Etrange nuit La nuit tombée, les lumières jaillirent des géants des rues, les caniveaux ruissèlent, les trottoirs assoiffés engloutissent les litres de pluie, les passagers des ténèbres sortent des ombres camouflées, la rue n’appartient plus au monde, elle disparaît derrière les vitrines des boutiques closes. Devant l’une d’elle, à l’intérieur de l’immeuble, au premier étage, face à la porte fermée, couchés sur un matelas épais, collés l’un à l’autre, plongés dans leur sommeil, ils rêvent … Elle, rêve des fortes mains qui parcourent son corps, de ces bras féroces qui la garde contre lui, de ses épaules carrées qui retiennent sa tête, de ce visage disparut du regard, de ces baisers qui parcourent sa nuque, de ces lèvres qui enveloppent ses seins, de cette langue qui parfume ses cuisses chaudes. Lui, rêve de ces courbes sinueuses, de cette chevelure radieuse, de ces mains perdues sur son corps mystérieux, de ce visage audacieux, de ce nez qui l’effleure, de ces lèvres qui l’enveloppent, de cette langue qui l’émeut. Ils s’éveillent doucement, se contemplent, leur buste se rapprochent, leur chaleur se mêlent, sans artifices ils s’unissent. Le mouvement se construit, se tisse, pour se défaire et disparaître. Tel un lacet, une boucle se répète, plus loin comme profond, plus serré comme plus chaud, plus humide que cette étrange nuit. Un corps s’étend, l’autre s’allonge, des lèvres embrassent ses semblables, deux visages entrelacés s’épanouissent bientôt.