La Baleine d'Ara


Il y a bien longtemps, lorsque l'humanité n'était qu'une infime partie des animaux peuplant la Terre, la Communauté des Baleines gouvernait tout l'espace marin. Quiconque se soulevait cotnre cette autorité voyait devant soi se dresser un colosse, une créature gigantesque prête à mettre fin à la menace.
Mais un jour, l'évolution frappa la plus innocente et la plus sage des baleines de tout les océans. Son corps se transformait, ses nageoirs devinrent de grand membres articulés, et sa taille devint proportionnelle au reste du corps. La baleine comprit que ce changement soudain allait boulverser sa vie.
Ce fut la première à développer une intelligence, une remarquable critique de son espèce. C'est alors que, dans l'histoire de la Baleine, l'être se projeta au dessus de la surface et admira depuis le ciel, son fantastique reflet. A ce moment même, au dessus de son lieu de naissance appelé communément par ses habitants Ara,  que cette dernière croisa le regard ahurit de l'homme. Il cessait de chasser à mains nues des terriers pour trouver de la nourrriture et se soulevait stupéfait, puis émerveillé par cet être magnifique qui semblait planer.
Mais retombant irrémédiablement dans les profondeurs de l'océan, la baleine essouflée par l'effort maladroit, montrait des signes de tristesse. Elle souhaitait alors découvrir le monde extérieur, un monde où des êtres différents, minuscules et inconnus vivaient.
Sa transformation rendait difficile ses déplacement, cependant prise par sa curiosité qui ne cessait de croître, elle décida de s'approcher furtivement de la côte, sans se faire remarquer par la Communauté.
Plus que quelques mètres et ce serait la fin. La gueule sortie de l'eau, les membres avant puis arrière sur le sol sablé, la bête se trouva sur la terre ferme, dans le pays d'étrangetés, à nouveau face à l'homme qui semblait l'attendre. Ses vibrations qu'elle utilisait sous l'eau pour communiquer s'était transformé au contact de l'air en une voix aigue. L'homme surpris par l'apparence de la créature semblait également intéressé par le son émis. Cette même voix qu'il reconnut chez ses semblables lorsqu'ils venaient au monde. Puis les deux animaux se fixèrent en silence. Une innocence les liait déjà d'amitié. Ni l'un ni l'autre ne fuyait, bien au contraire, l'homme s'avança, presque debout et droit et posa doucement ses mains sur l'étrange fourure de son nouvel ami. La baleine d'Ara savait alors que si le peuple de l'extérieur communiquait avec elle, alors sa place ne serait jamais plus dans les tréfonds de l'océan.
Livré à elle même, seule représentante de son évolution, elle commençait à s'adapter, et peu à peu, vivant avec cet homme, la nature fit de son enfant, non plus la monstrueuse apparence de son origine, mais l'humaine qu'étaient déjà devenues son âme et son esprit.