’humanité ne fut pas la seule à disparaître. Lorsque les mains d’ONI se réunirent à l’instant où ses paumes se touchèrent, le temps aurait dû s’arrêter pour qu’à jamais nous contemplions la beauté de ce qui prend sens dans le terme Destruction.
Il n’y aurait pas de mot que l’humanité aurait pu inventer pour définir ce qu’il se passa à cet instant. Non, il n’y a que des mots pour contempler les conséquences de cet acte insignifiant.
Là-bas, loin de la voie lactée, avec un appareil de vue à très longue distance. Un être, un seul être, un ancien humain, touché par le souffle d’une météorite inconnue, se transforma, évolua et condamna les siens. Il oublia les siens, oubliant son humanité, ne pouvant croire en sa propre nature et défaisant à cet instant précis, les hommes et les femmes de l’histoire du Cosmos.
La voie lactée disparue en une fraction de seconde, moins encore, ravagée par la toute-puissance d’un être indescriptible qui portait le nom de Nele.


Elen entendit un bruit au confin du cosmos



Nous ne pouvons imaginer qu’Elen n’ait jamais, ou même encore, qu’elle ait été créée d’une quelconque manière que ce soit. Non. Elen a toujours été là. Depuis que le Cosmos est ce qu’il est, depuis que l’univers est cet amas d’étoiles, depuis que les forces physiques ou quantiques s’affrontent dans l’esprit des êtres vivants des milliards de monde qui peuplent l’espace, Elen quant à elle, a toujours été là.

Elle est la représentation céleste de tout ce qui peut se rapporter à la divinité, aux croyances et à tout ce qui fait qu’un être vivant, pensant, peut croire et avoir la foi en quelque chose. Elle est à l’origine de tout ce qui, même pour ceux qui ne croient en rien, est un rien. Le rien se définit grâce à ce qu’elle en a fait, grâce à ce qu’elle a souhaité ôter au tout. Elle est l’origine et la fin. Mais la fin n’a pas encore sonné. Elle n’en a pas décidé l’heure, ni même si cela devait arriver. Mais si elle le décidait, alors la fin serait, et rien ne pourrait empêcher Elen de lui donner le sens qu’elle désir.

Un beau jour, Elen créa les planètes à sa guise, d’étranges blocs de roche qui, tournoyant sur elles-mêmes créèrent des systèmes complexes mêlant la physique d’un monde à celui d’un autre. Cette fois-là, Des amas de matière rentrèrent en collision et explosèrent dans un tumulte mélodieux, oui une poésie unique, merveilleuse dont le son imperceptible jouait le rythme à l’écoute attentive de la chef d’orchestre et musicienne qu’était Elen.

Une seule entité et l’espace-et-le-temps se pliait à la volonté de cette créatrice. Comme je le disais, des fracas mélodieux, des débats rocheux, et dans des directions nombreuses, les astres se créèrent et remplirent l’intégralité du vide cosmique. Elen créa ainsi, à sa propre guise, le plan astral, le plan cosmique, le plan spatial, le Cosmos.
Des milliards d’années passèrent, de ces astres envoyés au confit de l’espace, certains se déchirèrent, d’autres fusionnèrent et un beau jour, tandis qu’un débris d’une explosion antérieur passa à proximité d’un système stellaire récent, un être fut touché par l’incroyable beauté de cette création défaite.
Plus tard, l’être se nomma d’un nom dont il ignorait l’existence, mais dont la raison, s’il la possédait encore, ou si cela le dépassait déjà, le fit se nommer Nele. Des cycles passèrent, et Elen, jouant au Cosmos, appréciant l’architecture de sa propre création qu’elle remodelait perpétuellement, ressentit quelque chose d’unique, là-bas, très loin, oui vraiment très loin, et pourtant qui lui semblait si proche. Elle sentit que quelque chose avait changé dans le temps et la mélodie que le vide et le plein jouait constamment.

Cette fois-là, Elen ressentit la présence de Nele. C’était bien là un événement ! Oui Elen ne pouvait être surprise, Elen était la surprise, Elen était ce que les verbes ont comme sens. Mais cette fois-ci, loin de tout, trop loin pour savoir distinctement en quel lieu cela arriva, Elen fut surprise. Non, mieux encore, elle fut curieuse.

Curieuse de savoir ce que sa propre création avait pu engendrer d’aussi grandiose qui la rende curieuse. Comment cela se pouvait-il ? Quel était ce phénomène ? Pouvait-elle être dépassée ? Pourquoi se posait-elle des questions ? Elle avait toujours été l’origine des questions.
Plus fort que la curiosité, l’envie. C’était bien l’envie qui la poussa à arrêter de construire ou de modeler. L’envie la poussa à chercher, à découvrir. Non, à redécouvrir ce qu’elle avait créé. Oui à découvrir les conséquences de ce qu’elle avait érigé.

Pour la première fois dans l’histoire de tout ce qui a été, est et sera, Elen partit à l’aventure !

La déchéance d'Yzen



Yzen était un être pensant, réfléchi, et son espèce témoignait d’un caractère passif prononcé qui n’avait ni proie ni prédateur, ignorant tout du danger qu’il pouvait représenter pour les autres espèces comme le danger qui pouvait planer sur sa vie. Yzen vivait sur une planète quelconque, proche de trois étoiles flamboyantes qui s’arrachaient entre elles ce rocher sphérique et immobile façonné par les attractions gravitationnelles.

Il y avait là, ni atmosphère, ni air, ni plantes, ni quoique ce soit de vivant que Yzen et les siens ; voués à vivre aussi longtemps que la planète existerait.
Ce jour-là, comme tous les jours qui ne comptaient aucune nuit, Yzen regardait vers le confins du cosmos. Il était parti loin des siens, à l’opposé des feux ardents qui illuminaient la terre.
En un instant, le corps allongé et humanoïde de Yzen s’ébranla. Devant lui, à une vitesse dépassant de loin celle de la lumière, quelque chose d’impensable traça sa route. L’onde de choc électro-magnétique qui se dégagea de ce passage soudain, pulvérisa la quasi-totalité de la planète, éradiquant l’intégralité de sa population à l’exception d’un seul. Yzen vit d’abord le souffle destructeur vaporiser le sol et tout ce qui se trouvait derrière lui, puis les 3 étoiles qui illuminaient les cieux jusqu’alors s’éteignirent en un instant comme si elles n’avaient jamais existé.
Une fraction de seconde après, une lumière jaillit de ses propres membres, il observa son être se métamorphoser. Yzen n’avait jamais connu la peur de tout son éternel, mais à cet instant, ayant tout perdu, il ressentit bien pire encore que la solitude et l’abandon. Il était effrayé de voir que tout ce qu’il avait connu de lui durant ces millions d’années passées, se transformait sous son regard. Regard qui changea également. Sa vue se modifia, ses organes et ses membres qui étaient déjà solides comme la pierre se transformèrent en une étrange structure métallique. Sa peau se lissa et brilla. On aurait pu dire qu’il s’agissait d’un cyborg entièrement recouvert d’alliage. Mais la mutation ne s’arrêta pas là. Il ressentait en lui quelque chose de différents. Sa vue déjà pouvait percevoir jusqu’à des particules cosmiques invisibles pour la plupart des êtres vivants de l’univers. Ses membres supérieurs s’articulèrent sous la forme de bras en alliages parcourus par des vaisseaux d’énergies dont il pouvait voir le flux aller et venir.

La lumière qui se dégageait de son être, émanait de son buste et ravivait avec splendeur toute sa nouvelle enveloppe.
Il se regarda, seul qu’il était sur le dernier rocher de sa défunte planète, à dérivé dans le cosmos, poussé par l’onde de choc de l’objet non identifié qui était passé plus tôt.
Yzen ne bougeait pas. Il ne savait comment appréhender sa nouvelle apparence, et gérer ce qui s’apparentait à des émotions. Il ressentit. Les premières questions existentielles se mirent à croître en son esprit avec autant de violence qu’une détonation. Il était submergé, comme s’il les avait refoulés des millions d’années durant. Mais ce n’était pas cela. Yzen subissait son évolution. Une évolution qui lui procura un corps dont il ne voulait pas et anéanti son peuple qu’il chérissait sans s’en rendre compte.
Les émotions firent surface, et pour la première fois, il soufra plus qu’une blessure ouverte n’aurait pu le faire. Il découvrit la tristesse, la colère, la peur, la haine, et même le bonheur de se souvenir des autres. Tout lui apparaissait soudainement. Il ressentait.

Il resta figé dans le vide cosmique pendant de longues années, sans bouger, seul sur son morceau de rocher, dernier souvenir d’une planète peuplée des siens. Il appréhendait ce qu’il devenait et se posa plus de questions que d’années d’existences. C’était une révolution totale. Son espèce n’avait jamais connu de tel changement. Il songea, se questionna, et au cours du temps, il s’appropria son corps, appréhenda son environnement, et même, des milliers d’années plus tard, il commença à apprécier sa nouvelle condition.

Tandis que le caillou sur lequel il était voguait dans le confins cosmique depuis fort longtemps, il frissonna. Sa vue lui permit de voir une trace de particule cosmique comme il n’en avait plus vu depuis longtemps. Il reconnu la marque unique de l’objet qui avait terrassé son monde, et de son regard perçant, il pouvait apprécier la ligne directrice qui se dessinait dans le voile sombre.

A ce moment-là, il n’eut guère besoin de se demander comment entrevoir un voyage à la poursuite de cette chose. Son corps réagit aussi vite que ses pensées et son bras lumineux se changea de lui-même en une forme cylindrique, transformant le flux d’énergie linéaire en un flux concentré au bout de son bras.
Yzen n’eut qu’à viser l’espace derrière lui, et un faisceau de lumière jaillit de son nouveau membre, pourfendant l’obscurité des dizaines d’années lumières autour de lui, le propulsant à une vitesse phénoménale dans la direction des traces cosmiques.

Yzen venait de se mettre en route à la poursuite de son passé !

Nyzel devient le Déséquilibre



Bien avant qu’Elen parte à la recherche de Nele, il existait bien un être unique qui, au-delà de toute les créations de la Mère Créatrice, avait échappé à ce pouvoir absolu. C’était une création qui n’avait d’origine que l’Equilibre. Là où Elen, mère de tout, avait créé la vie et façonner l’univers, Nyzel s’était formé au centre de celui-ci, forgé par tout ce qui l’entourait de sorte que l’Univers, aussi vaste soit-il, aussi multiple puisse-t-il être, avait eu besoin de l’Equilibre pour exister.
Nyzel avait trouvé sa première forme d’existence au centre de tout. Il était le centre de tout. De toutes les mesures possibles, et même si l’univers continuait de grandir, il y avait un point unique, au beau milieu de tout que l’on nommerait Equilibre et qui, de par sa nature instable, donna vie à une entité nommée Nyzel. Nyzel était devenu l’équilibre. Non, c’était bien plus que cela encore. Nyzel était la balance de toute chose, le négatif et le positif de ces opposés, il était le juste et l’injuste, le vrai et le faux, le normal et l’anormal.

Pour Nele, il n’aurait été qu’une autre mutation aux caractéristiques extraordinaires mais pas pour autant unique. Pour Yzen, il l’aurait traduit comme une conséquence inattendue d’une météorite destructrice dont il aurait fallu son contraire. Quant à Elen, Mère de tout, elle n’en aurait pas compris la nature. Une nature qui défit sa toute-puissance en l’utilisant contre elle autant que pour elle.

Nyzel était ce genre d’entité. Mais il n’était guère conscient. Il n’était pas réfléchi comme ces derniers. Il ne pouvait prendre de décision, faire des choix, ni aller à l’encontre de sa nature profonde. Nyzel n’était que le reflet de sa nature, la démonstration et la structure de l’Equilibre, indispensable au cosmos.
Cela était vrai, du moins, jusqu’à ce qu’une erreur entachât l’Equilibre à jamais.
L’Equilibre avait créé cet être pour seconder et par là-même s’était défait d’une once de Tout. Lorsque Nyzel apparu, l’Equilibre malgré son concept, disparu.
Un effet relaté par l’humanité et nommé « effet papillon » ébranla le Cosmos tout entier. Nyzel, par son existence avait déplacé de toutes petites particules subspatiales de quelques centimètres. Ces dernières qui auraient dû se trouver à l’emplacement même où il apparut la première fois, furent déplacer sur le côté, engendrant à l’échelle de l’univers, une catastrophe incommensurablement lourdes de conséquences.
Des millions d’années après l’apparition de Nyzel, deux particules spatiales qui n’auraient jamais dû entrer en contact, le firent par conséquences cosmiques. A cet instant, au confins de l’univers, très, très loin de toutes les formes de vie qui le peuplait alors, un fragment de roche dévia de sa trajectoire. La vitesse qu’il avait emmagasiné depuis la création du cosmos par Elen, prit une toute autre voie : celle du retour.

S’il n’avait pas accéléré ces milliards d’années durant, son passage n’aurait guère changé le cours de l’histoire cosmiques. Mais cette fois-ci, l’Equilibre fut ébranlé pour de bon.
La Destruction frappa l’univers à la vitesse d’un clignement de paupière. En l’espace de quelques années, il traversa la moitié de l’univers, désintégrant tout ce qui se trouvait sur sa route, vaporisant tout ce qui se trouvait assez proche de son onde cosmique, et atteignant enfin le centre du cosmos, une partie de l’Equilibre fut définitivement arraché au Centre de tout. Nyzel n’était plus une part de l’équilibre, il était devenu unique, indépendant, et métamorphosé en un être conscient, condamné à concevoir et ressentir tout ce qui fait de l’Equilibre un concept aussi destructeur que libérateur.
Plus tard, le météore, ralentit par les nombreux chocs qu’il aura subit en traversant l’Univers en sens inverse, rendra orphelin un être pacifique, puis percutera à une très lointaine distance de tout, un monde peuplé d’humains avant de finir sa course effrénée à l’autre extrémité de l’univers, toujours en expansion.

Nele appréhende ce qu'il est



Nele erra des millénaires durant, flottant dans un vide qui ne pouvait le faire flotter.
Tombant dans des directions qui ne le faisaient guère graviter.
Un beau jour, on ne saurait dire le temps qui s’était écoulé, des millions d’années sans doute, un vaisseau spatial le percuta tandis qu’il voyageait grâce à une technologie époustouflante.

La rapidité de l’appareil sortit de son voyage lumière au choc de Nele. Ce dernier n’avait pas changé mais son visage avait perdu ses traits d’humanité. Il était redevenu l’apparence humanoïde qu’il était à la sortie de la Prison Lunaire Secrète. Analyser à maintes reprises par les capteurs sophistiqués du vaisseau, il ne fut décrit de nouveau que comme un ONI. Un Objet Non Identifié. Mais cette fois-ci, peut-être était-il devenu plutôt un OICAOC, à savoir un Objet Identifié Comme Aucun Objet Connu.
Pour cette espèce, capable de voyager à travers les étoiles, c’était là la première rencontre avec quelque chose dont ils ignoraient l’existence.
Nele fut récupéré à bord et accueillie avec beaucoup plus d’empathie qu’il en eut reçu depuis qu’il vécut.
Peut-être était-il dangereux ? Peut-être était-il différent ? Eux aussi, ces Aliens, étaient des êtres humanoïdes doté de conscience dont le savoir aurait dépassé l’entendement humain. Mais avec Nele, c’était l’inverse.
Ils ne s’expliquaient pas être face à quelque chose, voire quelqu’un qui détournait toutes les connaissances qu’ils avaient accumulées, observées et vérifiées depuis aussi longtemps qu’il était possible de les vérifier.
Nele, quant à lui, réagit paisiblement à cette nouvelle expérience. Une chose était sûre, son évolution ne s’était pas arrêtée à la destruction de la Voie Lactée. Non, il n’avait jamais cessé d’évoluer, le rendant toujours plus incroyable qu’il pouvait l’être à l’origine.
Une musique retentit. Etait-ce une musique ? Un boom, suivit d’un autre boom. Des bruits de métaux, des cris. Un son, une mélodie. Nele recevait l’agitation ambiante comme des vibrations sonores que tout son être pouvait capter et ressentir. Mais là où aucuns yeux ne pouvaient l’aider à voir, une bataille spatiale avait lieu.
Le vaisseau dans lequel il se trouvait était assaillit par des bombardements d’un autre vaisseaux, bien plus gros, bien plus armé et évidemment bien plus dangereux. Quand il se retrouva tout seul, dans cet immense hangar, il crut d’abord ressentir à nouveau cette solitude de l’isolement total et se sentit prêt à recommencer la destruction de son oppresseur. Mais avant que cela n’arrive, un jeune individu s’approcha de lui pour lui attraper la main. Il ressentit alors. Il ressentit la peur de cet inconnu. Nele ressentit que ce jeune était terrorisé. Qu’à chaque son qu’il interprétait comme celui d’une mélodie, le jeune se crispait, et la main qui le tenait se fermait davantage.
Nele pouvait ressentir jusqu’à la moindre contraction musculaire, et se concentrant, il pouvait voir l’agitation excessive des neurones qui traversaient tout le cortex cérébral. Il pouvait les suivre, les analyser, et enfin, les comprendre.
Il n’avait plus besoin de voir. Il pouvait ressentir absolument tout. Se projeter à des millions de kilomètres de sa localisation et observer sans voir l’évolution d’un atome, son déplacement dans l’espace, sa transformation. Là, Nele se concentra sur le vaisseau, sur tous les passagers affolés, convaincus qu’ils étaient à la fin de leur existence. Nele pouvait le ressentir, il pouvait l’analyser, le comprendre avant même que l’information soit créée dans les corps de ces individus de bonté. De l’autre côté des missiles et des rayons destructeurs, il ressentait l’adversaire, il ressentait ses convictions militaires, ses intentions meurtrirent. L’agresseur était un ennemi connu, reconnu, et dangereux pour la sûreté de ce peuple dont il ignorait tout si ce n’était qu’il l’avait récupéré sans l’enfermer, et était terrifié à cet instant, atteignant enfin, quelques secondes après Nele, la pensée qu’il en était fini d’eux.
Nele savait. Il avait détruit tout depuis qu’il était devenu autrement plus évolué que l’origine humaine qu’il était. Mais à présent, il pouvait décider. Il pouvait sans le moindre effort, décider de sauver ceux qui lui tenait la main.

Il lâcha la main du jeun et faisant un pas en avant, sa vitesse le transporta à travers la moindre particule qui pouvait exister dans l’infiniment petit, traversant matière et cellule, traversant le temps et l’espace. Quand son pied toucha à nouveau une surface, il n’était plus dans ce hangar au côté du jeune, mais sur la coque du vaisseau qui subissait les bombardements. Il était là, à l’extérieur, dans le vide, et observait sans voir les détonations et la destruction qui se proclamaient haut et fort devant lui. Elle lui disait ces mots : « je suis la destruction et cet objet plein de petits êtres sont miens. »

Alors Nele, répondit sans voir ni sans parler. Il répondit. « Je suis ta destruction. Tu es mienne. »

Il leva le bras droit, et comme si le vaisseau adverse fut un dessin sur un bout de papier, il passa simplement sa main devant son visage sans expression, effaçant l’adversaire comme s’il venait d’effacer le dessin. La désintégration suivit le geste manuel et la Destruction s’inclina devant Nele qui, sans voir ni sans parler, termina par : « La Destruction est Détruite par ma main. »

Il fit demi-tour sur lui-même et tandis qu’il leva à nouveau la jambe pour avancer d’un pas, son pied se posa à l’intérieur du hangar, au côté du jeune, traversant tout ce qui semblait infranchissable. Nul ne pouvait croire que cela se soit passé, mais il savait que la peur disparaissait enfin et que l’incompréhension se soumettrait à une explication logique dès que l’illogisme se ferait évincer par la réflexion.

Seul, peut-être, que le jeune savait qu’il fut sauvé par cet individu venu de nulle part et dont aucune science ne semblerait jamais pouvoir expliquer son existence.

Elen s'approche



Elle traversa le cosmos telle une étoile filante, parcourant des distances gargantuesques en une fraction de secondes. L’onde de choc qui émanait de ses déplacements pulvérisait tout sur son passage, et allait jusqu’à perturber les cellules, les génomes et même les particules atomiques des planètes qui abritaient la vie en périphérie de sa trajectoire.

Certaines espèces furent intégralement détruites à son passage quand d’autres, plus chanceuses, mutèrent et évoluèrent grâce à ce souffle qui venait tout droit de la Création elle-même.

Quand elle partit à la recherche de cet être, elle avait une direction, elle avait un but. A cet instant où elle ressentit sa présence, elle savait où se rendre, et pourtant, après des millions, non, des milliards d’astres traversés, se rapprochant inéluctablement de Nele, elle se perdait dans cet amas infini de roche, de planètes et d’étoiles. Se demandant même après sa folle course, si la meule de foin ne faisait pas que grossir encore et encore malgré que l’aiguille devait être plus proche encore et encore.

Elle ne pouvait le dissocier de tous les êtres vivants qui peuplaient ces galaxies, ci-bien qu’elle se sentit coupable de n’avoir pas su le retrouver. Craignant qu’il soit dans une galaxie voisine, dans un système planétaire voisin, sur une planète tout proche qu’elle risquerait de manquer, voire de pulvériser...

Qu’allait-elle pouvoir faire, si ce n’est attendre un nouveau signe de son existence, qu’elle savait pourtant toute proche.

L'arrivée de Zynel



Lorsque Nele détruisit l’armada d’une civilisation toute entière d’un geste de la main, il fendit également l’espace et le temps en un point cosmique. Une brèche apparue dans le vide sidéral, conséquence d’un phénomène dévastateur dont l’origine prend sa source dans la puissance incommensurable de Nele.
Cette apparition est aussi spontanée que sa disparition est rapide. Cette fois-là, la faille créée dans le cosmos fut un pont vers un inconnu indescriptible. Et avant que qui que ce soit ne fussent capable d’en dire ce qui pouvait exister de l’autre côté, un voyageur fit son apparition, l’y traversant depuis l’autre côté, juste avant qu’elle ne se referme. A échelle cosmique, le nouvel arrivant était à portée de main de Nele.
L’inconnu traversa le cosmos et, sous une intense lumière, apparu aux côtés du sur-homme. Il le regarda avec curiosité de ses quelques centimètres de moins que Nele. D’apparence humanoïde, dotée d’un grand œil ovale traversant l’entièreté de la hauteur de sa tête et dont les pupilles alignées se mouvaient dans tous les sens en même temps, le voyageur s’approcha de l’ancien humain qui restait impassible.

« Je suis Zynel ». Cette phrase résonna dans l’esprit de Nele qui entendit la voix dans sa tête. Ce dernier, sans inquiétude se tourna vers l’inconnu et l’observa autant qu’il était observé.
« Je suis Zynel ». Nele comprit aussitôt qu’il était face à un télépathe. Ce Zynel ne lui transmettait pas une telle phrase, mais son propre cortex neuronal traduisait toutes les ondes cérébrales en ce message clair. Nele venait de faire la première rencontre capable de véritablement communiquer avec lui.
« Je suis Nele », répondit-il en pensant simplement à cela.

Zynel s’assit devant Nele, et devant toute la population affolée du vaisseau qui voyait devant eux un monstre à l’allure humaine et un humanoïde à l’allure de monstre.
Malgré que le silence fût audible entre les deux personnages, leurs pensées, leurs intentions et leurs sentiments se partageaient sans cesse.

Nyzel découvre l'Impensable



Nyzel avait traversé le cosmos à la recherche des irrégularités rencontrer pendant son trajet. Il y avait la première, apparue au confins de l’espace, là où météore et être humain s’étaient croisés, mais une deuxième, plus récente, où, non loin de la première pourtant, un phénomène d’un autre monde avait permis l’accès à une entité qui n’avait pas d’équilibre en cet endroit.

S’il ne le savait pas encore, il pouvait ressentir que des perturbations bien plus grande affectait l’intégralité du Cosmos, et cela s’expliquait par le parcours insensé d’Elen, cherchant à découvrir l’origine de ce frisson qui l’avait frappée quand Nele apparut sous son véritable nom.

Tandis qu’il s’approchait à n’en être plus qu’à quelques centaines de milliers d’années lumières, Nyzel ne pouvait s’empêcher de raisonner. Se pouvait-il qu’au-delà des déséquilibres, il pouvait encore agir sur tout l’univers dont il avait été à lui-seul l’équilibre ?
Des questions qu’il n’aurait pourtant jamais dû avoir à se poser par le passé.
Plus que quelques dizaines de milliers d’années lumières, et déjà les présences de Nele et de l’étranger se faisaient ressentir. Elles émanaient à elles-seules des variations cosmiques qui n’avaient d’égales que la Création elle-même, en transit encore bien loin d’eux.
Plus que quelques années lumières séparaient encore Nyzel de son but, et il commençait à percevoir leurs identités, aussi incroyables et inexpliquées qu’elles pouvaient être. Il se questionna sur le sens de leur existence. Même s’il avait encore été l’Equilibre pur, il n’aurait pu créer d’égal opposé à leurs existences. Mais il savait, il savait que parmi les deux, l’un ne venait pas d’ici. Et sa présence, si elle pouvait s’expliquer par des phénomènes cosmiques et des univers parallèles, ne devait s'imposer sur la durée.

Il arriva, les voyait même malgré qu’ils fussent tout petit au-loin. Et plus il s’en approcha, plus il fut étonné de voir ce qu’était Nele. Il pouvait en distinguer ses origines les plus primaires, retracer son génome jusqu’à l’origine de la vie sur Terre. Il en était responsable quelque part, car ailleurs dans le Cosmos, il avait été l’équilibre et avait apporté à l’humanité un équilibre qui la rendait unique.
Quand il tenta pourtant d’apprécier la nature profonde de l’étranger, il ne découvrit rien. Puisque l’Equilibre n’avait jamais pu entreprendre de créer un contraire à cet être par le passé, il en devint aussitôt une anomalie à laquelle rien ne pouvait s’opposer.

Le Conflit d'Yzen



Zynel observa de son grand œil l’arrivée de Nyzel, l’entité qui représentait l’équilibre du Cosmos. Si des émotions pouvaient être lues au plus profond de la nature de Nele, aucune n’apparaissait sur la face unique du grand œil de l’étranger. Il ne semblait ni surpris, ni curieux, comme s’il connaissait toutes les raisons qui avaient amenées à cet instant, à cette rencontre. Et tandis que ces derniers se faisaient face, son grand œil se mouva de quelques degrés vers le côté, observant le confin de l’espace.
Nyzel, quant à lui, sur ses gardes, fut étonné qu’il paraissait presque invisible et inintéressant. Il était pourtant sûr d’avoir interrompu une conversation entre Nele et l’autre. Mais quand il vit le profond regard de cet unique œil se diriger loin derrière sa personne, il en fut autant surpris qu’offusquer. À son tour, il se retourna et observa le Cosmos infini.

- Nous ne pouvons rester. Fit une voix dans la tête de l’Équilibre.

Nyzel fit de nouveau face à l’étranger qui, cette fois-ci, le regardait fixement.

- J’emporte Nele. Nous ne pouvons assister à la suite.
- Qu’est-ce qu’il va…

Mais Nyzel fut interrompu par ses sens, ressentant une, non deux forces s’approcher de l’endroit. Et tandis qu’il observa devant lui le même phénomène qui l’avait alerté, Nele traversa une faille au beau milieu du vide, suivis par Zynel dont l’œil s’apprêtait à disparaître.

- Qui êtes-vous ? Lança inextrémis l’ancien équilibre de l’univers.
- Un observateur… Nous nous reverrons bientôt.

Et à ces mots, les deux individus disparurent sous les yeux de Nyzel. Il n’eut pourtant pas le temps de s’en remettre que les présences qu’il avait ressenti approcher n’était plus qu’à quelques lieux de lui. Il ne reconnut pas la première, la plus proche, qui ralentissait déjà de manière séquencer, comme s’il rencontrait des obstacles. Mais il comprit bientôt la raison soudaine de cet arrêt.

En un instant, plus rapide que son regard ne pu suivre, un astéroïde le frôla, continuant sa course au travers du vaisseau humain qui voguait toujours non loin. Ce dernier, d’ailleurs, n’était plus. Il venait d’être détruit, comme souffler par la vitesse du météor. C’est alors qu’un autre, plus petit, un troisième plus gros, un quatrième, puis une pluie toute entière de roche lui fonça dessus. Et plus ces rochers traversaient le Cosmos vers sa direction, plus l’individu, caché à l’origine de ces impacts, s’approchait de lui. C’était Yzen. Transformé à jamais pas le premier Astéroïde qui pourfendit la Terre et transforma l’homme en Nele. Yzen qui, de sa nature passive devint le seul rescapé de toute son espèce et acquis une armure organique que le souffle cosmique de cet Astéroïde étranger lui avait fait acquérir.

Après que toutes les roches soient passées à côté de Nyzel, Yzen se présenta à lui. C’était un livre ouvert, un livre de souffrance, de colère, de rancune, qui n’avait pour but que de détruire comme il avait été physiquement et psychologiquement détruit.

- J’ai suivi votre empreinte à travers le Cosmos. Cette même empreinte qui jadis extermina les miens, et dont je me suis juré d’effacer à tout jamais de notre univers.

Mais Nyzel s’inquiétait bien davantage de l’arrivée de l’autre individu. Il n’avait guère pris conscience que sa propre existence était la cause de toutes ces destructions. Que la conséquence de son origine avait fait apparaître cet Astéroïde Destructeur, qui nacquit aux confins du Cosmos et pris route vers son opposé pour détruire tout ce qui se trouvait devant lui. Il n’avait pas pris conscience que son existence même ferait perdurer le Chaos au sein de tout, et qu’Yzen, comme Nele, et comme bien d’autres encore étaient les victimes de sa propre existence.

Yzen ignorait cela, mais soupçonnait qu’il ne fut pas innocent de posséder la même empreinte que ce rocher destructeur. Et pour lui, s’il n’en était pas la seule raison, restait le principal acteur pour une rédemption totale. C’est alors qu’il s’élança droit sur son adversaire, avec la ferme intention d’annihiler ce dernier, quand, tout proche de sa cible, son corps se ramollit sous la pression d’une force qui dépassait l’entendement. Une force qui ne pouvait s’expliquer. Une force qui n’avait aucune raison d’exister. Une force qui rendait insignifiant autant son existence que toutes les existences de toutes les choses vivantes ou non, animées ou figées qui pouvaient apparaître dans le Cosmos.
Elen arriva.

Nyzel, tétanisé de ressentir autant que de voir la toute Créatrice de l’univers, ne put rester en place que par la volonté de sa conceptrice.
Yzen quant à lui, n’était qu’un grain de poussière, ignorant et ignoré, qui fut balayé et projeté autant que la galaxie toute entière qui entourait Elen quand le Bang de son arrivée retentit. Oui, tout fut soufflé. Et Yzen compris à cet instant le sens des mots de l’Observateur. Qui pouvait-il être pour comprendre que la Créatrice arrivait ? Qui pouvait-il être pour s’échapper de cette dimension ? Qui pouvait-il être pour ne craindre la présence d’Elen ?
Elle regarda sa création avec attention et douceur, comme une mère envers son enfant. « Nyzel » fit-elle pour dénommer l’ancien Équilibre. Elle le regarda, le contempla même, comme si elle était fière d’avoir créé une telle personnalité.

- Nyzel, reprit-elle de sa voix cosmique qui parcourait le vide comme s’il était plein, où est-il parti ?

Pourquoi posait-elle une question pareille ? Pourquoi la Mère de toute chose s’interrogeait ? Pourquoi ignorait-elle la réponse ? L’ignorait-elle vraiment ? Cela ne se pouvait. Cela ne se pouvait.

- Nyzel, reprit-elle encore montrant des signes d’excitations incompréhensibles, où est-il ? Où est-il ? Je l’ai senti. Je l’ai senti et il a disparu.

Nyzel semblait manquer de souffle même s’il n’en avait guère besoin pour exister. Il était choqué d’être face à elle, choqué d’avoir été nommé, mais plus encore choqué de ne comprendre ce qu’il se déroulait devant lui. L’incompréhension de la Création. Un concept qui ne devait pouvoir s’appliquer à celle qui l’avait conçu. Comment ? Comment ? Comment…

Le Prequel de Nele



Nele se satisfaisait pleinement de cette rencontre imprévue avec un inconnu télépathe qui ne témoignait ni crainte ni agressivité à son encontre. Il était certes d’apparence différente mais le dialogue entamé, Zynel semblait être un voyageur cosmique, venu d’un endroit inconnu, et depuis la nuit des temps à la recherche de quelque chose qui n’avait pas encore de nom.
Nele aurait voulu prendre le temps de mieux le connaître, quitte à rester immobile à communiquer pendant le temps nécessaire, au-delà de l’extinction des races qui peuplaient cette galaxie. Bien qu’il fût devenu une arme toute puissante, Nele restait ignorant de tout le reste. Il traversa la coque du vaisseau, sortant dans l’immensité de l’espace, suivis de son interlocuteur.
Il était décidé à en apprendre davantage auprès de son interlocuteur, sur le cosmos et sur ce qu’il était lui-même. Hélas, concentré sur cet instant d’enthousiasme infini, il ne prêta pas attention à l’arrivée soudaine et non combien inoffensive de Neyzel.

Le bang qui apparut au moment de son arrivée, balaya tous les astres autour de lui, soufflant une onde de choc qui dispersa brièvement les amas de planètes et d’étoiles dans la galaxie qu’il venait de rejoindre. Mais le vaisseau devant lequel se trouvait Nele et Zynel était, quant à lui, resta immobile.
Au même instant, tandis que Nele s'apprêtait à demander autre chose à Zynel, que le lien télépathique fut rompu, Nyzel apparut et pour la première fois, des êtres cosmiques étaient en mesure de décrire l'entité à l'origine de l'Équilibre. Une entité faite d’énergie lumineuse entourée d’anneaux rocheux qui gravitaient autour d’elle et dont on pourrait croire qu’il ne fut que la représentation d’un concept sans conscience.

Nele songea à demander à Zynel ce que c’était mais en vain. L'arrivée de Nyzel avait irrémédiablement rompu ce lien. Il ne fut pourtant pas déconcerté longtemps. Zynel réagit à la tierce personne avec étrangeté, se tournant vers le confin de l’espace, vers l’arrière de l’autre. Puis, retrouvant la silhouette lumineuse au centre de son regard fixe, il émis quelques mots qu’il entendit malgré qu’il ne lui furent pas adressé :

- Nous ne pouvons rester. S'adressa-t-il à Nyzel.

C’étaient là ces mots. D’étranges mots, mais aussitôt suivis d’actions. Devant Nele s’ouvrit un passage. Quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu, et dont il ignorait sa conséquence. Il fut invité à le traverser sans que son acolyte n’ait besoin de le lui demander explicitement, puis, traversant la faille, il apparut en un instant de l’autre côté. Un côté qui n’avait aucune similitude avec son point d’origine. Il posa son premier pas, puis le second sur un sol. Une planète. Il y avait au-dessus de lui les nuages qui lui rappelaient la Terre, et l’air qu’il pouvait inspirer par réflex bien qu’il n’en ait guère l’utilité. Il pouvait contempler la courbe de l’horizon, et comprendre que l’espace se trouvait bien loin de lui. Puis, Nele observa qu’il n’y avait plus de Nyzel et que le corps tout entier de Zynel apparaissait petit à petit jusqu'à ce que la voie se ferme :

- Où sommes-nous ? demanda Nele.
- Sur Terre. Répondit Zynel sans hésitation.

Puis il entama une explication, sans en attendre la question. Peut-être l’avait-il déjà décelé dans son esprit, par la connexion télépathique qu’il avait déjà exercée peu avant. Il commença :

« Je suis Zynel. Observateur des mondes. Depuis que l’éternité à trouver son origine, les miens et moi-même cherchons les rares irrégularités qui entravent les Équilibres des univers. Des Univers ? (Il fit une pause, cherchant dans l’esprit de Nele, les questions auxquelles il pouvait répondre). Oui des univers. Sept cent trente-deux univers dont le dernier, régit par la Créatrice Elen, est le plus jeune d’entre tous. Elle venait pour vous, c’est pourquoi je vous ai soustrait à ce futur. Mes projets sont dorénavant les vôtres.

L’entité que vous venez de voir n’est autre que la forme de vie la plus complexe et la plus importante d’un univers. Il régit l’équilibre et le déséquilibre afin que toute chose ait un sens d’être ou de ne plus être. À l’inverse, mon existence comme celle des miens, ceux qui s’appellent les Observateurs, sommes au-delà des lois que les Créateurs imposent à leur univers. Nous dépendons du Maître du Cosmos. Il est à l’origine de tout. Ce n’est pas un Créateur, il n’a pas érigé le premier univers comme on pourrait le croire. Il est toute autre chose. Il ne peut être caractérisé et son existence ne peut être déterminée. Le Maître ne peut être décrit par des mots, ni ne peut prendre une forme quelconque ou obtenir un sens particulier. Le seul terme que vous puissiez comprendre de lui, c’est qu’il est Tout. Pourquoi ? Pourquoi, vous demandez-vous, suis-je ici avec vous ? La raison réside dans mon essence et dans votre devenir. »

Zynel cessa d’expliquer et d’un simple regard, le corps céleste qu’était la Terre où ils se trouvaient, changea en une époque que Nele, au fond de lui, reconnut. C’était à ce moment-là, tout proche du souffle de l'onde de choc que provoquerait l'Astéroïde qui traversait les étoiles à l'accélération exponentielle. À cette époque, quand il était encore humain et que le ciel s’illuminerait dans les cieux avant qu'il ne change à jamais. C’était à ce moment-là, figé, devant sa propre enveloppe faible et mortelle.

« Ce n’est pas un souvenir. C’est vous. Nous ne sommes plus dans l’univers d’Elen, ni dans un quelconque autre univers. Nous sommes ici, dans la Chambre du Cosmos. Non loin du Maître. Et en ce lieu je peux commencer à entreprendre ma destinée. J’ai observé l’individu pour qui j’ai été créé : vous. À présent je dois commencer avec vous, pour vous, et pour le Maître, le véritable but de mon existence. Observez ce moment, où toute votre ancienne vie va basculer… Je peux le voir, le sentir, vous ne vous êtes pas entièrement oublié à votre origine génétique. Même si votre corps continue d’évoluer, votre âme, quant à elle, est la même qu’à cet instant. Alors, commençons. »

Nele fit un pas en arrière. Quelque chose d’étrange semblait arriver. Il ne pouvait s’expliquer le doute qui le parcourait, un instinct primitif, son premier instinct, celui qu’il ressentit, une fraction de seconde avant qu’il ne soit percuté par la dévastation cosmique. Son instinct de survie fit surface et le fit reculer de plus bel.

- Vous n’avez nulle part où aller, Nele. Nous commencerons à ce moment précis. Préparez-vous.
- Que ? Que me voulez-vous vraiment ?

Pris de panique, Nele tomba à la renverse, faisant face à ce grand œil qui semblait prendre de plus en plus d’ampleur, le faisant suffoquer

- Ce que je veux ? Accomplir le but de mon existence. Défaire le Déséquilibre naquit de vos existences. Vous n’avez aucune raison ni aucun sens d’êtres. Je n’ai jamais prétendu que mon rôle était en accord avec vos vies. Bien au contraire, je dois donner un sens à celles-ci. Peut-être est-ce la mort qui définira la vôtre, ou peut-être qu’une fois encore, vous défierez les lois du Cosmos, et prendrez le pas sur votre opposé. Car dans cette Chambre du Cosmos, vous ne serez plus Nele, vous deviendrez Yzen.
- Yzen… ?
- Tentez de garder à l’esprit, que si vous répandez le mal, alors il survivra à votre place, et l’Équilibre reprendra à l’Univers, le Nele qu’il avait accidentellement créé.

À ces mots, Zynel disparu, Nele disparu, et seul cet humain, figé devant l'impact de l'onde de choc de l'Astéroïde Cosmique, s'apprêtait à voir sa vie changer.

Institut de Recherche des Nations Réunies



Partant du postulat que l’univers est régi par une temporalité unique, tenter de remonter le temps, serait obligé le corps à revenir sur son propre vécu. Et partant du principe qu’aller dans le passé ne serait-ce que d’une année serait rajeunir d’autant de temps, alors jamais il ne serait possible de savoir s’il est véritablement possible de changer le cours du temps.
Toutefois, avec l’acquisition des méthodes et structures quantiques, l’humanité fut capable de construire des sas dimensionnels permettant de créer des ponts à courtes distances, couramment appelé Téléportation. Ces structures qui permettaient de se déplacer dans l’espace entre deux emplacements en un temps extrêmement limité, créèrent la base des recherches de Lenzy. Ce génie-né, s’accapara les plus difficiles notions de la physique quantique à ses 15 ans. Et après les cinq années qui suivirent, le concept de voyage dans le temps était écrit et façonné. La machine lui semblait opérationnelle mais pas encore testée.
Déjà à la tête de la plus grande institution de recherche de la planète et de ses colonies à l’âge de 18 ans, elle s’était fixée pour but de corriger les erreurs du passé, le jour où l’Homme, aidé des forces cosmiques, détruisit la Terre.

Puisque le temps était immuable selon elle, le remonter imposait donc de rajeunir et d’oublier ce qui avait été vécu, tandis que se projeter dans le futur obligeait alors à faire vieillir son corps sans s’accaparer de nouvelles connaissances.
Afin de tenter l’expérience, elle imagina un outil à deux embranchements, permettant d’emprisonner quelque chose ou quelqu’un de la tête au pied afin que rien d’autres ne soient transportés dans l’expérience. Le premier objet enveloppa une souris sur laquelle un message était écrit sur sa peau. Si la tentative sembla être une réussite quand la souris disparue intégralement à l’activation, ce fut par contre une déception de la retrouver seulement deux ans plus tard.

Lenzy compris alors que le concept était au bord de se concrétiser mais que certains critères essentiels devaient être pris en compte dans l’expérience suivante :
Que se passe-t-il si le voyage dépasse la durée de vie des corps organiques, ou même de voyager dans le passé au-delà de sa propre naissance ?
Peut-on se soustraire à la durabilité de sa propre existence ?


En partant d’un nouveau postulat que le corps humain a une durée de vie limité, de part son renouvellement de cellules organiques, le principal frein à l’utilisation répétée d’un tel procédé engendrerait irrémédiablement un désintérêt d’une telle prouesse. À quoi bon vieillir plus vite ? Ou de rajeunir sans garder les acquis du présent ?

Après plusieurs années de réflexion et d’expérimentation appréciée pour le transport de données vers le futur. La physique quantique permis à Lenzy de construire un régulateur de cycles galactique. Non plus basé sur la temporalité relative d’une planète, mais l’idée d’un cadrillage de l’univers lui permettant, de manière subjective, d’intégrer une donnée de localisation et de temps à chaque parcelle de l’univers connu, dont la marge d’erreur représentera seulement quelques milliers de kilomètres carrés. Pour résumer, Lenzy était ainsi capable de faire correspondre une position physique à un temps assez précis. Puisque la Terre tourne autour du Soleil et que le système solaire se déplace comme toutes les étoiles de l’univers, alors il lui ait possible de calculer quand sera la prochaine fois qu’un autre objet stellaire se trouvera à cet endroit précis. En fonction des données astronomiques, il pourra aussi bien s’agir d’un astéroïde, que d’une étoile ou même d’une autre planète.

Puisque le cadran permet de prévoir ces dispositions dans l’univers, il ne manque plus qu’à se soustraire au danger du vieillissement ou du rajeunissement du corps organique, puis du moteur quantique permettant de plier à sa guise la temporalité de l’univers.

Pour le cas du moteur, elle acquit suffisamment de gain de puissance avec ses nouvelles trouvailles technologiques, dont elle put rapidement miniaturiser la puissance cosmique. À l’âge de 29 ans, elle était autant scientifique en ingénierie quantique qu’en conception de robotique quantique avec mémoire virtualisée. Si ce dernier trait ne fut jamais présenté officiellement pour cause d’éthique, elle intégra à sa propre personne les fruits de ses recherches et de ses inventions. Afin de se libérer des entraves organiques, elle fut la première humaine et la seule, à se soustraire de sa mortalité organique. Une seule armure, pensée et construite exclusivement pour sa personne dans le seul et unique but d’atteindre la réalisation de son objectif.

Ce n’est que quelques semaines après avoir procédé à la transition vers une interface robotique basé sur énergie solaire et batterie quantique, et dont le corps cérébral ne fut plus qu’un amas de nanotechnologie dupliquée de sa propre imagerie cérébrale profonde, qu’elle tenta pour la toute première fois d’utiliser sa machine à voyager dans le temps sur elle-même.

La découverte de son cadavre par les autorités les jours qui suivirent fut l’une des plus redoutée journée de la part du corps scientifique des Nations Réunies. Retrouvée sans vie chez elle à l’âge de 30 ans, Lenzy fut incinérée le jour même. Les quelques mots retrouvés dans des carnets intacts furent les suivants : « Quitte à voyager dans le temps, partons apprendre du passer pour améliorer le futur ! »

Ce jour-là, tandis qu’un astéroïde s’apprêtait à s’écraser sur la terre et à engendrer la destruction d’une grande partie de l’humanité, un individu qui n’était pas encore né et qui ne naîtrait jamais intervint au côté du seul humain transcendé par l’impact de l’objet spatial. En un clignement de paupière, 150 000 cycles galactiques passèrent et l’individu du nom de Nele, se trouva propulser dans le futur au côté d’une humaine à l’apparence métallique du nom de Lenzy, à plusieurs centaines de milliers d’années terrestre,s sur une autre planète située à l’emplacement de la Terre avant que Nele ne ferma ses yeux.

Lenzy pour un temps



Nele vit l’astéroïde fracassé la terre et répandre la destruction autour de lui comme cela était déjà arrivé une première fois. Mais tandis que ses mutations changèrent son corps à tout jamais, il s’étonna de ce qu’il vit après le clignement de ses paupières.
Ce n’était plus ni la désolation ni la civilisation, mais plutôt une étendue verdoyante dont des arbres multicolores peignaient un tableau à la flore atypique. Ces vives couleurs et ce calme ambiant l’intriguait et l’interrogeait. Se pouvait-il qu’il rêve ?
À quelques pas de là, sur sa gauche, il aperçut un individu et remarqua bien vite qu’il n’avait rien de commun avec ceux qui avaient disparus depuis maintenant quelques secondes. Il se pinça et ressentant la brève douleur qu’il s’infligea, Nele observa la compagnie qui lui tournait le dos jusqu’alors.

L’autre s’étirait dans un sens et dans l’autre en faisant fi de sa présence. Tandis qu’il tendit le bras en sa direction, ses doigts ressentirent une surface métallique froide. La pression de sa paume sur l’épaule de l’inconnu le fit se retourner.

- Ah ! tu as repris tes esprits ? Je suis Lenzy, enchantée ! Tu n’imagines pas ma joie d’avoir réussi !

S’exclama l’inconnue efféminée. Son corps à peine habillé laissait paraître une apparence exclusivement métallique, comme robotique même. Malgré tout, certaines traces de maquillage ou de déguisement abîmés jonchaient quelques parcelles de son armature et sa voix semblait naturellement celle d’une femme.

- Je n’ai plus l’habitude d’être à ce point dévisagé. Je m’excuse pour mon apparence, je vais immédiatement remédier à cela. Laisse-moi un petit instant pour réactiver la peau synthétique et le maillage visuel. Encore un instant… Et… voilà.

En quelques secondes, l’armure se recouvrit entièrement d’une couche de peau. Elle semblait bien réelle malgré qu’elle apparût petit à petit sur son corps comme une pâte recouvrait une plaie. Nele resta intrigué, stupéfait et sacrément sonné.

- Où suis-je ? Qui êtes-vous ?
- Tu peux me tutoyer. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble même si cela t’a paru bref. Je m’appelle Lenzy et je viens du futur. Enfin d’un lointain passé maintenant.
- Je ne comprends pas…
- Lorsque l’astéroïde à frapper la Terre et t’as transformé, j’étais présente. Je suis moi-même terrienne. La seule différence vient du fait que je venais du futur. Un futur où ta disparition changea la face du monde autant sur le plan physique de notre planète que sur la mentalité des États. Alors cette fois-ci, ce sera différent. Même si tu ne te souviens pas de ton futur, le fait de t’avoir soustrait à l’équation où « tu détruits tout », permettra à la Terre d’avancer vers un avenir différent. Un futur sans toi ni moi.
- Mon futur. J’étais avec cet observateur au grand œil, me parlant d’un maître, puis, je suis revenu dans le passé, et me voilà… dans le futur ?
- Impossible...
- Je ne comprends pas bien ce que vous racontez, mais je peux affirmer me souvenir de la destruction et de la disparition de l’humanité dont je suis responsable jusqu’à cette rencontre avec l’Observateur.

Lenzy restait immobile et silencieuse. L’hypothèse qu’elle avait émise sur l’unicité de la temporalité serait-elle fausse ? Avait-elle réussi à voyager dans le temps malgré tout ? Cela avait-il créé différentes versions du temps ? Si Nele pouvait se souvenir de ce qu’il s’était passé des milliers d’années durant, alors la version d’elle-même ne serait qu’une version d’innombrable temporalité. Aurait-elle créée une boucle temporelle de part son voyage dans le temps ?

- Te souviens-tu de moi ? Questionne-t-elle tremblante d’excitation et d’angoisse.
- C’est la première fois que je vous vois.

Elle replongea dans ses songes et se convaincu aussitôt qu’elle était le fruit d’une version temporelle différente. Puisque Nele avait vécu jusqu’à la destruction de l’humanité, alors si elle avait appartenue à cette ligne temporelle, ils auraient déjà fait ce saut dans le temps, et il n’aurait pu vivre ce dont il dit se souvenir.

Avec un grand sourire, elle se mit les mains sur le visage s’exclama :

- Je me suis trompée ! Totalement trompée ! Mes calculs étaient tous faux et mes idées étaient toutes basées sur une hypothèse erronée !